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Chirac "main dans la main" avec la gauche modérée en Amérique latine

Publie le samedi 27 mai 2006 par Open-Publishing

Jacques Chirac a achevé samedi à Santiago une tournée de quatre jours au Brésil et au Chili, apportant son soutien à deux pays dirigés par la gauche modérée dans une région encore instable et poussant les entreprises françaises à conquérir ces nouveaux marchés.

Le président français devait regagner dimanche après-midi Paris où, après le scandale Clearstram, l’attendait une nouvelle affaire, celle de l’amnistie qu’il a accordée à l’ancien champion olympique Guy Drut, condamné à 15 mois de prison avec sursis dans une affaire de financement illicite de partis politiques.

Un sujet apparemment assez sérieux pour que M. Chirac fasse vendredi une entorse à la règle de ne pas parler de dossiers français à l’étranger. Devant la presse, il a affirmé que l’amnistie était "absolument nécessaire pour défendre les intérêts de la France" au Comité international olympique (CIO).

Ce retour difficile en France devait contraster avec la chaleur de l’accueil que lui ont réservé à Brasilia Luiz Inacio Lula da Silva et à Santiago Michelle Bachelet, deux figures emblématiques d’une gauche modérée et pragmatique qui tentent de concilier efficacité économique et justice sociale.

"Vous êtes ici chez vous", lui a lancé Mme Bachelet lors d’une conférence de presse conjointe au palais de la Moneda.

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A chaque étape, dans chaque discours, il a affiché sa proximité et ses "convergences" avec l’ancien syndicaliste brésilien ou la socialiste chilienne, dans des messages moins destinés aux régimes populistes d’Amérique latine qu’au grand voisin nord-américain, rarement cité mais toujours visé.

Rappel du combat commun avec le Chili contre la guerre américaine en Irak, défense du multilatéralisme et de la diversité culturelle, taxe sur les billets d’avion, lutte pour "un monde plus équitable et solidaire" : autant de pierres jetées dans le jardin de Washington depuis ce continent sud autrefois arrière-cour des Etats-Unis.

Même dans les négociations commerciales de l’OMC, qui opposent l’Europe aux pays émergents, Jacques Chirac a proposé à Lula de se "liguer" pour amener les Etats-Unis à faire des concessions.

Il s’est gardé de porter la moindre critique contre la "bête noire" de Washington, le président vénézuélien Hugo Chavez, qui inquiète pourtant ses voisins latino-américains. Il n’a pas non plus condamné la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie, saluant au contraire Evo Morales, premier président indien de Bolivie, pour avoir rendu sa "dignité à son peuple humilié".

Profitant de sa bonne image personnelle dans les pays émergents, M. Chirac s’est mué en VRP de l’entreprise France pour aider les grands groupes comme les petites entreprises innovantes à gagner des parts dans ces marchés en pleine expension.

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"L’Amérique Latine est un continent en pleine émergence et il faut désormais que les entreprises ne perdent plus de temps", a déclaré à Brasilia le président Chirac aux patrons français qui l’ont accompagné dans son périple.

Un message volontariste aussi adressé à la France, "dans une période où on chagrine, où on rechigne", selon le mot du président.

Samedi, après avoir rencontré les industriels chiliens, M. Chirac a ainsi voyagé avec Michelle Bachelet dans le métro de Santiago, une réalisation en grande partie française, pour valoriser les succès de la technologie hexagonale.

De nombreux accords de coopération politiques, culturels, scientifiques ont été conclus dans les deux pays - avec notamment une Année de la France au Brésil en 2009 - mais pas de grands contrats, sinon des coups de pouce à l’achèvement d’une troisième centrale nucléaire au Brésil et un satellite à usage civil et militaire au Chili.

La France et le Chili peuvent avancer "la main dans la main", a conclu M. Chirac devant les entrepreneurs francais et chiliens.