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Christophe Alévêque, Sarkozy et les Français

Publie le samedi 6 novembre 2010 par Open-Publishing
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J’ai regardé récemment sur France 4 le dernier spectacle de Christophe Alévêque.

Guillon et Porte, à côté, c’est de l’humour de patronage. Alévêque est férocement de gauche, il va à la racine des choses et il a l’avantage (sur Porte) d’être comédien. Par parenthèse, la censure et l’autocensure étant ce qu’elles sont dans les médias publics, félicitons France 4 d’avoir programmé ce brûlot.

Vers le milieu de son spectacle, Alévêque opère ce que l’on appelle en littérature un débrayage : il cesse quelques secondes d’être le personnage qu’il met en scène pour s’exprimer en tant qu’Alévêque, l’individu, le citoyen. Il nous dit, en substance, ceci : « Excusez-moi, j’ai conscience d’aller trop loin, mais, que voulez-vous, je réagis au niveau de ceux d’en face qui vont eux-mêmes trop loin. Regardez, ils nous vomissent leur vie privée ».

Il est patent que Sarkozy provoque chez les Français (en particulier chez ceux qui lui sont hostiles, c’est-à-dire, aujourd’hui, 74% d’entre eux) des sentiments et des mots qui n’avaient jamais eu cours sous la Cinquième République. Même De Gaulle, qui a suscité des haines à l’extrême droite et de violentes critiques dans la gauche de gauche, n’a jamais fait l’objet d’un tel mépris. Les personnes de Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac furent, globalement, épargnées.

Les Pinçon-Charlot l’ont bien expliqué dans leur ouvrage sur Le président des riches (http://blogbernardgensane.blogs.nou...) : le caïd des Hauts-de-Seine n’est que le mercenaire des grands bourgeois locaux, beaucoup trop vulgaire pour être pleinement des leurs. Alors le Fouquet’s d’un casinotier, les lunettes de soleil de beauf’, les montres à 10000 euros, les casse-toi pauv’con, les nettoyages au Kärcher, les SMS envoyés devant des chefs d’État ont libéré dans le peuple une parole de très bas étage : « connard, salaud, nabot, Carlita Putana », etc.

Rien (à part, peut-être, sa nature profonde) n’obligeait celui qui a succédé à Mitterrand et à Chirac, d’authentiques hommes d’État une fois que la messe les concernant est dite, à se couler dans les pas d’un Berlusconi ou d’un général d’opérette latino-américain.

Ce faisant, il a rabaissé la fonction présidentielle, et ils nous a rabaissés, nous.

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