Chroniques citoyennes (8) : électroniquement vote

Il y a des sacralisations dont nous nous passerions bien. A force de mettre la technologie sur le devant de nos envies, il fallait bien qu’un jour, nos gouvernants nous offrent sur un plateau une démocratie version puces électroniques, en nous vantant les vertus de ce nouvel objet sacré : la machine à voter*.

En l’occurrence, je souhaite évoquer avec vous cette idée plus sotte que grenue qui consiste à faire voter nos concitoyens grâce à un écran d’ordinateur, le logiciel faisant le reste, c’est à dire les décomptes, les pourcentages, les proclamations et… bientôt le même prendra les décisions pour nous ! Je ne suis pas, loin s’en faut, opposé aux nouvelles technologies quand elles facilitent le travail, la vie des hommes et des femmes, quand elles sont synonymes d’une émancipation, d’un accès à la culture… Mais là, Chapeau bas, Mesdames et Messieurs, sous prétexte d’une désaffection des scrutateurs et autres assesseurs dans nos bureaux de vote, certains se sont empressés de proposer de remplacer le vote papier par un vote électronique. Mais attention, comme l’affaire est confiée à une entreprise privée, c’est l’entreprise privée qui reste aux commandes de bout en bout des opérations de vote, du moment où vous appuyez sur le bouton de votre choix jusqu’au dépouillement et l’annonce des résultats*. Le reste est moins évident et je vois déjà vos sourcils se froncer… En effet, comme il s’agit d’un marché, il y a donc de l’argent à faire, et donc des secrets de fabrication à préserver, et donc personne ne peut savoir comment fonctionne cette machine à voter des fois qu’un concurrent…

Bref, résumons-nous : une machine à voter, un citoyen qui vote mais qui ne peut exercer de contrôle sur la machine car cette dernière est classée « secret de fabrication », une machine qui décompte suivant un logiciel dont seuls quelques initiés ont les clés, une proclamation des résultats qui ne souffre alors d’aucune contradiction car… c’est mathématique, la machine ne se trompe jamais, ne peut être piratée, ne peut pas tomber en panne sinon cela se saurait.

Quand je dis parfois, que l’on nous prend pour des im….. , personne ne veut me croire.
Et si, au lieu de leurs machines, nous revenions dans les bureaux de vote pour assister, dépouiller, contrôler toutes les opérations de vote, pour agir en tant que citoyens ! Et si nous reprenions la place qui nous revient avant qu’un jour, dans une opacité voulue, on tente de confisquer notre opinion, notre démocratie !

Voilà un sursaut salutaire que nous pourrions appeler de tous nos vœux, en faisant en sorte que chacun aille voter, en faisant en sorte que chacun prenne une part active aux votes. Le droit de vote a été acquis par nos ancêtres avec bien des difficultés, en garder son caractère populaire et vivant est de notre responsabilité.
Leurs machines ne sont pas indispensables… Seul le vote l’est !

* http://www.interieur.gouv.fr/sectio... et http://www.recul-democratique.org

Le 2 avril 2007
Démocrite