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Cinq décennies d’agressions contre Cuba

Publie le lundi 12 janvier 2009 par Open-Publishing

DE LA ROSA BLANCA À LA USAID

de Jean-Guy Allard

DE la même façon dont la CIA a chargé le père du congressiste Lincoln Diaz-Balart, en janvier 1959, de créer le premier groupe terroriste pour tenter de renverser la révolution cubaine, les services d’espionnage yankee entretiennent cette même obsession, 50 ans plus tard, en menant, à coups de millions, des opérations sous le manteau de leur agence d’aide humanitaire, la USAID.

Homme de confiance des renseignements nord-américains au plus haut niveau du régime sanguinaire de Fulgencio Batista, Rafael Diaz-Balart a créé son organisation sur les conseils d’un "team" d’assassins célèbres de la dictature.

Cette première d’une interminable succession d’initiatives de la CIA pour en finir avec la souveraineté de Cuba s’est caractérisée par une série de complots macabres comme ce drame survenu à New York, le 20 septembre 1960, où meurt une fillette de 9 ans, Magdalena Urdaneta.
Incroyablement, tout juste quelques mois après la prise du pouvoir par les révolutionnaires, quand Washington n’avait pas encore le prétexte du communisme pour diffamer Cuba, en août 1959, était déclenchée depuis le QG de la CIA la première campagne terroriste de déstabilisation du processus révolutionnaire.

Très rapidement, des avions provenant des Etats-Unis menaient contre l’Île des missions d’infiltration d’agents, de transport d’armes et d’explosifs, pour la réalisation d’actes de sabotage et d’autres actions terroristes.

Le 21 octobre 1959, - la Révolution cubaine avait à peine 10 mois - un bimoteur mitraille La Havane faisant plusieurs morts et de nombreux blessés. Le 22, un train de passagers est mitraillé depuis un autre avion pirate dans la province de Las Villas.

On pourrait écrire une encyclopédie sur les agressions provoquées durant 50 ans par la diabolique machine yankee.

Depuis l’élaboration du « Programme d’action clandestine contre le régime de Castro » approuvé le 17 mars 1960 par le président Dwight D. Eisenhower, jusqu’à la réunion organisée par la USAID le 14 mai dernier en vue de distribuer les 45 millions assignés par Bush à la subversion à Cuba, ce sont des milliers d’actions en tous genres qui ont été préparées par le dispositif anticubain de la CIA et autres agences qui se consacrent à cette guerre ignoble.

Actions terroristes, sabotages, création de bandes armés, entraînement de groupes mercenaires, agressions biologiques et incitation à la désertion et à l’émigration illégale, sans compter les plus de 100 complots pour liquider physiquement des leaders ou des représentants du processus révolutionnaire cubain, il n’y a pas eu de limite à la guerre sauvage qui s’est déchaînée dès les premières minutes qui ont suivi la victoire de la Révolution.

L’élimination de Fidel Castro est spécifiquement recommandée dès le 11 décembre de 1959 par le colonel J.C. King, alors chef des affaires de l’hémisphère à la CIA, dans un mémorandum secret adressé au directeur de l’Agence, Allen Dulles. Des centaines de tentatives d’assassinat contre le leader cubain ont été répertoriées tout au long de ces 50 ans : tous les moyens ont été employés, dont certains sont si hallucinants qu’ils semblent sortir tout droit du cerveau malade de psychopathes de la Compagnie.

Joyau de cette hystérie impériale, le Projet Cuba, présenté le 18 janvier 1962 par le général de Brigade Edward Lansdale au Groupe spécial élargi de la Sécurité nationale des États-Unis, énumère par écrit 32 tâches de la guerre sale que l’on confie à la CIA et aux autres agences qui vont conspirer au sein de l’Opération Mangouste (Mongoose).
Entre l’invasion mercenaire de Playa Girón, mise en déroute en 72 heures par la jeune Révolution cubaine, jusqu’à la campagne d’attentats de La Havane menée depuis l’Amérique centrale par Luis Posada Carriles sur ordre de la Fondation nationale cubano-américaine, une façade de la CIA, ont lieu des centaines d’assassinats, enlèvements, disparitions et opérations génocides qui ne font qu’illustrer l’intensité de l’obsession annexionniste du pouvoir impérial.

En octobre 1961, l’inspecteur général de la CIA, Lyman Kirkpatrick, dans un rapport où il évalue les raisons de l’échec de Playa Giron, confirme : « de janvier 1960, alors qu’elle ne comptait que 40 personnes » la station anti-Cuba de Miami « s’est étendue à 588 au 16 avril 1961".
Peu après, la station appelée JM/WAVE est devenue la plus importante base des services clandestins d’ingérence avec des milliers d’hommes, en grande majorité d’origine cubaine ayant un long passé criminel en lien avec la dictature renversée.

Recrutés parallèlement à Playa Girón comme agents de l’Escadron de la mort qui a pris le nom d’Opération 40, les Luis Posada Carriles, Orlando Bosch, Frank Castro, Félix Rodríguez Mendigutía, Guillermo Novo, Gaspar Jiménez et autres crapules ont ensuite constitué une troupe d’élite de la CIA déterminée à éliminer les militants de gauche du continent.
Tandis que Posada passait son temps à torturer et faire disparaître de jeunes rebelles au Venezuela, comme chef des opérations de la police secrète désigné par l’Agence, Félix Rodríguez et d’autres mercenaires géraient l’opération de contre-insurrection au cours de laquelle a été capturé et froidement assassiné celui qui demeure toujours le symbole d’une Amérique latine souveraine et de ses espoirs, Ernesto Che Guevara.

Parmi les manifestations les plus cyniques survenues au cours de ces années d’utilisation de mercenaires cubano-américains dans ces plans de domination non seulement de Cuba mais aussi du continent, apparaît en 1976 la Coordination des organisations révolutionnaires unies, la CORU, qui rassemble sur ordre de la CIA des groupes terroristes dits "autonomes" et qui se chargera d’un vaste plan de sabotage et d’opérations terroristes.

La CORU effectuera des dizaines d’attentats depuis le Canada jusqu’en Argentine - en soutien au dictateur fasciste Pinochet et au Plan Condor - sous la direction de la même bande de vieux collaborateurs de la CIA. Parmi leurs exploits on trouve le sabotage en plein vol d’un avion civil cubain qui provoque la mort de 73 innocents.
Depuis l’entrée illégale du terroriste en territoire des USA en 2004, l’affaire Luis Posada Carriles n’a pas cessée d’être retardée à coups de procédures, une méthode caractéristique du renseignement nord-américain.

De la même manière sans scrupules dont elle couvre ses tueurs, l’Agence a développé de façon permanente, dans le monde entier, des opérations de désinformation, destinées à salir Cuba par la diffusion de fausses informations et de calomnies grossières. Elle a pénétré dans ce but d’importants organes d’information. Elle a établi des mécanismes souterrains de sabotage des opérations commerciales et bancaires de l’Île, de détournement et de vol de fonds cubains, d’intimidation et de menaces contre ses interlocuteurs, de corruption de fonctionnaires liés aux échanges avec Cuba.

Elle a manipulé avec un cynisme éhonté les mécanismes policiers et judiciaires de la Floride pour obtenir la condamnation des cinq cubains infiltrés dans les groupes terroristes qu’elle a elle-même créés et dont la gestion a été confiée à ses collaborateurs, tels que Alpha 66, la Brigade 2506 ou Hermanos al Rescate.

La CIA gère la fameuse Annexe secrète du Plan Bush d’annexion de Cuba, tandis qu’elle administre l’utilisation des 45 millions de la USAID consacrés à attaquer la Révolution, grâce aux agents du niveau de Frank Calzón et Frank Trujillo qui se sont enrichis avec l’argent de la contre-révolution. De la même manière dont des vétérans de l’Opération 40 sont devenus des caïds du narcotrafic, avec le soutien fraternel de ce même appareil.

Par le biais de la USAID et du personnel d’espionnage de la représentation diplomatique étasunienne à La Havane, la CIA a construit son réseau mercenaire d’informateurs rémunérés et d’opposants salariés - selon les techniques mises au point en Europe de l’est - qui composent une faune folklorique de personnages mis à la disposition des correspondants complaisants d’agences de presse étrangères.

Depuis Marta Beatriz Roque —« que les yankees envahissent Cuba, je m’en fiche »— jusqu’aux Dames en blanc associées à Michael Parmly et son Camajan, on cherche à déformer dans la presse étrangère l’image de l’Île.

Une Île qui a résisté durant 50 ans aux attaques mises au point par les grosses têtes de Langley et qui est parvenue à démentir tous les pronostics catastrophiques qui annonçaient, et cela dès 1959, que la chute de la Révolution « n’était qu’une question de mois ».