Accueil > Colonisation de la Guyane:la France signera l’acte final fin février 2007.
Colonisation de la Guyane:la France signera l’acte final fin février 2007.
Publie le mardi 9 janvier 2007 par Open-PublishingPlus beaucoup de temps pour enrayer la machine étatique : fin janvier, le projet de création du parc national de la Guyane sera soumis au Conseil d’Etat, et le décret de création de ce parc sera signé par le Premier ministre fin février.
Le 28 décembre, on apprenait que l’Etat refusait de tenir compte des doléances exprimées par les peuples colonisés de Guyane (lettre au président Chirac signée Kepetomac Tamo sur www.solidarite-guyane.org) et continuait à envisager toujours le même projet de parc. (projet officiel sur www.parc-guyane.gf) . Ce sera donc partout le feu vert à l’invasion touristique, le retour des "zoos humains" comme lors des expositions coloniales à Paris : Ah, les seins nus des amérindiennes, quel lucratif créneau porteur pour les hommes d’affaires du tourisme ! Ce sera aussi la permission accordée aux chercheurs d’or de s’installer chez les Indiens Wayana, puisque ceux-ci n’ ont pas obtenu d’être situés dans la zone du parc interdite à l’orpaillage. De toute façon, même dans la zone classée "coeur", censée être la plus protégée, les chantiers miniers clandestins sont déjà là, comme par exemple à Oscar, entre Camopi et trois-Sauts, chez les Indiens Wayampi.
Et l’ administration du parc a déjà prévenu que la répression de l’orpaillage ne serait pas dans ses attributions, renvoyant la balle au Ministère de l’ Intérieur, lequel n’a jamais voulu vraiment être efficace pour éradiquer l’orpaillage. Car priment avant tout les désirs du Ministère de l’ Industrie, dont les représentants locaux, ceux de la DRIRE, ne cessent d’accorder des permis miniers aux entrepreneurs. Derrière chaque chantier officiel, il y a la complicité de dizaines de chantiers clandestins qui en assurent la rentabilité grâce à la main d’oeuvre surexploitée, voire mise à mort si les demandes de salaire se font trop pressantes, comme on le voit dans le documentaire de Philippe Lafaix aux 4 prix internationaux :"La Loi de la Jungle". Rentabilité aussi grâce au j’menfoutisme environnemental : personne obéit à la loi en vigueur depuis un an qui interdit l’usage du mercure. L’ association Solidarité-Guyane vient de publier les derniers résultats du degré de contamination des Indiens par le mercure et conclue par ce mot terrible : GENOCIDE.
L’ "ami des Peuples Premiers" Jacques Chirac termine sa carrière sous le signe de l’acte final de l’extermination culturelle (ethnocide, selon le mot de G. Condominas et R. Jaulin)et même physique (génocide) - du fait des atroces conséquences de la maladie de Minamata - des peuples aborigènes de cette partie de l’Amazonie encore sous le joug colonial français !. On pouvait s’en douter après la destruction du Musée de l’ Homme opérée par Jacques Chirac au profit d’une folklorisation des civilisations non-occidentales dans son "Musée du Quai Branly".
Un véritable "ami des Peuples Premiers" aurait terminé son mandat en faisant en sorte que la France signe le seul texte de l’ONU qui reconnait des droits, notamment fonciers, aux "peuples indigènes et tribaux" : la Convention 169 de l’OIT, que l’ Espagne vient d’ ailleurs de signer. Signer cette Convention est depuis le début la revendication prioritaire de la Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane (FOAG). Un véritable "ami des Peuples Premiers" aurait imité le Canada en créant une sorte de NUNAVUT tropical dans le sud de la Guyane, au profit des nations Wayampi, Teko et Wayana. Pour le moment, toute la forêt est classée "domaine privé de l’Etat", au nom du vieux principe juridique colonial de "Terra nullius", "terre vacante et sans maître".
Au lieu de cela, par la magie de la réforme concoctée par la droite et son rapporteur, le député Jean-Pierre Giran, la loi d’avril 2006 sur les parcs nationaux comporte des articles spécifiques aux D.OM. et même parfois seulement pour la Guyane pour que surtout la protection de la nature ne soit pas une gêne pour le fameux "développement". En Guyane, cette loi permet de faciliter l’exécution de travaux même au coeur du parc, notamment ceux envisagés par le Schéma d’ Aménagement Régional : un délire de routes pour aller partout.
Le lobby colonial, qui règne au Conseil Général et au Conseil Régional est enchanté par ce projet de parc car il y voit un outil d’achèvement de la conquête coloniale, comme l’explique leur idéologue Serge Mam Lam Fouck dans son Histoire générale de la Guyane française (édition Ibis Rouge). Il est enchanté de voir que grâce à ce parc, on va pouvoir "dilater l’espace colonial au détriment de l’espace tribal" . De fait, ce "parc " est un P.A.R.C. , un Programme d’ Accélération et de Renforcement de la Colonisation . Les dindons de la farce en seront les Amérindiens. Il est déjà prévu de leur imposer la monétarisation de leur économie jusque là autarcique. On leur demande de faire plaisir aux touristes en commercialisant leur artisanat. On leur demande de devenir des paysans intégrés à la modernité, en cessant leur jardinage itinérant sur brûlis, pour produire plus et nourrir les visiteurs du parc. "Civiliser les sauvages" ! Vieux poncifs coloniaux qui redeviennent d’actualité !
Pour le moment, seuls les allemands ont réagi : une manifestation devant l’ambassade de France à Berlin le 2 janvier !
En France, rien, si ce n’est un communiqué de Cap 21. La gauche semble tétanisée. L’extrême gauche nous demande de regarder ailleurs, de F.A.L. (France Amérique Latine) à la C.N.T., on fait diversion en invitant les militants à regarder du côté du Mexique : Chiapas, Oaxaca.
Est-ce pour laisser la France mener tranquillement la phase finale de son "oeuvre coloniale " ?
Car la Solution Finale est en route pour en finir avec les Indiens de Guyane ! Dans quelques semaines il sera trop tard...
"Aux armes citoyens" Branle-bas de combat ! Sus à l’envahisseur, courons vite leur barrer la route.
Lors de la dernière grave menace de ce type en Guyane, grâce à de nombreux intellectuels, un tollé avait été déclenché dans la presse en 1970. Du Figaro au Canard Enchaîné, en passant par Le Monde qui avait consacré une page entière au scandale de l’ exploitation touristique des Indiens Wayana. Effet immédiat : 10 jours après cet article du Monde, l’Etat crée le "pays indien" : tout le tiers sud de la Guyane est interdit au tourisme, de façon à "respecter les coutumes, la vie sociale et familiale ainsi que le particularisme des populations indiennes". Ce texte toujours en vigueur va "sauter" si au prétexte de "protection de la nature" (fallacieux : il n’y a pas d’espèces animales en danger dans le sud de la Guyane) on crée un parc national.
Aujourd’hui, seule l’ethnodiversité est en danger, pas la biodiversité. Il est donc bien plus urgent de créer un territoire autonome, en restituant les terres aux peuples autochtones colonisés, comme le Canada l’a fait en 1999 en créant le Nunavut au profit des Inuits, que de créer un parc national.
D’ailleurs n’est-ce pas Jacques Chirac lui-même qui clamait sa fierté d’être le premier président du monde à faire honneur au Nunavut en le visitant peu après sa création !
Thierry Sallantin.