Accueil > Commençons par Total !

Commençons par Total !

Publie le samedi 14 mars 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

Interdire à Total de licencier

L’annonce par la multinationale de 555 suppressions de postes alors que ses profits sont historiques provoque un tollé politique et relance le débat sur la « moralisation » du capitalisme.

Total n’est jamais à court de provocations. Il y a dix ans tout juste, le groupe pétrolier était directement impliqué dans le « naufrage de l’Erika » mais la multinationale refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans l’immense marée noire que l’accident avait déclenchée. En septembre 2001, un stock d’environ 300 à 400 tonnes de nitrates explosait dans l’usine AZF, filiale de Total, à Toulouse. Là encore, le groupe pétrolier réfute toute responsabilité dans l’affaire. Hier, le secrétaire général de Total, Jean-Jacques Guilbaud, a encore déployé l’argument, estimant son groupe « exemplaire » et « socialement responsable », après l’annonce, lundi, d’un plan de suppression de 555 emplois alors que la firme vient de battre tous les records de profits en annonçant, il y a un mois, près de 14 milliards d’euros de bénéfices (+ 14 %).

Logique du capitalisme

L’annonce a pourtant fait l’effet d’une bombe. « Injustifiable », a tancé Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. « Hallucinant », s’est étranglée la CFTC. « Indécent », se sont emportés les parlementaires communistes, tandis que les députés socialistes ont dénoncé le « cynisme » de Total. « Ces faits illustrent parfaitement la logique du capitalisme actionnarial, qui traite les salariés comme des marchandises jetables », commente le syndicat Solidaires. En ces temps où le président de la République se targue de travailler à la « moralisation du capitalisme », la polémique ne cesse d’enfler. À gauche, l’indignation est générale. « Voilà l’exemple ! a lancé, hier matin, Marie-George Buffet, on donne de l’argent aux multinationales et aux banques, et après elles licencient. » Pour la secrétaire national du Pari communiste, la « seule mesure à prendre » consiste à « interdire les licenciements lorsqu’il y a versement des dividendes aux actionnaires ». De ce point de vue, ceux de - Total augmentent de 10 % en 2009. Alors, interroge Cécile Duflot, secrétaire national des Verts, « Nicolas Sarkozy annonce partout qu’il souhaite moraliser le capitalisme, quand va-t-il - passer aux actes ? ». De fait, la polémique affecte autant le géant du pétrole que le gouvernement, qui répète à l’envi qu’il ne laissera pas les entreprises profiter de la crise pour accélérer des restructurations. C’est pourtant exactement ce que fait aujourd’hui Total, et avant lui Renault, Peugeot, Sanofi-Aventis ou encore Caterpillar.

Mesures législatives

Pour inciter ou contraindre les grands groupes à préserver l’emploi, Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe Total, considère qu’il y « a urgence à donner des droits aux salariés pour empêcher tout projet de licenciement visant à accroître la rentabilité financière au détriment des intérêts collectifs ». À plusieurs reprises, la CGT a proposé au gouvernement d’aller vers l’instauration d’un « droit de veto » qui permettrait aux salariés de bloquer des projets de licenciements en cas de bénéfices, proposition soutenue, dans un communiqué, hier, par le Parti de gauche. Les sénateurs communistes ont quant à eux demandé au chef de l’État d’agir avec des « mesures législatives » et ils ont annoncé le dépôt d’une proposition de loi « tendant à interdire les licenciements à une entreprise qui redistribue des dividendes à ses actionnaires ». Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a réclamé que « Total rembourse l’aide publique qu’elle a touchée », tandis que Ségolène Royal veut inciter l’État à « prélever les bénéfices de Total et à les réinjecter massivement dans les énergies alternatives ». Le NPA a carrément proposé « d’exproprier les patrons pour constituer un service public de l’énergie ».

Face au tollé, la réaction gouvernementale fait pale figure. Premier à réagir, Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi, a regretté que Total ne soit pas capable, « dans cette période, d’avoir un comportement exemplaire » et a « conseillé » à la multinationale de le « corriger ». Un « conseil » qui ne mange pas de pain mais que le porte-parole du gouvernement n’a pas conforté. Luc Chatel a préféré venir au secours de l’entreprise en expliquant que « la réalité n’est pas aussi simple que ce raccourci » (mettre 550 suppressions de postes face à 14 milliards de profits). Pour lui, l’annonce de Total est juste « maladroite » et doit être mise en relation avec les « 3 000 créations d’emplois » prévues par le groupe en 2009. Face à la passivité gouvernementale, la CGT de Total s’est empressée, hier, de « conseiller » à l’ensemble des salariés de « faire grève » le 19 mars, lors de la journée intersyndicale de grève et de manifestation.

Paule Masson
Article paru dans l’Humanité du 12 mars 2009

Lien : http://www.humanite.fr/2009-03-12_P...

Messages

  • Changeons vraiment de politique, Total doit être nationalisé et non attendre qu’il ait des élans de moralité inexistante dans le Capitalisme.

  • Shell, BP, Total et ENI (Agip) parmi les plus gros pollueurs du monde

    Shell, BP,Total et ENI (Agip) sont toutes des compagnies pétrolières de l’UE. L’une d’entre elles, au moins, est active dans presque tous les pays producteurs de pétrole et de gaz du monde.

    En 2006, leurs revenus cumulés ont atteint le total ahurissant de 870 millions de dollars et leurs profits se montaient à 74 millions de dollars.

    En termes de revenus, parmi les grandes multinationales, Shell est au troisième rang mondial,Total est dixième et ENI est 26ème.

    Les principales opérations de ces entreprises consistent à rechercher le pétrole et le gaz, à les extraire, à les transporter au moyen de pipelines (oléoducs et gazoducs) et de navires (pétroliers et méthaniers) jusqu’à des raffineries où ils sont transformés en kérosène, essence, gasoil, etc., puis à les commercialiser.

    Elles sont toutes dotées de principes directeurs afin de conduire leurs opérations d’une façon responsable en termes humains et environnementaux, y compris dans les pays en développement.

    Leurs pratiques peuvent néanmoins s’écarter de ces principes.

    Ainsi, Shell est responsable de pollutions pétrolières majeures au Nigeria, et ne semble pas s’en soucier.Total soutien toujours la junte militaire en Birmanie, alors que celle-ci est pourtant responsable de décennies de violations aggravées des droits de l’Homme.

    changement climatique

    Ces quatre compagnies pétrolières européennes contribuent largement au changement climatique.

    En 2006, Shell a par exemple émis plus de gaz à effet de serre (GES) que le total des gaz émis par l’Autriche, le Portugal et la Hongrie.

    La plus grande partie des émissions de GES provient du torchage du gaz, qui est brûlé au lieu d’être valorisé commercialement.

    Le torchage consiste à brûler le gaz naturel qui est produit conjointement au pétrole lors de son extraction.

    Total et ENI ont fait savoir qu’en 2006, pas moins de 28% de leurs émissions de GES étaient dues au torchage.

    Toutes les compagnies pétrolières ont adopté des politiques de réduction du torchage ; mais à ce jour, très peu a été fait.Total souhaite aboutir à une réduction de 50% d’ici à 2012.

    Shell veut cesser ses torchages au Nigeria fin 2009, alors que le gouvernement nigérian a déclaré que le torchage devait être stoppé en 2008.

    ENI n’a défini aucun objectif concret et BP déclare ne plus brûler aucun gaz en torchère.

    Une estimation basse montre que le torchage cumulé des quatre compagnies a été équivalent aux émissions annuelles de 16 millions d’automobiles européennes en 2006.

    http://209.85.229.132/search?q=cache:OLBzeFQCvZ8J:www.foeeurope.org/corporates/Extractives/French/petrole_gas.pdf+nigeria+petrole+torchagess+pollution&cd=4&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&lr=lang_fr

    • Nationalison total pour le franc symbolique est la seule solution.
      Alain 04

    • C’est "milliards" et non pas "millions" de dollars... au cas où vous souhaitez vraiment quantifier correctement pollutions et bénéfices !
      Et pour Total... il y a aussi un autre moyen de financement du silence d’Etat négocié sur des affaires comme AZF : bénéficier de tous les arrangements militaires et diplomatiques à moindre frais pour "pomper" tranquille dans les pays quelque peu difficile d’accès. Ca aussi c’est l’argent de nos impots.

    • C’est "milliards" et non pas "millions" de dollars

      ca m’a interpellé aussi, c’est bien ce qui est écrit dans l’article source...

  • Ca suffit.

    Total doit être exproprié, les travailleurs en prendre contrôle, les bénéfices confisqués et rendus aux peuples concernés.

    La puissance des plus grands groupes mondiaux pétroliers et gaziers étant extrême sur la planète , leur capacité à corrompre, polluer, acheter des politiciens, à faire de l’optimisation fiscale, leurs relations tumultueuses avec les droits de l’homme tels que définis par l’ONU et tels qu’ils sont malmenés par les états qui passent contrats avec ces groupes et pour l’application des contrats avec ces groupes internationaux, que la création d’un tribunal international s’impose sur les dirigeants de ces grands groupes et sur les personnes physiques qui contrôlent les actionnariats majoritaires.

    Mais en attendant il n’y a pas d’autre point de vue possible que de confisquer non seulement la totalité des bénéfices, mais également prendre contrôle du groupe par les travailleurs du groupe et par des représentants élus des collectivités concernées par Total, pour mener une politique différente , réorienter la façon de produire et de sortir de la parenthèse des carburants fossiles, concentrer les moyens sur cette sortie et non sur les dividendes, contrôler la fiscalité applicable, notamment en se penchant sur la planification mondiale de l’optimisation fiscale du groupe et le contrôle de la planification mondiale de l’exfiltration des bénéfices. Etc.

    Il ne suffit pas de confisquer les bénéfices.
    Il faut aller plus loin.

  • Selon Fillon :" Total, une entreprise responsable ! "
    Construire une raffinerie ultra-moderne à Dubaï et fermer des postes en France !
    On oublie Hutchinson (groupe Total) !
    On oublie que Total, c’est une entreprise responsable avec :
     l’Erica,
     AZF à Toulouse,
     La pollution de l’estuaire de la Loire,
     La pollution de l’estuaire de la Gironde...
    Il y avait " Elf " intouchable, maintenant, c’est Total !
    Total, c’est la sinistrose !!!
    Philippe.

  • Commencons par consommer citoyennement en boycottant toute ces boites de crevures...

  • Continuons par France Télécom où le premier actionnaire est bien l’état.Avec ses 8 Meuros de bénéfices ,France Télécom poursuit les suppressions d’emplois après avoir rayé en 3 ans 22.000 postes soit plus de 600 par mois au détriment du service rendu aux usagers et en les prenant pour des vaches à lait.Si en période de crise notre zébulon ne donne pas d’obligations en terme d’emploi et de salaire à ces grosses sociétés qui font de tels bénéfices ,il peut s’assoir sur son titre de pdg du pouvoir d’achat

    • Je suis régulièrement et amicalement interpelé par beaucoup d’électeurs socialistes qui veulent presque tout nationaliser...encore plus loin que le PCF, c’est certainement un petit coup passager de folie collectiviste, qui peut amener des surprises soudaines et dévastatrices pour le Capital ... Qui sait ce qui va se passer cette année, en dehors des "Européennes" dont tout le monde se fout...