Comment l’État n’augmente pas ses fonctionnaires

Par Angel Rossi

J’ai récemment entendu le ministre Éric woerth, annoncer, que les fonctionnaires avaient vu leur pouvoir d’achat augmenter de 3% ,au cours de l’année 2009.

Avec des augmentations des traitements de :

0,5% au 1er juillet ,
0,3% au 1er octobre,
soit 0,8% pour l’année,comment est-il arrivé à ce résultat ?
Tout simplement, en raisonnant en masse salariale.
Pour comprendre ce mécanisme, sachons tout d’abord que la composition de cette masse salariale inclut :
– le traitement,
– le GVT,
– les mesures catégorielles,
– l’effet report.

A quoi correspond le GVT ?

G : c’est le « glissement »,c’est-à-dire la variation de la masse salariale due aux promotions individuelles,aux départs à la retraite, à l’embauche des jeunes.

V : c’est la « vieillesse », c’est-à-dire les augmentations à l’ancienneté ( promotions , changements d’échelons).

T : c’est la « technicité », c’est-à -dire les augmentations dues à l’acquisition de compétences nouvelles.

A quoi correspond l’effet report ?

C’est le report, mécanique, des augmentations d’une année, sur l’année suivante.
Si l’année suivante, il n’y aucune augmentation, la masse salariale augmentera tout de même. Ainsi une augmentation qui intervient tard dans l’année, ne compte que pour les derniers mois de cette année-là, mais elle comptera, par contre, pour toute l’année suivante. Quand l’augmentation intervient tard dans l’année, l’augmentation de cette année est faible mais l’effet report, sur l’année suivante, est important.

Pour bien comprendre, prenons deux exemples, avec un traitement base 100 en janvier.

– 1. 1er cas : avec une augmentation de 2% en juillet, la masse pour l’année sera de 1212 (6 mois 600 plus 6 mois 612),

– 2. 2e cas : avec une augmentation de 2% en décembre, la masse pour l’année sera de:1202 (11 mois 1100 plus 1 mois 102).

Dans chaque cas, la masse des salaires de l’année suivante, sans aucune intervention, sera de :

102 par 12= 1224.

Calculons l’effet report dans chaque cas :

1er cas : 1224-1212 divisé par1212 multiplié par 100 soit : 1%,

2e cas : 1224-1202 divisé par 1202 multiplié par 100 soit : 1,8%.

On voit clairement, avec le deuxième exemple, l’escroquerie de l’effet report, moins on gagne une année, plus l’effet report est important l’année suivante.

Cette façon de calculer n’est pas nouvelle ; les premières applications remontent à l’ année 1984.

Les conséquences sont importantes car tous les fonctionnaires n’ont pas eu un changement d’échelon ou n’ont pas bénéficié d’une mesure catégorielle au cours de l’année.

De plus, il y a un un tassement sur les indices de début donc on nie toute notion de carrière et l’on remet en cause le statut de la fonction publique.
Ainsi,la dévalorisation de la valeur de l’indice se répercute, non seulement pendant toute la vie active,mais aussi sur la retraite.

En conclusion, nous pouvons affirmer que la seule façon de conserver le pouvoir d’achat des traitements, consiste en une augmentation, en niveau, correspondant mois après mois, à l’augmentation réelle de l’indice des prix.