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Comment s’explique l’hystérie contre Cuba ?

Publie le mardi 20 février 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

Il est curieux de voir comment cette île qui ne dispose pas plus de ressources économiques significatives qu’il ne représente d’intérêt stratégique attise tant de convoitises et déchaîne tant de passions. Mais Cuba bénéficie d’un patrimoine historique et d’une valeur symbolique inestimables : ce pays représente l’insoumission et la résistance pratique dans tous les pays du Tiers-Monde. Incapable de saper la Révolution cubaine dans ses fondements, ses adversaires visent à la déstabiliser par le biais de l’argument ad hominem. Il est en effet plus aisé de discréditer la personne qui défend des arguments plutôt que les arguments eux-mêmes.

Il est très intéressant d’observer que la perception de Fidel Castro des Sud-américains diverge totalement de celle des Européens. Pour les uns, c’est un personnage bienveillant et courageux tandis que pour les autres, c’est le dictateur type. Les pays occidentaux n’ont eu de cesse de lui lancer l’anathème depuis son accession au pouvoir. On laisse entendre que tous ceux qui menacent son pouvoir personnel sont au mieux embastillés et au pire assassinés : il aurait fait tuer Camilo Cienfuegos, un de ses plus proches compagnons d’arme, pour avoir remis en cause ses ordres ; il aurait lâché le Che en Bolivie en raison d’approches irréconciliables et fait exécuter Arnaldo Ochoa qui plaidait pour des réformes. Avance-t-on le moindre commencement de preuves pour étayer des accusations d’une telle importance ? Non, il faudra se contenter de rumeurs, suppositions ou conclusions hâtives. La cible est atteinte : il s’agit d’instiller le doute et d’écorner son image. Ce qui ne fait pas de doute par contre, ce sont les programmes d’assistance médicale (« Operación Milagro ») et d’instruction (« Misión Robinson ») que Cuba a développé dans le cadre d’une coopération Sud-Sud et de l’aide au développement. Cuba a envoyé dans les contrées les plus désœuvrées d’Amérique latine des médecins et des professeurs pour lutter contre les infections sociales et l’analphabétisme. Au seul Venezuela, ce sont plus de 20.000 travailleurs médicaux qui sont à pied d’œuvre. Il faut saluer au même titre l’aide significative que Cuba a apporté au Pakistan à l’occasion du séisme dévastateur. La presse dominante n’éprouve pas le moindre intérêt pour ces missions humanitaires à grande échelle que Cuba mène en Amérique latine, en Afrique ou en Asie.

Le traitement de l’information à l’endroit de Cuba se fait uniquement sous l’aune idéologique et la subjectivité des journalistes n’est en aucun cas assumée. La surexposition de la maladie de Fidel Castro est un cas emblématique de cette dérive informationnelle. Les medias institutionnels ont servi de porte-voix aux rumeurs les plus alarmantes sur son état de santé et se contentent de simples mentions de son rétablissement en cours.

Que reproche-t-on en définitive à Cuba ? Qu’est-ce qui justifie cette hystérie contre Fidel Castro ? On lui reproche de ne pas ouvrir les portes du pays à l’économie de marché ou autrement dit d’avoir commis un crime de lèse-capitalisme. Toutes les autres admonestations ne sont que des figures de rhétorique destinées à masquer le véritable enjeu. Dans l’ordre actuel, un pays qui souhaite choisir ses propres orientations économiques et sociales doit être prêt à affronter une implacable propagande noire. La stratégie des Etats-Unis a été définie dans le rapport de la Commission d’Assistance à une Cuba Libre destiné à soutenir une « transition » rapide et pacifique vers la « démocratie ». Lorsqu’on le parle de transition ou de démocratie, on fait référence en fait à une restauration de l’ordre capitaliste. Ces ambitions ne sont même plus dissimulées : « le gouvernement des Etats-Unis, fort de son expérience dans les transitions d’autres économies non libérales, se tiendra prêt à encourager une Cuba libre à supprimer à court terme le contrôle des prix, y compris le prix de l’énergie … à offrir une assistance à une Cuba libre pour l’aider à la mise en oeuvre d’un programme efficace de privatisation ainsi qu’à préparer les entreprises à la privatisation, y compris les entreprises contrôlées ou gérées par les Forces Armées Cubaines ». Pour ces opérations de subversion, un budget de 80 millions de dollar a été alloué pour les années 2007-2008 et se réparti entre la création d’une opposition interne, le sabotage des ressources économiques du pays, la diffusion de programmes télévisuels et de radio depuis des émetteurs aériens, le soutien aux ONG qui secondent fort opportunément la critique contre l’île,…

Alors que les Etats-Unis mènent une guerre des mots pour imposer ses intérêts, Cuba livre la bataille des idées pour préserver ses valeurs. Alors que les Etats-Unis déploient leurs soldats aux quatre points cardinaux du globe, Cuba envoie des bataillons de médecins en aide aux plus démunis. Et pourtant…

Emrah KAYNAK

Messages

  • Enfin, quelques vérités qui ne passeront pas par le crible de la censure des médias dominants !
    Loin de tout anti-américanisme primaire contrairement aux anticommunistes notoires, il est à signaler un livre très "éclairant" sur les origines de ce "crime contre la démocratie", qu’est l’attitude américaine vis à vis de la république cubaine : "Washington contre Cuba" ou "Le procès des cinq" aux Editions Le temps des cerises. Où il est fait la preuve, s’il en était encore besoin, que les terroristes ne sont pas où on le croit... n’en déplaise à tous les bien-pensants du libéralisme exacerbé dominant. A lire, à faire lire et circuler !!!!

    • Il ne peut pas y avoir de progrés pour un peuple s’il n’y a pas une liberté et la démocratie, je mets les deux termes libertés individuelles et collectives et la démocratie dans un pays, et on le voit : tous les régimes , même si , bien sûr, y’a des fois je rencontre des gens qui me disent : Mais la Révolution cubaine ! mais bien sûr, la Révolution cubaine, la résistance du peuple cubain face au blocus , tout ça est admirable, je ne remets pas en cause tout cela, ce combat magnifique d’un peuple, mais on voit bien que à partir du moment où il n’y a pas d’élan démocratique, il n(y a pas de libertés individuelles et collectives , au bout d’un moment le systéme se brise et c’est ce qu’on a connu dans les pays socialistes, ça s’effondre comme un château de cartes, donc j’ai envie de dire, répéter inlassablement qu’il faut les libertés et la démocratie, à Cuba comme ailleurs

    • Non à la propagande capitaliste.

      Laisse les pays socialistes tranquille. Il leur a fallu fournir tous les efforts de guerre pour venir à bout de l’Europe de l’axe.
      Il leur a fallu lutter contre des hordes barbares et sauvages. 27 millions de morts. Des menaces de partout. A peine 30 ans pour essayer de construire quelque chose. Le capitalisme existe depuis très longtemps. Il a conduit aux guerres, à l’impérialisme, au pillage, au colonialisme.

      Dire que certains célèbrent encore Napoléon cet Hitler avant l’heure. On les laisse faire...

    • Qui a dit qu’il n’y a pas de liberté individuelle à Cuba. A Cuba, un député soit se présenter tous les 6 mois devant ses commettants pour leur rendre des comptes. Lors de ces assemblées, les électeurs s’ils le souhaitent peuvent démettre immédiatement le dit député à la majorité simple. Est-ce que ton pays t’offre cette même liberté ? ces mêmes droits ?

      Cuba est un pays ou les citoyens sont plus libres que dans nos contrées. Quand on les analyse, les libertés que nous avons et qu’ils n’ont pas n’en sont pas réellement. Les marchands d’arme n’ont pas le droit de controler la presse à Cuba comme c’est le cas en France. Les journalistes cubains ne se font pas virer comme en France à cause des élections. ils n’ont pas à se prononcer pour les candidats dans les élections (parce que oui il y a des élections Cuba).

      Les médias ne sont pas controlés par les marchands de pub et de consommation effrenée à Cuba. La pornographie est également interdite à Cuba.

      Enfin, un cubain n’a pas le droit de s’enrichir sur le dos des autres ni de faire fortune en affamant les autres.

      À Cuba, ils sont libres de faire leurs choix, leurs erreurs et d’évoluer selon leurs priorités. C’est cette liberté qui nous manque et qu’on essaye de compenser avec toutes nos fausses libertés d’apparat.

      Sincèrement qu’est ce qui est le plus important pour une mère de famille ? Savoir que se enfants pourront grandir et avoir accès gratuitement aux meilleures études dans un environnement sécuritaire et sain ? Ou alors, savoir que ses enfant peuvent trainer dans des cafés en écoutant de la musique branchée parce que leur manque d’éducation les a mené au chomage ?

      Lequel des deux choix est une réelle liberté individuelle ?

    • TOI, L’ANONYME, QUI PARLES SI BIEN DE DEMOCRATIE ET DE LIBERTE...

      ...En d’autres termes, c’est une invitation à aller uriner sur la tombe de Salvador Allende !

      Tzigane

    • J’approuve entièrement le texte de Emrah Kaynac et des commentaires qui le suivent, sauf celui qui évoque "la liberté et la démocratie". Lors d’un récent séjour à Cuba, un "dissident m’a accosté et m’a déclaré : Fidel Castro est un grand malin, il a fait l’école gratuite pour tous, il a squpprimé l’anaphabétisme, la faim, développé la médecine gratuite, le sport populaire, la culture, etc. Mais s’il a fait cela ce n’est pas gratuit : cela lui permet de masquer tout les reste"
      Quel reste, lui ai répondu. sais-tu que dans tout le monde sous développé les peuples souhaitent jusqtement avoir accès à tous ces domaines ? Sais-tu que s’il n’y a pas de SDF à Cuba, ils sont 100 000 en France et que certains d’entre eux meurent de froid, parfois de faim ?
      Sais-tu qu’un loyer vaut parfois un salaire en France et dans le monde capitaliste ? Sais-tu, sais-tu, sais-tu...?
      Quel la première des libertés est celle d’avoir un toit même dans logement pas toujours confortable, celle d’avoir un emploi et de pouvoir soigner ses enfants ?

      Le "dissident" a paru décontenancé, mais pas ébranlé au point de me donner raison.
      Je ne développe pas d’autres arguments, ils sont connus par tous les gens sincères.
      Bravo à cet article et aux commentaires à condition de comprendre réellement ce qu’est la démocratie et la liberté.
      Je reviens de la République Dominicaine où j’ai été invité. j’ai vu ce qu’est la liberté et la démocratie. Pas de sécutité sociale, pas de retraite, une exploitation honteuse des travailleurs obligés de travailler souvent plus de 9 heures par jour, parfois sans congés hebdomadaire et pour un salaire de misère, avec là aussi, des immigrés, huit cent mille Haitiens pour couper la canne à sucre et dormir dans un gourbis pour une poignée de pesos.
      Pierre

    • Dans nos pays,en France,le mot liberté est un abus de language.En France,dans les pays capitalistes en général,la liberté est subordonnée à l’argent que l’on posséde.

      Qu’elle liberté pour le chomeur ?

      Qu’elle liberté pour le rmiste ?

      Qu’elle liberté pour le smicard ?

      Qu’elle liberté pour l’ouvrier,l’employé dont le mois se termine le 15 ?

      Qu’elle liberté pour ceux qui repoussent les les soins faute d’argent ?

      Parler de liberté c’est bien joli,mais il s’agirait de la,les faire passer dans les faits.C’est toujours mieux que de donner des leçons aux autres.

      Jean Claude des landes

    • AU 84 202,JE SUIS PARTIELLEMENT D’ACCORD AVEC TOI ,IL EST EVIDENT QU’IL FAUT LA LIBERTE IL N’Y A AUCUN DOUTE LA DESSUS,MAIS COMME JE SUIS TRES SOUVENT A CUBA (JE SUIS MEME MARIE AVEC UNE CUBAINE)JE PEUX TE DIRE QUE JE SUIS PERSUADE QUE SI CUBA N’AVAIT PAS LA CRAINTE PERMENANTE DES ETATS UNIS (PARCEQU’IL EST PRATIQUEMENT EN ETAT DE GUERRE AVEC LES ETATS UNIS )IL EST POSSIBLE QU’IL POURRAIT Y AVOIR AUTANT DE LIBERTE QUE NOUS AVONS ET PEUT ËTRE PLUS QUE NOUS ;SI SEULEMENT LES EUROPEENS AVAIENT LE COURAGE DE FAIRE FAIRE RESPECTER AUX ETATS UNIS TOUTES LES RESOLUTIONS LES CONDAMNANT A LEVER LE BLOCUS QU’IL APPLIQUE DEPUIS 45 ANS ET LES EMPËCHERAIENT D’AGIR COMME ILS LE FONT AVEC LEUR REPRESENTANT DE LEURS INTERËTS A LA HAVANE (IL ESSAIT DE FORMER UN PARTI CONTRE REVOLUTIONNAIRE) AU VU ET AU SU DE TOUT LE MONDE ,PEUT ËTRE BIEN QU’EN ETANT RASSURE DE NE PLUS ËTRE ATTAQUE, LE REGIME POURRAIT ËTRE PLUS SOUPLE HELAS LES EUROPEENS N’ONT PAS CE COURAGE OU NE VEULENT PAS LE FAIRE POUR DES RAISONS POLITIQUES QUI LEUR CONVIENNENT ?PARCEQUE C’EST LE PREMIER PAYS QUI A COMMENCE LA LUTTE CONTRE LE LIBERALISME ET QUI EST ENTRAIN DE FAIRE GAGNER LA PARTIE EN AMERIQUE LATINE.VOILA MON POINT DE VUE.AL DE TOULOUSE

    • Oui mais qu’est-ce que la démocratie ? Celle qui règne en Russie aujourd’hui ?DANS LES PAYS D4EUROPE CENTRALE colonisés par l’europe et les Usa ? Quelle est la nouvelle liberté de la babouchka russe, del’ancien d’afghanistan, du chômeur caucasien. En amérique latine quelle est la démocratie dans les pays dits démocratique ? Au Brésil les enfants qui mendient, s’entretuent, crèvent de faim dans le nordest et ailleurs où la dictature à Cuba avec AUCUN enfant des rues, Aucun enfant déscolarisé, travaillant à autre chose qu’à ses devoirs.
      Oui Cuba n’est pas parfait mais attention en utilisant le concept de démocratie, il faut définir ce que c’est et ce qu’est la nôtre par exemple. On peut largement débattre sur internet mais qu’est-ce que celà change au système ? Si l’on serait à proximité de prendre le pouvoir pour instaurer un autre système économique, l’arméee prendrait le pouvoir.
      CORDIALEMENT
      Etienne UGOLINI

    • Je crois que votre message es le plus interesant de tous ces que je lu aujourd’hui. Tout la verite est la . Je soutien toujour la tesis de qu@une fois le "bloqueo" enleve il faut attendre 47 ans a Cuba pour permettre aux bourgois de forme ces partie politique " libre". Voila merci.

  • Bien sur qu’on ne nie pas toutes les bonnes choses sur le plan social de Cuba, bien sur que c’est bien leur solidarité internationale, bien sur que Cuba a raison de rejeter le + possible l’économie de marché, bien sur qu’ils sont héroiques à résister à l’impérialisme américain mais peut on critiquer Cuba sur le manque des libertés individuelles sans qu’on vous traite d’américano sioniste ? Y’a t’il pas eu une répression envers les homosexuels ? Y’a t’il pas un culte de la personalité autour de Castro ? Y’a un commentaire à l’article qui cite comme chose positive l’interdiction de la pornographie, vous trouvez que c’est bien ? C’est plutôt du puritanisme à la Ségolène Royal. On peut souhaitez une démocratie mais pas celle des libéraux, celle par exemple pour laquelle se battait la Commune ou plus récemment les Zapatistes, et d’autres...

    • Qu’est-ce que la liberté individuelle ? Pour moi, J’adopte la formulation d’Albert Jacquard qui dit : la liberté, c’est l’art de tisser des liens d’égale à égale avec les autres. Le système Cubain ayant fait un grand pas dans la direction d’une égalité des moyens économiques à donc fait un grand pas vers la liberté. De plus, pour ceux que cette égalitarisme économique dérange, la porte est grand ouverte sauf du côté des USA attendu que celle-là est fermé coté ...USA.

      La liberté d’expression est aussi une valeur fondamentale. Certain ont fait mai 68 pour cela. Le résultat est quoi aujourd’hui ? En lieu et place d’un contrôle d’état sur les médias audio visuels, nous avons un contrôle quasi absolu des annonceurs publicitaire. En outre celle-ci occupe un pourcentage temps ahurissant. Les journaux sont sous contrôle de deux ou trois groupes financiers qui partagent les mêmes dogmes. Il est donc bien claire que libéralisme ne rime pas avec liberté. Ceci étant, si quelqu’un peux expliquer comment fonctionne réellement la presse Cubaine, en terme de mode d’accès pour tous de censure active ou passive,etc... Au Vénésuéla, le pouvoir actuelle à lancer des opérations pour ouvrir des médias audiovisuels au peuple ? Peut-on faire des parallèles ?

      Ayant lu les biographie à deux têtes de Igancio Ramonet sur Fidel Castro, je suis frappé de voir à quel point celui-ci insiste sur l’importance de l’autocritique. Je serai donc étonné d’apprendre que la critique contre lui, ou le système soit censurée. Attention, autoriser la critique ne veux pas dire légitimer la calomnie et le matraquage de dés-informations.

      Quant-à la liberté d’entreprendre que faut-il dire. Étant moi même un créateur, je suis assez attacher à l’idée de pouvoir donner libre cours à la créativité. De la à dire qu’il faille permettre de produire n’importe quel gadget et de la promouvoir par tous les moyens démagogiques, voir franchement mensongers, de la publicité ? Là, pour moi, la réponse est clair : non. Non pour la raison d’écologie, non pour le refus de l’aliénation. Il est tant que l’on ce décide, au sein des nations dites développées, de réfléchir sur nos besoin matériels réels. Produire à l’aide d’automate nécessite de réfléchir sur le contenu de nos productions. Il faut sortir de la pensée infantile qui consiste à croire que la main invisible d’Adam Smith existe. (Si elle existe elle doit être malveillante !)

      Jacques Silberstein