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Commerce équitable néolibéral et véritable commerce équitable (suite)...
Publie le samedi 22 juillet 2006 par Open-Publishing5 commentaires
« Le commerce équitable illégal à l’OMC. Sauf si... :
Pour l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les affaires doivent primer sur toutes autres considérations, fussent elles humaines, environnementales ou sociales.
A produit égal, traitement équivalent. C’est le sens du « principe de non-discrimination », explique Marion Brodeau (1).
Principe séduisant au premier abord, sauf que le mécanisme d’examen des politiques implique que les Etats n’aient plus la libre détermination de leurs politiques commerciales. Toute discrimination et toute préférence sont désormais interdites (2). En dehors des cas où les intérêts des Etats-Unis ou de l’Europe pourraient être menacés...
Ce principe interdit toute politique de discrimination positive. Comme le traitement préférentiel...au nom de l’équité, par exemple.
Dans ce contexte, le commerce équitable, pourrait bien être considéré comme « illégal » au regard des critères édictés par l’OMC...s’il venait à avoir l’outrecuidance de remettre véritablement en cause le dogme ultralibéral dominant.
D’où l’impérieuse nécessité, pour ses opposants, comme pour une part de plus en plus isolée de ses acteurs, de limiter un certain commerce équitable à « une aide aux petits producteurs du Sud ». En le cantonnant à quelques produits de niches, exotiques et symboliques, n’affectant en rien le système imposé par l’OMC comme...sa norme.
A moins que, dociles, les promoteurs de ce commerce-là n’acceptent d’être « raisonnables » ((on peut effectivement se demander quelle est ce type de raison ?...)), c’est-à-dire de s’accommoder, d’accompagner et finalement de cautionner ((comme le « parti socialiste » par exemple))...l’ultralibéralisme déshumanisé.
Dans cette hypothèse, rien ne s’opposerait à la mise en place de solides passerelles, permettant une étroite et réelle COLLABORATION, susceptible d’entraîner et de faire basculer l’ensemble du commerce équitable dans la « bonne direction », conduisant...à sa quasi-neutralisation.
((« puisque le monde bouge » nous disent certains banquiers...alors que Max Havelaar France a fait partie du « collectif OMC 10 ans ça suffit ! »...))
Une approche actualisée de la théorie des avantages comparatifs :
La concentration, dans l’industrie et dans le commerce, a institué un rapport de force qui soumet l’humain au bon vouloir du financier, organisant le pillage du tiers-monde au profit d’une poignée de transnationales apatrides, caractérisées par leur nomadisme de circonstance.
Elles ont à leur disposition, avec la complicité des Etats c’est-à-dire, très concrètement...du monde politique, une centaine de paradis judiciaires et fiscaux (3), véritables zones officielles de « non-droit ».
Elles ont par ailleurs la faculté d’échapper à tout moment à leurs obligations, en brandissant la menace de la délocalisation de leurs sièges sociaux et de leurs activités. Il leur suffit d’arbitrer la « géographie », en fonction de leur objectif recherché.
((quel type de pouvoir y a-t-il en fait derrière les transnationales, les milieux financiers, le FMI, l’OMC, la Banque mondiale et les politiciens corrompus ???...))
Dans tel pays, où la main d’œuvre est moins chère, peu regardant en terme de normes sociales et environnementales...le site de production.
Dans tel autre, à forte stabilité politique, sans risque monétaire et financier, bien plus avantageux fiscalement... la localisation du siège social, où seront déclarés les bénéfices du groupe.
Dans d’autres encore, pays riches et à fort pouvoir d’achat par habitant...la concentration des forces de vente et de la puissance commerciale.
Une approche actualisée de la fameuse théorie des avantages comparatifs...
((une stratégie des élites et de groupes secrets qui ne veulent pas que le monde évolue, mais plutôt que le monde reste figé dans leur « néolibéralisme » mondialisé...voir les processus de la dette par exemple.))
« Où qu’ils opèrent dans le monde, ces conglomérats transnationaux peuvent recourir à des filières à l’étranger, des joint-ventures, des accords de licence et des alliances stratégiques pour prendre telle ou telle identité nationale répondant à leurs objectifs. Chaque fois qu’ils en ont besoin, ils se drapent dans le drapeau national de leur choix pour obtenir des avantages fiscaux, des subventions de recherche ou une représentation au sein du gouvernement lors de négociations concernant leurs projets de commercialisation. Ces firmes apatrides parviennent ainsi à transformer les Etats-nations conformément à leurs intérêts », explique Tony Clarke (4), Directeur de l’institut Polaris (5) au Canada.
Départ imminent pour le XIXe siècle :
Une logique qui n’est que l’aboutissement de cette globalisation universelle du néolibéralisme que le président du groupe helvético-suédois ABB (6) définissait, dès 1995, comme la liberté pour son groupe « d’investir où il veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en matière de droit du travail et de conventions sociales... ».
Le bonheur économique...si je veux !
Dans un véritable coup d’Etat permanent, une poignée d’instances internationales (OMC, FMI, BM), qui se sont auto-érigées en pouvoirs supranationaux, bien que n’ayant reçu aucun mandat démocratique et n’ayant de comptes à rendre à personne, ont désarmé les Etats et leurs représentants, leur dictant la politique qu’ils se doivent de suivre servilement.
Et si rien n’est fait à l’échelle planétaire, c’est à un véritable voyage dans le temps auquel nous convient ces Jules Verne de l’apocalypse.
Départ imminent pour le XIXe siècle...
Hâtez-vous ! Il n’y aura pas de place pour tout le monde...
Les Nouveaux Maîtres du monde niant l’héritage des Lumières :
« Alors que les mercenaires de l’Organisation mondiale du commerce veillent à la circulation des flux commerciaux, ceux de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international s’occupent des flux financiers (7) ».
Le Suisse Jean Ziegler, rapporteur spécial de la commission des droits de l’homme pour le droit à l’alimentation de l’ONU, n’est pas homme à mâcher ses mots.
On voudrait croire le commerce équitable à minima propre à juguler la domination exponentielle de ceux que Jean Ziegler nomme « Les Nouveaux Maîtres du monde ». Mais le remède est-il en proportion du mal diagnostiqué ?
Ne faut-il pas craindre, au contraire, que le commerce équitable devienne l’instrument de ces derniers, à l’instar de ces incontournables ONG que l’on sort régulièrement du placard, comme autant de trousses à pharmacie, après toute intervention militaire menée, comme il se doit...au nom du Bien ?
((même les ONG « écologistes-environnementales » françaises ne sont pas à l’abris de manipulations « élitaires »...))
« Paranoïa et théorie du complot », rétorqueront les bien-pensants.
On pourrait le penser, si l’OMC, le FMI et la Banque mondiale n’œuvraient conjointement pour l’avènement d’un « autre monde », en pleine réalisation celui-là, s’appuyant sur le fameux « consensus de Washington (8) ».
Ces accords informels sont contraires aux valeurs fondamentales de notre société.
« Le but de l’Histoire est de créer une société humaine, dominée par la raison, où l’homme prime sur le capital », rappelle Jean Ziegler (9) avec un bon sens totalement décalé...
Aux antipodes de la voie officielle poursuivie. Et de ce que nous promettent les nouveaux maîtres du monde : « un modèle de société dont la figure centrale est le gladiateur, dont le but principal est la maximisation du profit en un minimum de temps, niant l’héritage des Lumières : les valeurs de solidarité, de réciprocité et de complémentarité entre les êtres, les nations, le contrat social, l’idée de capacité normative de l’Etat, l’idée que tout pouvoir sur les hommes ne peut s’exercer qu’avec leur consentement par délégation, la souveraineté populaire (10) ».
Des valeurs qui finalement se recoupent avec celles défendues par les promoteurs d’un véritable commerce équitable...
Subordonnant définitivement le commerce et l’économique à l’humain :
Le débat qui agite le Landerneau du commerce équitable dépasse désormais le cadre étriqué de la « consommation responsable » pour s’élargir à celui d’un « véritable choix de société » intégrant les problématiques sociales, sociétales, environnementales et économiques.
Un débat aujourd’hui confisqué par quelques organismes supranationaux totalement illégitimes qui décident pour les citoyens et pour ceux que ces derniers croient encore être leurs représentants.
Initié par le militantisme citoyen, le commerce équitable a été récupéré par quelques marchands d’illusion ((Max havelaar, les Multinationales de la grande distribution et de l’agroalimentaire, etc.)), qui n’ont pas tardé à en faire un « produit grand public ». Un consommable parmi d’autres...sur les 60 000 références que compte en moyenne un hypermarché.
Les plus pessimistes ont pu croire que tout était perdu, que le commerce équitable avait définitivement été dévoyé, récupéré, noyé dans la masse des concepts recyclés, broyé par la machine à détruire les Utopies...
Il n’en est rien. En se donnant aux plus offrants, les adeptes de la marchandisation de l’équitable ont ouvert la boîte de Pandore.
Et loin de les repousser...le débat actuel ouvre les yeux des citoyens-consommateurs qui exigent à présent une véritable transparence et réclament « plus » et « mieux » d’équitable, tout au long des filières. Au Sud comme au Nord, dans les relations locales comme dans les relations internationales.
« L’humanité est contrainte d’être autre, puisque pour la première fois de son histoire, elle est devenue globale », écrivait l’abbé Pierre en 1993.
((Henri Grouès, c’est-à-dire l’abbé Pierre, est l’inventeur du commerce équitable français ! ; voir les pages 47, 48, 49 du livre...)
Il reste encore aux consomm’acteurs à sortir définitivement du carcan étriqué de « consommateurs d’équitable » dans lequel les « publicitaires » tentent de les enfermer...
Le débat qui fait rage et la prise de conscience qui progresse, démontrent que cette première étape est en passe d’être franchie.
Partout en Europe...En Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Belgique, en France aussi, des voix s’élèvent pour exiger un véritable commerce équitable qui ne soit pas sous l’emprise des manipulateurs de la communication et du marketing.
Il manque encore un cadre universel qui s’imposerait comme... « la norme ».
Cela ne se fera que si les citoyens se réapproprient le politique, en instituant notamment une véritable OMC...Organisation mondiale du citoyen, subordonnant définitivement « le commerce » et « l’économique » à l’humain et à ce qu’il reste de son environnement.
Alors seulement les conditions seront réunies pour l’instauration d’un authentique commerce équitable, s’inscrivant dans l’approche beaucoup plus globale d’un véritable choix de société... ».
Fin du livre.
Pour conclure, une petite citation issue du début de la conclusion du même livre :
« De la posture éthique à l’imposture équitable :
Démobilisatrice en apparence, la dénonciation des dérives, des abus et des excès commis au nom de l’équité arrive pourtant au bon moment. Avant qu’il ne soit trop tard...
Tous, Artisans du Monde, Minga, et même Max Havelaar, s’accordent au moins sur un point. Celui de reconnaître que le commerce équitable, qui ne représente aujourd’hui qu’à peine 0,00875 % du commerce mondial (11) - c’est-à-dire beaucoup moins qu’un symbole - , ne pèse pas bien lourd par rapport à son potentiel mais surtout...face à l’écrasante domination du commerce ultralibéralisé autant que déshumanisé.
((Pourtant, l’être humain et le monde ne sont ni des marchandises ni des machines !...))
Faire le point aujourd’hui ne fait donc courir qu’un risque minime au secteur.
La mise en évidence de certaines incohérences peut certes malmener, voire décourager une frange de clientèle qui ne voyait dans l’équitable qu’une « offre produits » nouvelle, estampillée d’une petite dose d’humanitaire et de bonne conscience à pas cher. Celle pour qui l’équitable se résume à un logo apposé sur une poignée de produits entassés dans un « corner » au fond d’un supermarché.
Mal informée, non informée, désinformée le plus souvent...cette clientèle risque effectivement de se détourner d’un certain commerce qui est à l’équitable ce que le Canada Dry est à l’alcool prohibé...
Mais ce risque est minime.
Et les déviances ayant conduit de la posture éthique à l’imposture équitable ne doivent pas pour autant nous conduire à rejeter l’idée de l’Equitable.
Un rôle pédagogique renforcé pour les militants et les bénévoles :
Les militants et les acteurs du changement, ceux qui s’inscrivent dans une logique de construction d’un autre monde possible, ont depuis longtemps intégré ce débat qui déborde aujourd’hui du cercle des seuls initiés de la « consommation citoyenne ».
Les promoteurs d’un véritable commerce équitable, les militants et les milliers de bénévoles qui donnent tant pour contribuer à adoucir le monde trouveront ici une nouvelle émulation et verront leur rôle pédagogique renforcé.
Libérés d’un amalgame et d’une confusion qu’ils ne sont plus prêts à supporter, ils sortiront renforcés de cette confrontation à laquelle ils ne pouvaient plus échapper.
Plus que jamais, ils devront s’impliquer et expliquer.
Dans les médias ((si possible...)), dans les forums, sur les lieux de ventes, partout où il y a de l’échange...
Expliquer. Expliquer encore...
En quoi consiste un véritable commerce équitable.
En quoi il ne peut se résumer à un « Produit » abandonné sur l’étagère d’un Supermarché.
En quoi il s’agit avant tout d’une façon de concevoir la relation humaine dans un comportement global...une façon d’être.
Avoir ou être...là encore.
L’abnégation et l’altruisme de milliers de militants humiliés et trompés :
Les acteurs historiques du commerce équitable se sont efforcés d’alerter les opinions et de tenter de sortir de la misère le maximum de déshérités du Sud, grâce à l’abnégation et à l’altruisme de milliers de militants, aujourd’hui humiliés et trompés par ceux qui vident leur noble démarche de son contenu, pour n’en retenir que « l’image valorisante »...qu’ils valorisent à des fins purement mercantiles.
Quelle déception, pour ces femmes et ces hommes qui, loin des projecteurs, oeuvrent au quotidien pour tenter d’inverser la tendance destructrice de cette mondialisation qui n’en finit plus de tout détruire sur son passage !
Quelle humiliation, lorsqu’ils découvrent qu’en leur nom, le commerce équitable peut aussi servir d’alibi et de marchepied au pouvoir politique, qu’il peut l’accompagner dans ses basses besognes et même...collaborer à une démarche néocoloniale trahissant honteusement l’idéal des milliers de militants sincères, manipulés par ces discours humanitaires et tiers-mondistes derrière lesquels se réfugient les acteurs de la spoliation des plus pauvres ».
((voir par exemple la collaboration entre l’association Max Havelaar, l’Etat français et l’entreprise Dagris ! Les OGM en Afrique, etc....))
Enfin, je vous renvoie à la campagne actuelle de la société civile, « Pour un commerce équitable partout, changeons la loi ! », qui regroupe des citoyens, la Confédération paysanne, Breizh Ha Reizh, Nature et Progrès, et Minga (12)...
NOTES :
1) « Le commerce équitable, outil de transformation des échanges marchands » - Marion Brodeau, septembre 2003.
2) Ibid.
3) Contrairement à une idée largement répandue, la vocation première des paradis fiscaux n’est pas d’échapper à la pression fiscale, mais bien de soustraire du regard indiscret des autorités judiciaires locales le produit résultant de l’exercice d’activités illicites : trafic d’humains (réseaux de prostitution, immigration clandestine, trafics d’organes), drogues et substances interdites, armes, trafics d’espèces protégées, d’œuvres d’art, d’influence (commissions aux politiques).
La fiscalisation de ces revenus, s’ils pouvaient apparaître au grand jour, rendrait un fier service aux trafiquants, en leur permettant de les blanchir et de les officialiser.
La plus grande difficulté aujourd’hui pour les trafiquants est de créer des activités d’apparence légale, pour y injecter des revenus illicites, payer de l’impôt comme tout contribuable et officialiser ces revenus en les réinvestissant dans des activités parfaitement légales.
Ces opérations de blanchiment constituent un véritable casse-tête pour toutes les mafias du monde, qui, grâce aux paradis off-shore, s’en sortent plutôt bien. Ces territoires que l’on appelle abusivement paradis fiscaux sont avant tout des paradis judiciaires, accessoirement fiscaux.
L’appellation a un effet démobilisateur dans un pays où la fraude du fisc est instituée en sport national, où celui qui réussit passe davantage pour un « malin » que pour quelqu’un qui profite de la collectivité sans en accepter les règles.
4) Cité par Edward Goldsmith et Jerry Mander (traduction Thierry Piélat) dans « Le procès de la mondialisation », Fayard, 2001.
5) Mouvement citoyen antiglobalisation créé au Canada en 1996 (www.polarisinstitute.org).
6) ABB : Asea Brown Boven est l’un des leaders mondiaux des technologies de l’énergie et de l’automation. Le groupe ABB, dont le siège se trouve à Zurich en Suisse, a été constitué en 1988, à la suite de la fusion de la société suédoise Asea et de la firme suisse BBC Brown Boveri.
7) Jean Ziegler, « Les Nouveaux Maîtres du monde et ceux qui leur résistent », Le Seuil, 2003.
8) « Le consensus de Washington est un ensemble d’accords informels conclus tout au long des années 80-90 entre les principales sociétés transcontinentales, les banques de Wall Street, la Réserve fédérale américaine et les organismes financiers internationaux que sont le FMI et la Banque mondiale, avec comme maître d’oeuvre les Etas-Unis.
Ces accords informels visent à obtenir, le plus rapidement possible, la liquidation de toute instance régulatrice - Etat ou organisation internationale - , la libéralisatioon la plus totale et rapide de tous les marchés et l’instauration à terme d’un marché mondial unifié et totalement autorégulé », Marion Brodeau, « Le commerce équitable, outil de transformation des échanges marchands », septembre 2003.
Voir également l’AGCS (accord général sur le commerce des services)...
Et les guerres actuelles...
9) Voir note 7.
10) Ibid.
11) Le commerce équitable ne représente que 350 millions d’euros de chiffre d’affaires sur les 4000 milliards d’euros du commerce mondial.
12) Liens internet :
Messages
1. > Commerce équitable néolibéral et véritable commerce équitable (suite)..., 22 juillet 2006, 18:53
Y a t il un dogme ultralibéral dominant ?
Une économiste indienne disait à la BBC récemment au cours d’un reportage sur l’empire britannique, qu’avant l’arrivée des occidentaux existait chez eux une économie de marché, la liberté d’échanger. Avec l’arrivée des européens sont venus les prohibitions, les barrières non tarifaires, les oligopoles, les cartels, la multiplicité des règles et leurs courts-circuits.
Le libéralisme est le contraire du conservatisme. Il y a un libéralisme de gauche. Dans certains pays, il n y a pas de gauche autre que les libéraux, c’est ainsi qu’on les appelle. Aujourd’hui, nous voyons un gouvernement américain conservateur proche des syndicats ouvriers et agricoles lourdement subventionner et protéger des secteurs d’où proviennent la majorité de son électorat. Allez comprendre.
Ne soyez pas dogmatiques, vous ne servirez ni les gens dont vous voulez améliorer le sort à travers le monde, ni votre crédibilité auprès de la majorté de l’opinion ici. A moins que ce ne soient pas vos objectifs.
1. > Commerce équitable néolibéral et véritable commerce équitable (suite)..., 22 juillet 2006, 19:23
Y a t il un dogme ultralibéral dominant ?
J’en vois au moins un. C’est celui de la coucurrence non faussée. A partir de là on peut considérer que c’est le système qui fabrique ses propres lois et il serait impensable que l’on puisse intervenir pour le freiner. D’ailleurs, on le voit bien aujourd’hui avec le discours dominant des libéraux qui consiste à dire que si le capitalisme va mal, c’est justement parce qu’il n’y a pas suffisemment de capitalisme. Comme si le capitalisme pouvait résoudre lui même ses propres erreurs. Est ce si vrai que ça ? J’en doute de plus en plus ...
Du reste, nous ne sommes plus vraiment dans l’ère pré industrielle de l’après révolution française qui a vu naitre le courant libéral en France. Le discours des libéraux de l’époque, n’a plus grand chose à voir avec la lettre de voeux du MEDEF. Il est même très probable qu’un type comme Besancenot eu été libéral à l’époque.
2. > Commerce équitable néolibéral et véritable commerce équitable (suite)..., 22 juillet 2006, 20:13
Fusions après fusions, il devient de plus en plus difficile pour les théoriciens de l’économie libérale de faire la différence entre monopole privé et monopole national (ou public).
La notion de libre concurrence ne concerne que les secteurs les plus fragiles.
Les secteurs sans concurrence sont ceux qui survivent, contredisant clairement le dogme libéral.
En fait, les libéraux "purs" pensaient que le commerce libre était synonyme de liberté, en prenant pour exemple l’échec de l’économie planifiée des régimes socialistes.
Ils se rendent compte maintenant qu’un monopole privé n’est pas moins totalitaire qu’un monopole public.
Microsoft se fout des lois du marché autant que poutine.
Capitalisme d’état ou Capitalisme de Marché, dans les deux cas, c’est le monopole qui est le but final.
2. > Commerce équitable néolibéral et véritable commerce équitable (suite)..., 23 juillet 2006, 10:24
J’aimerais croire que de longues arguties d’une telle nature, mélangeant erreurs d’analyse, postures morales et assertions non démontrées, peuvent soit enrichir nos débats, soit offrir une fonction explicative et de conviction, soit encore contribuer à renforcer le mouvement (certes diversifié et traversé pour l’heure de désaccords et de conflits) de solidarité internationale qui lutte pour la revalorisation des droits sur le droit commercial, la transformation des règles du système commercial multilatéral et l’introduction de politiques nationales ou supranationales de régulations en la matière.
Au contraire vous fabriquez (retricotez plus exactement car rien de très inventif) du dogme, enfoncez le clou des fractures et surtout faites preuve d’une capacité d’analyse des processus politiques qui laisse sincèrement perplexe : la pureté du militant trompé, l’horrible pouvoir politique qui récupère scandaleusement leur combat, les élites contre le peuple, populisme anti-ONG, vertu de l’Etat contre diktat des institutions internationales (qui d’ailleurs fonctionneraient de façon autonome donc sans conseil d’administration, représentants nationaux...)...
Autant d’assertions participant du mouvement de dépolitisation et de moralisation/enchantement de débats fondamentalement politiques.
Je travaille dans une petite association de solidarité internationale à la fois engagée dans le mouvement altermondialiste (animatrice de la campagne OMC 10 ans ça suffit) et dans des partenariats constructifs avec les "ONG" dont vous remettez en question la légitimité.
Dans les deux cas nous travaillons dans une seule perspective : renforcer ce mouvement de solidarité internationale afin de construire cet autre monde, et pour ce faire faciliter l’ouverture des débats même les plus difficiles et douloureux.
Pour ce faire nous partons de la réalité comme elle est ; non pas de la réalité telle qu’elle est fantasmée par les idéologues, chevronnés ou apprentis. Sans ce point de départ on fonctionne dans la fiction et il est impossible de repérer les idées et croyances à déconstruire et les champs de bataille à remporter.
De fait le néolibéralisme n’existe plus aujourd’hui qu’en théories et principes, l’économie monde actuelle est caractérisée par la rente, les monopoles et le néo-mercantilisme.
Les multinationales existent c’est une réalité et de maintenant à leur disparition on risque de se fatiguer si on trouve rien d’autre à faire que hurler sous leurs fenêtres : ce qui a du sens c’est de travailler sur les mécanismes de formation des prix pour comprendre les mécanismes économiques, mais c’est aussi de chercher à faire évoluer leurs politiques.
Je ne me prononcerai pas quant à savoir si Max Havelaar y parvient vraiment ou pas, je n’en sais rien ; mais je constate que personne de toute façon n’en sait rien non plus, et je constate que le débat n’a jamais été posé non plus de savoir quelles stratégies nous avons pour transformer les pratiques de la grande distrib tant qu’elle existe.
Vu qu’on considère qu’une fois dit ’la grande distrib doit disparaître’ on a une position claire et on a réglé les questions théoriques et politiques.
J’appelle de mes voeux un monde où l’échange serait libre (au sens de non-contraint) et rémunérateur, et je pense que les situations de monopoles et la violation des droits économiques et sociaux qui caractérisent les FMN ne le garantissent pas.
Mais je vois aussi autour de moi des pouvoirs d’Etats qui mènent des guerres et conduisent la répression sociale à grands renforts de politiques publiques ; ça me laisse à penser que les Etats n’ont pas franchement cédé sous le joug de la globalisation mais qu’ils ont plutôt choisi de changer de discours, de formes, de modes d’actions.
C’est bcp plus concret que "les pouvoirs occultes" ou les "accords informels" !
J’arrête là mais il y aurait encore bcp à commenter.
Arrêtez le fantasme et plongez vous dans le politique vous verrez ça bouleverse les perspectives.
Mélo
1. > Commerce équitable néolibéral et véritable commerce équitable (suite)..., 23 juillet 2006, 13:19
Bonjour Madame,
Je réponds à vos critiques, dans la mesure du possible et avec mes moyens...Les batailles d’ego à ego ne m’intéressent pas, je préfère le débat d’idées...Je n’ai rien contre vous et je ne vous connais pas...
Premièrement, je n’ai fais que citer un livre avec lequel je suis en accord, et en y ajoutant quelques petites remarques pas toujours argumentées, il est vrai...
Mais si vous prenez la citation telle qu’elle est et surtout si vous lisez le livre de Christian Jacquiau (je vous y encourage), vous verrez que l’auteur se base sur la réalité, à l’opposé des discours abstraits, mensongers et trompeurs de l’association Max Havelaar par exemple....Non ? Il faut analyser tout cela...
Je ne suis pas d’accord avec vous dans toutes vos remarques et je trouve que votre interprétation est parfois rapide et facile.
Bien sûr, je peux faire des erreurs d’analyse, etc., mais mon but c’est de comprendre et d’avancer...
La moralité et l’éthique sont présentes dans ce sujet, puisque nous parlons de "commerce équitable", à moins d’avoir un raisonnement mécanique sans idéal...non ?
En gros, le but du message, c’est d’arrêter de dormir !, ne voyez vous pas que Max Havelaar, la grande distribution et autres multinationales, le gouvernement français néolibéral, ont récupéré le commerce équitable pour en faire un commerce équitable à minima qui nous fera pas vraiment avancer ???...Dans votre critique, vous ne parlez même pas de commerce équitable...Comment vous, vous voyez le commerce équitable ?
Je ne suis pas contre les ONG ou contre la société civile ! Au contraire.
La société civile, dans le temps, est l’acteur primordial de la société qui pourrait changer les acteurs politique et économique...Non ? Et pourquoi pas des partenariats si ils sont authentiques ??? Mais aujourd’hui, il y a encore de nombreux obstacles...
Mais je trouve qu’il manque de l’idéalisme (le but), conjugué au réalisme (les moyens ; et la fin et les moyens sont intimement reliés...), au sein des organisations de solidarité internationale...Prenez l’exemple de "l’auberge de la solidarité" sur internet et rappelez vous que les débats sur le TCE étaient interdits sur la liste pendant la campagne référendaire...Non ? C’est bizarre...
Pour moi, la société civile mondiale est dans une certaine crise d’identité...Voir notamment le livre de Nicanor Perlas, "La société civile, le troisième pouvoir - Changer la face de la mondialisation". Juste quelques questions de fond : quelle est la place de la société civile ? Sa sphère d’activité ? Son rôle ? Quelles relations devrait-elle entretenir avec les pouvoirs économique et politique ? Les risques de récupération et d’instrumentalisation ?
La société civile, c’est la sphère des citoyens, des collectifs, des associations, des ong, etc., mais pas des entreprises multinationales ! C’est la sphère du pouvoir culturel (les idées, les pratiques alternatives, la quête de sens, etc.) qui peut participer à la transformation sociale de la société...Non ?
Ensuite, je ne fabrique rien, j’ai juste transmis un citation qui me paraît intéressante...
Et où sont vos arguments ? Quel dogme est fabriqué dans cette citation ???
Et je ne suis pas l’avocat de Christian Jacquiau :)...
Si si le militant est trompé, quand on lui dit que le "commerce équitable va changer les rapports marchands, et transformer le monde", alors que les mêmes font tout pour enfermer ce commerce équitable là dans la grande distribution foncièrement inéquitable !!! Vous ne voyez pas de problèmes là dedans ??? Même en utilisant la loi (voir la loi du 2 août 2005)...
Le pouvoir politique français actuel n’est-il pas horrible ??? En plus du commerce équitable, regardez toutes ces lois mortifères qu’il nous a pondues ces derniers temps, sur :
l’immigration jetable, la prévention de la délinquance (porte ouverte à un Etat totalitaire !), les ogm, le nucléaire, etc. etc. Et quels secteurs de la société ne sont pas touchés par le "néolibéralisme élitaire" ??? Qu’est-ce qui n’est pas attaqué par ce dogme là défendu par les élites économiques et politiques du monde entier ???...
Alors oui, il faut le dire, le gouvernement français, avec les marchands d’illusion, ont récupéré le commerce équitable pour vendre plus de produits sans changer le monde...mais en nous trompant au passage...Puisque le commerce équitable devrait être relié à toute une filière économique donnée...
Tristan Lecomte, pdg d’Alter Eco (concessionnaire de la marque Max Havelaar) ose pourtant se moquer du monde dans ses publicités : "Comme c’est si bon de changer le monde"...???
Ou encore le fameux slogan de Max Havelaar, contradictoire à de nombreux niveaux... : "Achetez du café équitable pour dormir tranquille"...???!!!
Cela s’appelle des mensonges...
"Populisme anti-ong" ? Non pas du tout, je dirais juste que je crois dans les capacités de la société civile mondiale, seulement les risques de récupération et d’instrumentalisation sont présents partout...
Bien sûr que les ong jouent un rôle important, surtout les ONG écologistes, seulement je connais un dossier, que je ne veux pas présenter pour l’instant, où elles ne veulent pas s’engager et je me demande pourquoi...Mais ce ne sont pas les élites au pouvoir qui vont changer les choses, il suffit d’analyser un peu la situation pour le percevoir, non ?...
Pour l’instant l’Etat est prisonnier des institutions internationales élitaires telles que le FMI, la Banque mondiale et l’OMC...Chirac, Raffarin, De villepin, Sarkosy...Ce ne sont pas des représentant véritables des citoyens...Quels intérêts défendent-ils ?
Je ne vous prends pas du tout pour une imbécile, j’essaye de transmettre mon point de vue et je peux me tromper...
Bien sûr que les institutions élitaires internationales et les "représentants" des différents Etats sont liés entre eux et ils défendent la même "mondialisation néolibérale élitaire" contre les peuples et les citoyens, pour que le monde cesse de bouger...Voir aussi l’AGCS.
Dire cela, c’est de la dépolitisation, de la désinformation et de la moralisation ???...
Merci d’argumenter.
Pour moi, dans la société, il y a trois types de sphères d’acitivité : l’économie, la politique et la culture.
La vie politique et juridique aboutit finalement à l’élaboration du droit, de lois, de règles, etc., pour encadrer la société et évoluer vers plus d’égalité entre les êtres humains...Or, aujourd’hui, le droit est utilisé pour servir les intérêts égoïstes des élites, des multinationales, etc., donc pour toujours plus d’inégalités !
L’économie devrait servir à satisfaire nos besoins fondamentaux, dans la fraternité et la solidarité...Or, aujourd’hui, les élites veulent mettre en place la "guerre de tous contre tous", la concurrence faussée dès le départ, les monopoles, etc....
La vie culturelle, d’où devraient jaillir plein de nouvelles idées pour changer le monde, modestement et pacifiquement...Chacun(e) peut penser librement...
J’ai bien aimé la campagne "OMC 10 ans ça suffit !"...mais un an après, le fait de mieux comprendre l’association Max Havelaar, me fait penser que cette association se moque du monde !...
Encore une fois, je ne rejette pas toutes les ONG, bien au contraire...
Faciliter les débats ?...
Pour moi, le "néolibéralisme mondialisé", brièvement, c’est cela : "l’économie monde actuelle est caractérisée par la rente, les monopoles et le néo-mercantilisme", la concentration, l’exploitation des hommes, des femmes et des ressources naturelles, etc.
Seulement, cette économie néolibérale mondialisée oublie que l’être humain n’est ni une marchandise ni un robot et que le monde a des ressources limitées...La science économique actuelle est-elle humaine ???...Dans leurs abstractions dangereuses, les élites tentent d’oublier et de nous faire oublier la réalité...Non ?
Les médias sont contrôlés par elles et c’est une situation vraiment dramatique...
La critique ne suffit pas, il faut construire...Mais pour construire il faut bien un cadre...Or ce cadre, les élites tentent de le détruire jour après jour, non ?
Construire des alternatives, voilà qui est important et qui presse, d’où l’intérêt de dénoncer les fausses alternatives telle que le "commerce équitable" à la sauce Max Havelaar dans la grande distribution ! En plus, l’association Max Havelaar, très richement subventionnée, fait de gros bénéfices...
Mais il y a d’autres types de commerce équitable et on pourra toujours l’améliorer si on s’engage dans la « bonne direction »...
Je suis d’accord avec vous : travailler sur les processus de formation des prix...Qu’est-ce qu’un "juste prix" ? Ou un "prix équitable" ? etc. Là tout de suite, je ne vais pas développer tout cela, mais il serait très important de la faire !
Comme de s’intéresser à la nature de l’argent, les différentes formes que l’argent peut prendre, etc.
Car, il s’agit de penser à la quantité mais aussi à la qualité...
Dans le système néolibéral actuel, on le voit, le but final et fatal, c’est "accumulez le plus d’argent possible braves gens"...Accumuler pour quoi faire ? Quel sens ???...
Les politiques ne devraient pas diriger l’économie mais plutôt l’encadrer...Des règles pour des conditions de production et de travail plus dignes et écologiques, des contrats avec des garanties, un revenu minimum citoyen, etc.
Si vous ne savez pas par rapport à Max Havelaar, je vous conseille le livre de Christian Jacquiau, "Les coulisses du commerce équitable"...Tout n’est jamais dans un seul livre, mais là vous aurez une vraie enquête très intéressante et objective...
Pour mieux connaître les pratiques de la grande distribution, voir "les coulisses de la grande distribution" du même auteur par exemple...
Très brièvement, ces pratiques sont foncièrement inéquitables (« marges arrières », prix d’achat très bas et écrasement des fournisseurs, toujours plus de volume, etc.)...Il faudrait développer des systèmes de distribution ancrés véritablement dans les territoires, les "circuits courts", la vente à la ferme ou sur les marchés, etc. Réguler les échanges mondiaux, arrêter le dumping des produits alimentaires qui tuent les cultures vivrières au Sud, arrêter la dette, les délocalisations, etc etc. 30 000 à 40 000 agriculteurs (ou paysans) disparaissent chaque année en France à cause des pratiques et des « exigences » de la grande distribution française !...
Michel Edouard Leclerc et d’autres sont aveugles ! Ils ne voient que les volumes et les marges qu’ils vont pouvoir se faire...
Si il y a des règles pour encadrer l’économie, les échanges ne peuvent pas être "libres" mais régulés pour préserver le "bien commun"...La "liberté" c’est plutôt dans le domaine de la vie culturelle qu’on peut la vivre...Non ?
Si vous voulez la liberté totale dans l’économie, vous avez alors l’égoïsme d’un patron de ABB par exemple, "je fais ce que je veux" !...
Je crois plutôt que la solidarité devrait être notre guide dans l’économie...Cela n’empêche pas les initiatives, la liberté de prendre des décisions, etc.
J’ai pas toutes les réponses...je cherche...
Et les ressources sont limitées...
Et on pourrait faire un lien entre ce que vous dîtes des guerres et de la répression sociale conduites par les Etats et les "pouvoirs occultes" et les "accords informels"...Tout cela est étroitement lié...Mais c’est un vaste sujet que je ne vais pas aborder ici...
Mon but n’était pas de blesser mais d’échanger, en espérant que vous serez un peu d’accord avec moi...
Cordialement
Olivier