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"Communiste" n’est pas un gros mot

Publie le mercredi 14 novembre 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

de Jean Baptiste Marcellesi, linguiste, membre du PCF.

À lire certaines contributions ou interviews, le mot "communiste" serait un terme dont nous devrions nous débarrasser (et débarrasser l’espace français) au plus vite. Cela suffirait à créer une force de gauche formidable.

Il n’y aurait qu’à faire participer massivement les non-communistes à la décision à prendre sur la destinée de l’organisation des communistes ! En somme on ferait ce qui a donné en Italie les résultats que l’on sait. Cela serait, paraît-il, le remède miracle au petit nombre de voix du PCF.

Même s’il ne devrait plus alors y avoir du tout de voix communistes (à moins de créer un ou deux partis communistes, comme en Italie). Et le sort des Veltroni, Napoletano et autres D’Alema français témoignerait non pas du succès d’une politique de gauche mais de leur capacité à faire celle d’une droite soft…

Une autre raison pour que la référence communiste disparaisse énonce que le PCF serait trop fort et que cette force ferait peur aux autres militants et formations de gauche. Pas assez fort, trop fort, on ne sait plus très bien. Il aurait aussi le tort d’être encore guidé par feu le centralisme démocratique, alors que dans son sein il ne peut même plus y avoir d’exclusion et que les débats battent leur plein.

Contrairement à d’autres partis français. Pourtant, de 1920 à aujourd’hui, pour ce qui est de la politique de la France, le PCF peut être, plus que tous les autres, fier de son passé et de son présent.

Alors voilà, avant de parler d’autre chose, ce que je dis de la question de la dénomination : le PCF peut ne pas s’appeler parti, ni se qualifier de français ; il peut se caractériser comme nouveau, rénové ou du XXIe siècle. Mais ne doit en aucun cas perdre la référence au communisme dans sa dénomination.

Cela n’empêche aucunement un rassemblement ou un front avec d’autres partis, formations ou organisations de gauche comme il y en a eu avec lui au moment où il faisait partie de la SFIC ou, après, quand il avait comme référence l’ensemble soviétique. À la Libération et après, premier parti de France, il a accepté pendant plusieurs années que le président du Conseil des ministres ne soit pas pris dans ses rangs.

En maintenant son identité mais en respectant ses alliés il pourra demain, à sa place, être un élément du nécessaire front de gauche, quels qu’en soient la périphérie, le nom et les conventions, et qui nous a tant manqué en 2007.

http://www.humanite.fr/2007-11-13_T...

Messages

  • Un gros mot ? Encore moins en France qu’ailleurs ! Y a-t-il, dans ce pays, depuis 90 ans, un quelconque progrés humain qui ne doivent pas quelque chose aux communisme et aux communistes ?

    CN46400

    • et que les débats battent leur plein.

      Cette phrase est très rassurante pour la démocratie, ce qu’on ne voit pas à l’ump en ce moment, par exemple.

      Ces grands débats au sein du PCF montrent la capacité des communistes à se rénover de l’intérieur, depuis la base, et il en sortira forcément quelque chose qui ne manquera pas de fédérer autour de lui. Ca pourrait bien séduire les jeunes aux idées solidaires, authentiques et sincères.

      Les communistes semblent atteindre l’âge de maturité pour relancer la gauche et le fameux contre-pouvoir, que le PS vient d’abandonner lamentablement (grosse faute historique) au profit du libéralisme et de Sarko, dont sa politique ne représente semble-t-il que lui-même, c’est ce qui est fort angoissant d’ailleurs, car il nous montre la porte qu’il veut ouvrir, c’est à dire celle de la mise ne place de la dictature en France, comme en Europe. Merkel est sur ses gardes.

    • j’ai été très heureux de lire cet article écrit par l’ éminent personnage qu’est J.B Marcellesi, tout d’abord parce que je partage tout à fait son point de vue sur le mot "communiste" et tout ce qui va avec. Ensuite de le savoir encore membre du Parti Communiste, alors que beaucoup d’autres sont partis en prétextant des raisons plus ou moins valables, en tout cas presque toujours empreintes d’opportunisme. Pour finir sur une note affective, je garde de lui un excellent souvenir comme profeseur de français lors de son trop bref passage au Lycée Fesch d’Ajaccio.
      Jérôme. Caccavelli

  • Je partage l’avis de ce camarade et il semblerait que vu ce que j’entends autour de moi et ce que je lis la forme parti serait à remettre en cause. Par contre le terme communiste semble nécessaire pour ne pas nous tromper ni tromper les autres sur le contenu de la marchandise.

    JP VEYTIZOUX

  • Certes ce n’est pas un gros mot, mais pas non plus une marque déposée dont le PCF serait le seul détenteur.

  • Certes le parti n’est pas le seul détenteur du mot communisme.

    Mais bien sûr le parti se doit de s’y référer.

    Quant à la forme parti, serait-il advenue une forme plus efficace ?

    Permettez-moi de dire que j’en doute,

    qu’il y a peu à gagner à mon sens, d’envisager des contours flous d’une structure équivoque ;

    que le pire serait de renforcer encore des prise de becs d’ex dirigeants en disgrâce, jouant le jeu de l’adversaire losque les militants s’esquintent au quotidien des luttes ;

    alors que d’autres, quoique minoritaires, savent, depuis toujours, s’exprimer simplement aux débats de congrès, s’enrichir de la pensée de tous, pour se plier ensuite aux choix majoritaires, préfèrant ce qui nous uni plutôt que ce qui nous divise.

    Alors oui, le communisme est l’avenir humain, comme une exigeance d’idéal, comme un besoin de progrès.

    Salut fraternel.

    le Rouge-gorge