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Connaissez-vous le capitalisme Ponzi ?
Publie le lundi 21 avril 2008 par Open-Publishing4 commentaires
Le capitalisme Ponzi.
En janvier 1920, à Boston, un petit escroc imaginatif, Charles Ponzi, trouva une manière astucieuse de gagner de l’argent sans se fatiguer. La technique était simple : Ponzi achetait en Italie des « coupons-réponses internationaux » (IRC en anglais) – des timbres émis par la poste italienne – que les familles envoyaient dans leurs courriers à leurs membres émigrés aux USA pour qu’ils puissent affranchir leur réponse. Puis il revendait à l’US Postal Service ces coupons au prix en dollar du timbre américain – bien plus élevé que le prix en lires qu’il avait payé. Il prétendait profiter ainsi tout à fait légalement d’une faille dans le dispositif des postes internationales. (Aujourd’hui, dans les salles de marché des grandes banques, exactement la même technique est largement utilisée sous le nom d’« arbitrage », bien sûr pas pour des timbres mais pour des titres ou des devises).
Ponzi créa une société, la Securities Exchange Company, et promit un rendement de 50% en 45 jours. Les premiers investisseurs reçurent en effet la rémunération promise, et la nouvelle se répandit rapidement. En quelques mois, 17000 épargnants furent attirés par la perspective de gains rapides, et confièrent à Ponzi plusieurs dizaines de millions de dollars. En août, on s’aperçut enfin qu’il rémunérait les premiers investisseurs avec les sommes confiés par les suivants, sans avoir acheté pratiquement le moindre coupon-réponse en Italie. Il fut arrêté et son système s’effondra brutalement. Les journaux blâmèrent la naïveté et la cupidité des épargnants floués.
La « chaîne de Ponzi » est devenu un cas d’école d’escroquerie financière, et a suscité depuis de nombreux imitateurs, comme les fameuses pyramides albanaises de 1995-96, qui avaient attiré plus de la moitié de la population du pays en promettant des rendements de 40% par mois. Après l’effondrement, la presse occidentale s’est bien sûr gaussée de la naïveté de ces Albanais qui confondaient capitalisme et casino.
Le parallèle est pourtant évident entre la chaîne Ponzi et le système financier actuel. Certes, la finance internationale ne promet pas 40% par mois, mais seulement 15% par an. Le jeu est donc moins explosif, et peut durer plus longtemps. Mais au fond les mécanismes se ressemblent étrangement.
Comment les Bourses ont-elles pu depuis 20 ans garantir aux investisseurs des rendements moyens aussi élevés ? Bien sûr, d’abord en mettant en coupe réglée les entreprises et les salariés, par le chantage permanent à la fuite des capitaux que permet un système financier totalement libéralisé.
Mais un effet de type Ponzi joue aussi un rôle majeur, par l’afflux permanent de nouveaux investisseurs qui permet de faire grimper les cours et de servir les rendements promis. Fonds de pension de salariés, émirs du pétrole, fonds d’investissements et hedge funds, milliardaires d’Amérique Latine, de Russie et maintenant d’Inde et de Chine, fonds souverains des pays émergents..., tous ont afflué sur les marchés pour profiter de la fête, gonflant la bulle financière et immobilière. Avec, pour couronner le tout, l’endettement des chômeurs et salariés pauvres états-uniens, enrôlés dans la danse par un système financier avide de nouvelles recrues. D’où le développement démentiel des « subprimes », ces prêts immobiliers dont la charge de remboursement, presque nulle les premières années, devient ensuite écrasante pour des débiteurs pauvres et précaires. Mais très rentables pour les banques qui se sont empressées de refiler sur les marchés financiers ces créances douteuses empaquetées dans de jolis titres – les ABS, SIP et autres SIV...
Curieusement, aucun produit de cette « finance créative » n’a repris de Ponzi le sigle IRC. Regrettable ingratitude envers un précurseur qui avait si bien compris l’essence du capitalisme financier. Le jeu est-il fini ? Certainement pas. Le krach financier aura des conséquences lourdes pour les populations. Mais si ses règles ne sont pas radicalement modifiées, le jeu reprendra ensuite son cours dément.
Ainsi la réforme des retraites annoncée par le gouvernement Fillon vise d’abord à faire baisser les pensions de la sécurité sociale par répartition pour favoriser l’« épargne retraite » par capitalisation. Et donc à réinjecter à terme quelques dizaines de milliards d’euros supplémentaires dans la chaîne du capitalisme Ponzi. Il faut vraiment être (au choix) aveugle, cupide ou irresponsable pour vouloir détourner l’argent des retraites dans ce maelstrom financier.
Thomas Coutrot.
Messages
1. Connaissez-vous le capitalisme Ponzi ?, 21 avril 2008, 15:27
En fait tout est organisé pour que les salariés aient une retraite minable. Pour cela, l’Etat préfère verser le rmi d’un côté et de l’autre il laisse les patrons licencier les + 50 ans, pour leur verser une retraite qui n’atteindra pas les 164 annuités, faute d’avoir travaillé à temps plein. Tout le monde est touché par le chômage. C’est pour cela aussi que certains "encore privilégiés" s’empressent d’aller ouvrir une "assurance retraite, soit par capitalisation" sans penser que ce qu’ils versent par mois ne remplacera jamais l’équivalent d’un salaire. Il faudra donc compter sur le principe de solidarité, soit par répartition, qui est encore le système le plus astucieux et le plus bénéfique pour les salariés, quelque soit leur salaire.
Le drame, c’est que tout le monde ne sait pas encore que les retraites versées aujourd’hui sont payées par le principe de solidarité des salariés actuels, et ainsi de suite à chaque génération. La plupart croit qu’elle paie ou qu’elle épargne directement pour sa retraite, c’est faux ! Ca ne suffirait pas !
Et puisqu’on parle d’argent, l’Angleterre et l’Ecosse touchés par l’affaire des "subprime", a décidé de renflouer avec l’argent public les banques atteintes par ce mal, mais en contrepartie ces banques ont été nationalisées, puisque l’avancement de cet argent s’est transformé en "actions" de l’Etat.
Au pays du libéralisme, voilà que les Etats jouent la carte d’un certain communisme. Faut pas désespérer alors, tout arrive à qui sait attendre !
2. Connaissez-vous le capitalisme Ponzi ?, 21 avril 2008, 18:27, par Copas
Immense différence avec l’époque : Maintenant on n’arrête plus et, bien au contraire, la banque centrale se dépêche de renflouer les teneurs de pyramides....
Signe des temps....
Considérons un peu différemment les choses ....
Le pognon qui coule à flot, pourquoi n’irait-il pas directement aux emprunteurs pauvres qui sont actuellement dans la merde, ne pouvant soutenir des crédits disproportionnés ?
Plutôt que de continuer à beurrer sur tranche les grandes banques et leurs bénéfices qu’il faut maintenir envers et contre tout, pourquoi les banques centrales n’aident-elles pas directement ceux qui sont dans la misère, les déshérités, travailleurs pauvres sur endettés ?
1. Connaissez-vous le capitalisme Ponzi ?, 21 avril 2008, 19:43, par bipède
Oui, "la banque centrale se dépêche de renflouer les teneurs de pyramides", au lieu de renflouer les gens qui ont été floués par les mensonges des prêteurs, et qui ont vraiment besoin de justice.
Parce que l’ "Europe" qui nous a été vendue -ou imposée de force- n’a rien à voir avec l’habillage sous lequel on nous la présente. Cette Europe est celle de la finance libérale et internationalisée, elle n’a d’autre finalité que de développer et protéger les intérêts de la finance libérale internationale.
Cette Europe est l’exact contraire de celle des peuples que beaucoup d’électeurs ont cru choisir avec enthousiasme. C’est pourquoi elle hait tant les nations et les états, à qui elle ne laisse aucun pouvoir de décision sur leur propre destinée. Et elle accuse de nationalisme (et d’entrave à la libre concurrence) toute personnalité qui exprimerait l’idée de protéger ses ressortissants contre les prédations de la finance.
On n’a pas voulu l’acheter pourtant, mais on nous dit qu’on doit quand même la payer.
Et quels sont les politiques de notre paysage qui crient actuellement, qui dénoncent cette escroquerie ?