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Contre le CPE le mouvement social s’élargit
Publie le lundi 30 janvier 2006 par Open-Publishing8 commentaires

de Paule Masson
Chaque jour, la mobilisation pour exiger le retrait du contrat première embauche grossit. Une semaine après avoir annoncé la création d’un contrat spécifique pour les jeunes de moins de vingt-six ans, le gouvernement a réussi à s’attirer les foudres de toutes les organisations de jeunesse, de sept syndicats de salariés sur huit, de tous les partis politiques de gauche et d’une partie du mouvement associatif.
Trois jours après l’annonce de la création du CPE, onze mouvements de jeunesse ont lancé, le 19 janvier, un appel au retrait du CPE, considéré comme "une insulte à la jeunesse". Elles se sont immédiatement adressées aux syndicats de salariés, qui en quelques heures ont répondu présent. Ainsi, mardi dernier, la CGT, la CFDT, FO, la CFTC, la FSU, l’USA (auquel s’est joint Solidaires), avec les organisations lycéennes et étudiantes, UNL, UNEF ont appelé à une journée de manifestations dans toute la France le 7 février pour réclamer le retrait du contrat première embauche (CPE).
L’appel commun invite toutes les forces qui le souhaitent à appeler et défiler. Il propose aussi que le 31 janvier, jour d’examen du CPE à l’Assemblée nationale, mais aussi journée d’action déjà décidée par la CGT depuis plusieurs semaines, soit un moment tremplin pour faire monter la pression et préparer le 7 février. Depuis, la CGT a ajouté à ses mots d’ordre sur l’emploi et les salaires le retrait du CPE, et les organisations de jeunesse ont appelé à tenir des assemblées générales, actions, rassemblements ce jour-là. « La multiplication des rendez-vous favorise des perspectives plus coordonnées par la suite », s’est réjoui Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.
Le gouvernement a tellement pris au sérieux ces signes de mobilisation qu’il a immédiatement décrété le passage en force, prévoyant l’examen du CPE, intégré à la hâte dans le projet de loi sur l’égalité des chances, dès le 31 janvier. Le sang des députés n’a fait qu’un tour. Toute la gauche, du PCF au PS en passant par les Verts, a dénoncé ces méthodes expéditives. « Le gouvernement craignait un mouvement, il a fait un calcul par rapport aux vacances scolaires et universitaires », a accusé François Hollande. Le premier secrétaire du Parti socialiste a considéré que, dans ce cadre, la mobilisation doit être « totale ». Alain Bocquet, président du groupe communiste à l’Assemblée nationale, a critiqué une décision destinée à « prendre de vitesse le mouvement social » tandis que la numéro un, Marie-George Buffet, a appelé le PCF à mettre toutes ses forces dans la bataille. L’ensemble des partis de gauche pourrait profiter d’une rencontre prévue le 8 février prochain pour affiner une riposte commune.
Loin de provoquer du dépit, le premier ministre n’a fait que rajouter des motifs à la fronde. Jeudi, lors de sa conférence de presse mensuelle, il a donc tenté, en vain, de désamorcer ce vent de riposte, qui, en quelques jours à peine l’a placé sur la défensive. Jurant avoir proposé une « mesure antiprécarité », Dominique de Villemin a cherché a à reprendre la main en énonçant les « contrevérités » des détracteurs de son contrat. Mais s’il a répété que « le contrat première embauche est un vrai contrat d’entreprise, avec une vraie rémunération qui ne peut évidemment être inférieure au SMIC », que les victimes d’un licenciement au cours de la « période de consolidation de deux ans », auraient des « protections », comme un délai de préavis avant rupture de contrat (15 jours) ou une indemnité pendant deux mois après quatre mois passés dans l’entreprise, il s’est bien gardé d’argumenter sur l’essentiel : le droit accordé pendant deux ans aux employeurs de licencier sans avoir à se justifier de sa décision. Or, sans motif, pas de responsabilités sociales à assumer vis-à-vis du licencié, et surtout pas de contestation possible. Le premier ministre libéralise le licenciement, en annihilant les protections qui l’entoure pour les CDI comme, du reste, pour les TDD. Le président de l’UNEF, Bruno Julliard, a d’ailleurs estimé que le premier ministre construisait « un parcours solide d’accès au licenciement ». Le gouvernement a pensé un peu vite avoir remporté une manche décisive en imposant l’été dernier, par ordonnance, le contrat nouvelles embauches, réservé aux entreprises de moins de vingt salariés. La relative absence de réaction à ce sérieux coup de canif dans le Code du travail lui a donné des ailes pour annoncer, avec le CPE, une première extension du NE. Mais il n’a fait que convaincre un peu plus de sa volonté de réformer plus globalement le contrat de travail.
Messages
1. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 30 janvier 2006, 15:17
Il est évident que le CPE est une étape supplémentaire vers une déréglementation rampante du droit du travail… à ce titre il doit être évidemment combattu. Il est indispensable de faire un maximum d’information sur le sujet… tous les jeunes, et même au-delà sont concernés. La plus grande solidarité doit se manifester.
Maintenant quoi faire ? La question n’est pas simple et mérite d’être posée. En effet, si l’on tire les leçons des mobilisations précédentes on ne peut qu’être inquiet. Manipulées par des organisations politico syndicales plus ou moins honnêtes,… j’entend par là que seuls leurs intérêts politiciens les intéressent, les mobilisations terminent généralement en « queue de poissons ». Ces organisations nous laisseront tomber comme de vieilles chaussettes lorsqu’elles auront estimé qu’elles ont suffisamment engrangé d’avantages politiques. N’oublions pas que tous ces gens ont les yeux rivés sur les prochaines élections.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faille rien faire, bien au contraire, mais faisons le en toute autonomie par rapport à eux. Leur parole, y compris dans les médias, n’est que leur parole et pas la notre, même s’il proclament haut et fort qu’ils nous soutiennent… la branche soutien bien le pendu.
Mobilisons nous sur les lieux de travail et d’étude mais évitons la répétition des promenades traîne savates où l’on s’use et dans lesquelles ils vont irrémédiablement nous entraîner, pour eux passer à la télé comme ils font chaque fois. Evitons que leurs discours soient considérés comme nos paroles.
A défaut de ne pas nous démarquer et de recommencer les mêmes conneries que par le passé nous seront une fois de plus grugés.
Franck
1. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 30 janvier 2006, 19:02
Franck,
Je ne suis pas d’accord.
D’abord "ON" , c’est qui ?
Le CPE concerne en premier lieu des gens qui ne sont pas syndiqués.
Or le terme "traine savate" que tu emploies exprime selon moi un profond mépris de la seule forme possible d’expression populaire : la manifestation de rue.
Ensuite, tu demandes quoi faire, c’est une bonne question. Bonne et difficile.
Une autre question plus simple serait : que ne faut-il pas faire ?
J’ai quelques réponses :
– Premièrement, il ne faut pas se soumettre à l’idée que la politique n’a rien à faire la dedans.
En effet, c’est bien une décision politique prise par des politiciens, le CPE.
Il y a des enjeux electoraux, car ceux qui seront contents d’une adoption rapide de cette loi pour imposer ce nouveau contrat ne votent pas à gauche. L’opposition vient des milieux syndicaux, et nombreux sont ceux parmi eux qui ne sont pourtant pas menacés par cette décision.
– Deuxièmement, il ne faut pas accepter l’idée que le passage en force est légal. Cette histoire de contrat de travail est fondamentale, et le fait que cela puisse être voté rapidement devrait normalement faire réflechir toute personne qui possède un cerveau. Et dans ce cas, seuls des "traine-savates" peuvent infléchir la décision des parlementaires, puisque la majorité UMP est clairement pour l’adoption de cette modification très importante.
– Troisièmement, il ne faut pas d’un côté dire qu’ "ON" ne sait pas quoi faire, et d’un autre côte considérer comme non pertinentes les seules initiatives contre cette décision.
Maintenant qu’est-ce qu’"ON" pourrait faire ?
– Réponse naive, "ON" pourrait refuser de signer un tel contrat, mais "ON" n’aura sans doute pas le choix
– Réponse cynique, "ON" pourrait s’en foutre, puisque cela permettra effectivement à des employeurs de recruter de la main d’oeuvre jetable, et si vous aimez la pizza, vous l’aurez peut-être moins cher grâce à la précarisation et la baisse généralisée des salaires que cela induira.
– Réponse syndicale : Ils devraient annoncer maintenant qu’ils n’accepteront pas comme légal le CPE. cela signifie par exemple qu’ils devraient appeler à un arrêt immédiat du travail dans cette hypothèse.
– Réponse politique : je l’ai déjà dit, mais j’ai plus d’espoir : une menace de démission massive des députés de l’opposion serait une solution efficace. Comme de toute façon toute opposition est contournée par usure et ruse, cette méthode mettrait l’UMP au dos du mur. Fait le CPE mais SEUL !
Une réponse donc : courage politique.
jyd.
2. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 30 janvier 2006, 20:36
Qui est ON ? Toutes et celles et tous ceux, citoyennnes et citoyens ordinaires qui veulent vivre décemment sans être soumis aux lois du marché capitaliste.
J’oppose ON aux bureaucrates politiciens qui se foutent royalement de la situation de ON et ne pensent qu’au pouvoir… la Droite comme la gauche. Il suffit de voir ce qu’ils font les uns et les autres lorsqu’ils sont au pouvoir.
Je pense fortement que « la politique » au sens politicien du terme n’a rien à faire dans nos luttes, au contraire elle est celle qui entrave notre action. « La politique » comme tu dis n’a en fait rien de politique, il ne s’agit que de magouilles bureaucratiques. Ce que peuvent proposer les organisations dites politiques n’a rien à voir avec les aspirations citoyennes. On a assisté à un véritable dévoiement de l’action politique par des maffias qui ne pensent qu’aux privilèges du pouvoir. Ces gens là ils n’ont rien à foutre dans nos luttes.
Ces mêmes gens qui disent nous soutenir seront les premiers à nous trahir… Souviens toi de l’entente CHIRAC-JOSPIN à propos des retraites à la conférence de Barcelone. Droite-Gauche même combat. Leur combat n’est pas le notre.
Franck
3. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 30 janvier 2006, 21:17
Franck,
Nous pouvons également nous poser la question : comment faire ?
Pour une organisation syndicale non étudiante, si elle ne participe pas à ce mouvement, elle va être taxée d’irresponsable, de ne pas prendre le train en marche, de freiner tout mouvement voire même d’empêcher tout mouvement de prendre corps, et si elle y participe elle va récupérer le mouvement à des fins électorales ou autres.
Soyons plus pragmatiques, positifs, moins calculateurs et essayons d’être efficaces.
Toutes les organisations étudiantes sont mobilisées, elles ont fait appel aux organisations salariales qui ont répondu présent.
Elles l’ont fait parce que ce contrat première embauche est un affront et surtout une plus grande précarité pour les jeunes.
Si le CPE passe le gouvernement ne manquera pas de le généraliser aux salarié(e)s. C’est un combat ou tout le monde est concerné. Les étudiant(e)s futur(e)s salarié(e)s et les salarié(e)s.
La réussite d’un tel mouvement en revient donc à nous tous.
Vouloir se démarquer des organisations des salarié(e)s c’est se priver d’une force dont le mouvement étudiant à besoin ; le résultat des derniers mouvements lycéens esseulés prouve l’inéfficacité d’une telle démarche (les derniers mouvements lycéens n’ayant pas été relayés par les syndicats ouvriers).
Pour le mouvement ouvrier, vouloir se priver du soutien du mouvement étudiant aura les même résultats.
Profitons du consensus général et allons à la bataille, je ne veux pas me priver de la puissance estudiantine qui a toujours été un excellent détonateur et catalyseur des mouvements de grande envergure et d’autant plus que des partis politiques vont s’investir également dans ce combat.
Ne repoussons personne avec des arrières pensées qui ne feraient que diviser.
Avançons tous ensemble pour une fois, nous avons le même objectif !
Esteban
4. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 30 janvier 2006, 22:54
Esteban, je n’ai aucune arrière pensée, et n’ai pas l’esprit calculateur... ce sont plutôt les bureaucrates installés ou en herbe (celles et ceux qui profitent des mouvements pour faire leur place dans les partis politiques) qui l’ont. Ce qui me fait dire ce que je dis c’est l’expérience passée. Ma méfiance vient des multiples magouilles et trahison qui ont sapé nos luttes passées. Cela dit il est bien évident que l’on ne peut pas exclure une organsiation du mouvement, au nom de quoi le ferait-on. Ce que je veux dire c’est qu’il faut être extrêmement vigilant et ne pas hésiter à dénoncer toutes les magouilles parce qu’il va y en avoir et tu le sais très bien.
Etre positif dans la lutte c’est aussi savoir choisir ses alliés et surtout dene pas être naïf.
Franck
2. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 30 janvier 2006, 15:30
l’article de Franck est très intéresant .oui il faut lutter contre ce Contrat Pure Escroquerie et il faut (re)trouver les chemins de la democratie ds les luttes, du respect des assemblées générales...,du débat syndical clair non politicien...
de plus ce n’est pas par 1 seule journée de mobilisation qu’on arrivera enfin à gagner....donnons -nous les moyens d’être majoritaires
els@
3. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 1er février 2006, 17:21
je me pose des questions concernant le CPE :
Bernard KOUCHNER est pour ! FABIUS est contre : il est pourtant le père des TUC et autres SIVP,
que penser ?
quelqu’un pourrait-il m’aider dans ma réflexion en m’apportant des éléments comparatifs entre ce qu’à fait la "gauche" au pouvoir et ce que fait la "droite"
merci d’avance
1. > Contre le CPE le mouvement social s’élargit, 1er février 2006, 17:52
En effet dans les TUC, SIVP, CNE, CPE ne cherchons pas de différences, les dindons de la farces sont toujours les étudiant(e)s et les salarié(e)s et les gagnants sont toujours les employeurs.
Donc il faut changer celà, est-ce trop tard ?
Pour l’instant, puisque c’est seulement le retrait du CPE qui nous unis, Soyons unis À PARTIR du 7 février et tenons le coup.
STOP au CPE !
Esteban