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Contribution de militant-e-s de la LCR investi-e-s dans le Collectif d’Initiative Unitaire National

Publie le mardi 26 septembre 2006 par Open-Publishing
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Cher-e-s ami-e-s, chers camarades.

Nous avons été dès le début partie prenante avec vous de l’appel Pour un rassemblement anti-libéral de gauche et des candidatures communes, il y a urgence !, et de la formidable dynamique de création des collectifs dans toute la France qui a suivi. En effet, nous avons fait le choix de nous associer à cette démarche non seulement en signant le texte fondateur, mais aussi en participant en tant que sensibilité à tous les travaux du CIUN et des CIULs. La LCR en tant que telle, de son côté, a d’abord adopté un statut d’observateur, puis a demandé après sa Conférence nationale au mois de juin dernier à bénéficier du même statut que les autres forces présentes au sein du CIUN et des CIULs, sans signer ledit texte fondateur, mais « avec la volonté d’aboutir », ce qui ne lui a pas été accordé.

Or dans cette rentrée politique marquée par l’inquiétant horizon du bipartisme que nous ménagent les médias et l’affrontement Sarkozy-Royal, nous avons surtout eu la confirmation avec la réunion nationale des collectifs du 10 septembre que le pari de réunir largement la gauche anti-libérale sur des bases claires pouvait être tenu. Notre organisation, à l’inverse, continue de penser que les clarifications qui devaient être apportées sur le refus des alliances gouvernementales et parlementaires avec les sociaux-libéraux, et particulièrement le PS, notamment grâce au texte Ambition - Stratégie - Candidatures adopté le 10, ne l’ont pas été. De notre point de vue, ce texte nous a semblé écarter la perspective de telles alliances, et nous est apparu acceptable. Mais si des précisions supplémentaires pouvaient être apportées pour que tout le monde se retrouve sur une base d’accord commune, la discussion méritait d’avoir lieu. Et puisque la LCR semblait ainsi accorder une certaine importance à l’amendement des Bouches-du-Rhône à ce sujet, il fallait y accorder plus d’attention. Certes, la LCR n’a pas formulé explicitement de demande à propos de cet amendement, mais son rejet expéditif lui permet de dire aujourd’hui qu’aucun pas n’a été fait en sa direction. Alors certes nous gardons notre liberté d’interprétation et d’appréciation de ce qui s’est passé, de ce qui se passe, et de ce qui se passera s’agissant de cette entreprise de mise sur pied des dites candidatures unitaires. Mais depuis le début, si nous nous battons pour que celles-ci voient le jour, c’est aussi pour que la LCR y prenne toute sa part, parce que nous voulons préserver la diversité du rassemblement de la gauche anti-libérale, et son équilibre politique. Il nous semble donc crucial pour l’avenir du dit rassemblement, que les tensions survenues ces derniers jours - suite notamment au communiqué de presse de la LCR, le 11 septembre, sur le bilan du 10, avec lequel nous sommes en désaccord - s’apaisent, et que les discussions se poursuivent.

Il a pourtant été plusieurs fois proclamé depuis le 10, au sein du CIUN, que l’accord politique a été trouvé, qu’il faut avancer, et qu’il faut rentrer en campagne. Sauf que l’accord politique n’a pas encore été trouvé avec une des composantes majeures de l’arc de forces qui a rendu possible la victoire possible du 29 mai, quelle qu’ait été sa volonté effective de parvenir à un accord. Et il est quelque peu paradoxal de vouloir rassembler, de se donner une vocation majoritaire, sans avoir tout fait pour ne pas partir amputé de la dite composante majeure du dit arc de forces ! Si des désaccords doivent être enregistrés jusqu’au bout du côté de la majorité de la direction de la LCR, notamment s’agissant de l’adoption du programme qui fondera le rassemblement et la campagne des candidatures unitaires de la gauche anti-libérale et de la désignation de son-sa candidat-e, il sera temps d’en tirer les conclusions qui s’imposent quant à sa présence. Ce qui, par parenthèses, vaut pour toutes les composantes présentes dans le CIUN. Mais en attendant, il nous semble que celui-ci doit tout mettre en œuvre pour se réunir lui-même, et pour le moins essentiel, que chacun-e se fasse un devoir de mettre au diapason de ce qui est dit, fait, écrit et décidé dans les cadres internes et ce qui est communiqué aux médias, pour éviter des malentendus regrettables. Comment devons-nous interpréter à cet égard ce que soutient Olivier Dartigolles, un des porte parole dont le CIUN s’est doté, dans la dépêche Reuters datée du 16 septembre : « les "trois B", ça n’existe plus, on ne peut pas faire la photo sans accord politique ». La lecture de L’Humanité du 11 septembre montre aussi les problèmes, voici ce qu’avance Marie-George Buffet : « La réunion de notre Conseil National a confirmé nos orientations de congrès, donc l’engagement des communistes dans une bataille qui permette à la gauche de battre la droite dès 2007, d’être majoritaire, mais pour être porteuse d’une politique qui change vraiment la vie des gens, qui se donne les moyens financiers, démocratiques d’une autre politique, les moyens de desserrer l’étau libéral européen. Cette démarche de contenus s’accompagne d’une volonté de rassemblement très large à partir de ces contenus. J’ai pu constater que cette ambition rejoint celle qui s’est exprimée lors de la réunion des collectifs où les propositions qui visaient à réduire le champ du rassemblement possible se sont heurtées au refus des participants, qui ont dit clairement : « Notre ambition est de donner la majorité à une politique de transformation sociale. » Le même jour, dans son édito, Pierre Laurent écrit ceci : « Au PCF, qui tenait Conseil National à Paris, la conviction est acquise que le potentiel existe dans le pays pour cela et que rien ne doit détourner des efforts pour rassembler ces forces à vocation majoritaire, jusqu’à les porter au pouvoir dès 2007. » On conviendra donc que l’accord politique conclu par le texte ASC demande certainement à être, de temps à autre, vérifié, au regard de ce qui précède et si l’on en juge par les déclarations lors de la fête de l’Huma visant à rassembler toute la gauche en oubliant de dire, comme le dit texte ASC le souligne, que la synthèse du PS réalisée au Mans, et le programme qu’il a adopté récemment, constituent précisément des obstacles majeurs.

Comme il a été dit plusieurs fois, n’insultons pas l’avenir, ne baissons pas les bras. Mais surtout, il nous faut visiblement avoir entre nous plusieurs débats, franchement, en marchant, en construisant le rassemblement, et en gardant la volonté de réintroduire la LCR toute entière dans le processus. Que PRS soit à part entière dans le CIUN et les CIULs, malgré le fait qu’ils-elles ne se retrouvent pas dans le texte ASC (pour des raisons symétriques de celles de la LCR) est certainement une bonne chose. Alors, ne faisons pas deux poids, deux mesures... Continuons les débats en avançant. De l’issue positive de ces débats dépend sans doute l’unité retrouvée.

Pour commencer, trois conditions pour réussir à relever le défi des candidatures unitaires de la gauche anti-libérales ont été énoncées par Christian Picquet et Léonce Aguirre dans une contribution des plates-formes 3 et 4 de la LCR intitulée Des candidatures unitaires de la gauche anti-libérale, c’est nécessaire... et c’est possible ! et distribuée à la fête de l’Humanité, nous nous bornerons à les résumer ici (s’y reporter pour plus de précisions) :

« Un programme de mesures d’urgence permettant de changer la situation en faveur des salariés et de la jeunesse, pour en finir avec le chômage, la régression sociale, la casse des services publics, la destruction de l’environnement... [...] » Ceci sera discuté dans les semaines à venir. L’accord sur la Charte anti-libérale permet d’être optimiste sur ce point.

« Un engagement clair et partagé de ne pas rééditer les expériences passées d’alignement sur le Parti socialiste et sa politique sociale-libérale, du type Union de la gauche ou Gauche plurielle. [...] » De plus, après citation des paragraphes du texte ASC consacrés à ce sujet, il est écrit plus loin : « Il est donc possible d’aller plus loin, de lever les ambiguïtés qui demeurent et d’envisager avec confiance la possibilité de porter tous ensemble un même projet politique qui réponde aux aspirations populaires. » Il nous semble que le jeu en vaut la chandelle !

« Des candidatures unitaires, aux législatives et à la présidentielle, qui permettent de fédérer l’ensemble des courants engagés dans cette bataille, dans le respect de la diversité d’un tel rassemblement et en lui assurant un fonctionnement pleinement démocratique. [...] » Plus loin, il est précisé : « Quant au nom qui devra figurer sur le bulletin de vote, il devra garantir que le rassemblement ne se fait pas autour d’une seule organisation (ce qui devrait conduire à ne pas choisir les dirigeants de premier plan des partis), et qu’il assurera la pluralité de la parole portée. » Ce qui fait écho à la position que la LCR a adopté en tant que telle : la candidature d’Olivier Besancenot sera retirée si un accord de fond est trouvé, et il ne sera pas candidat à la candidature du rassemblement, celle-ci ne pouvant être partidaire. De plus, rappelons ici ce qui a été formulé plusieurs fois au sein du CIUN : le choix du/de la candidat/e sera le fruit d’un double consensus : des organisations impliquées, et des collectifs national et locaux. Là encore, toujours à la lecture de la dépêche précédemment citée, des interrogations demeurent : « La secrétaire nationale du PCF a confirmé qu’elle espérait être désignée en novembre, au terme d’un processus engagé par 500 collectifs locaux, avec la volonté de devancer le PS au premier tour de la présidentielle et battre la droite au second. [...] Ses proches estiment que Marie-George Buffet a franchi une étape importante le 10 septembre, notamment parce que la proposition d’écarter les chefs de parti de la candidature à la candidature a été mise en minorité. » Plus de prudence semble devoir s’imposer, et un tel bilan du 10 ne correspond pas à la réalité des débats qui se sont tenus à cette occasion, et ne cadre qu’assez peu avec celui tiré par le CIUN le 12 !

Un dernier point suite à cette citation : il faut s’entendre sur ce que veut dire « gagner en 2007 ». La construction d’un rassemblement anti-libéral doit, nous semble-t-il, être appréhendé dans la durée. C’est un processus qui combinera sans doute des luttes sociales et des échéances électorales qui mesureront d’une certaine manière les rapports de force. Pour 2007, il est à craindre, au vu des rapports de forces actuels et de la pression du vote utile qui se fera de plus en plus pressante, que la gauche anti-libérale ne passera pas devant le PS au 1er tour. Cela n’empêchera pas de tout faire pour disputer à ce dernier l’hégémonie sur la gauche dès ces élections, et ce ne sera pas une mince victoire que d’avoir réussi à faire en sorte que la gauche anti-libérale mène campagne dans l’unité, et, pourquoi pas, avec un résultat à deux chiffres ! Ce sont là des objectifs intermédiaires raisonnables, et les moyens adéquats pour les atteindre ne sont pas hors de portée. Et on peut certes garder à l’esprit qu’« on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise », mais pas au prix de mettre en péril ladite unité de la gauche anti-libérale par des formules ambiguës. D’autant que prétendre que nous pouvons être majoritaires dès ce scrutin permet de faire l’économie de la clarté nécessaire quant à nos rapports avec le PS. Ce rassemblement que nous voulons contribuer à construire ne peut se permettre de décevoir.

Fraternellement,

Post Scriptum :
Léonce AGUIRRE, CIUL Montreuil-sous-Bois (93), CIUN ; Yannick BEAULIEU, CIUL Pau (64) ; Emmanuel CHANIAL, CIUL Paris 19e, CIUN (groupe de travail "Relations avec les collectifs locaux") ; Éric CHOPARD, CIUL Paris 10e ; Jean-François CLOPEAU, CIUL Deux-Sèvres (79) (en cours de constitution) ; Hendrik DAVI, CIUL Avignon (84) ; Jean-Pierre DEBOURDEAU, CIUL Dijon (21) ; Régis EYRAUD, CIUL Avignon - Monclar (84) ; Michel GUILLAUMIN, CIUL du Lot (46) ; Alain JACQUES, CIUL Bagneux (92) ; Jean MALIFAUD, CIUL Paris 14e, CIUN (groupe de travail "Élargissement") ; Monique MIGNEAU, CIUL Châtillon (92) ; Jean-Marc ROSENFELD, CIUL Houilles - Carrières-sur-Seine - Sartrouville - Montesson (78) ; Jean-Robert VELVETH, CIUL Paris 12e (en cours de constitution).

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