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Crise des banlieues françaises : OCTOBRE DES POLISSONS

Publie le mardi 7 novembre 2006 par Open-Publishing

Par N.E. Tatem avec ARGOTHEME

http://www.argotheme.com

Par cette intervention qui veut éviter de prononcer un traitement compassionnel, il est tenté de déceler la demande, pour ne pas la proclamer revendication, de cette jeunesse qui s’adonne à des débordements impardonnables. Mais ces incivilités, aussi inexcusables soient-elles, véhiculent bien le syndrome de reconversion de simples turbulences mornes, en requête de mise valeur de la citoyenneté en zone secondaire pour la rallier à celle de toute la société couvant d’inégalitaires quotidiennetés.

Première Partie : Le ricochet de la médiatisation.

Climat doux côté mercure, l’été se prolonge. Mais l’automne est annoncé déjà, les feuillages flétrissent aux éblouissantes couleurs du feu. Les échauffourées entre jeunes et policiers polluent ce charme ravageur envié à une saison qui a fait sienne de la lutte des classes et de son immense idéal qui a coupé le monde en deux, au niveau de l’axe européen où l’est et l’ouest divergeaient. Les pans qui restent d’un mur mythique ont fait des émules sur les frontières des USA/Mexique et Israël/Palestine. Faut-il expliquer, ici, la genèse du mur de Berlin. Et des fois sans qu’on les érige physiquement, des remparts insurmontables séparent les hommes. Ceux qui n’ont pas de barricades pour se faire entendre des dieux, s’attaquent donc à la représentation de la justice et aux symboles vulnérables pour disjoncter la société.

Faut-il dire réduire les émeutes en simple riposte de délinquance ébranlée dans ses fiefs par la répression de son économie secrète ? Certains analystes de ces actes de polissons s’offrent de labelliser ces méfaits de désespoir en livrant les bilans des prises de drogues des quartiers dits « sensibles ». Des fois les presses de tous bords feront bonnes et constructives mines en taisant l’amalgame entre le fléau multiséculaire de la truanderie et du piratage avec celui de la crise contemporaine mais combien persistante, des réactions violentes des habitants de zones urbaines bétonnées pour donner juste du répit aux habitants souvent installés en pays d’accueil pour le gagne-pain.
Oui la question du traitement médiatique de ces événements, sous le socle et la bannière d’une sacralisation malvoyante de l’ordre républicain, apporte du combustible au feu que l’eau au moulin faiseur de pain. On prétexte les révoltes pour un gage vénal. Les gens apprennent à commémorer non pas la mort de 2 lascars des bas-fonds mais 2 renardeaux inapprivoisés. Un millier de personnes se sont regroupées, un an après la mort des 2 jeunes de Clichy-sous-bois et les deux agents qui les ont traqué, se remettent, à l’authentification de leur malveillance envers de jeunes citoyens qui cachaient à vrai dire leur identité, nom et domicile, que leur bout de « chite ».

La lourde vérité, de la confrontation inégale de l’objet de terre face à celui de fer, emprunte souvent des chemins tortueux et elle escalade remparts et barricades pour parvenir à laver les souillures qui obstruent les pores pourvoyeurs de la mémoire.

Déstructurés, sans grades, sans perspectives, sans tribunes et mis en marge du bien-être de la patrie qui les a vu venir au monde, ne sont pas certes les raisons approuvables pour saccager au feu des bus, des magasins, des voitures et édifices qui répondent aux besoins collectifs. Par contre une cause est valable. Elle a la forme cynique d’un autisme des acteurs et corps constitués pour la médiation comme les médias, qui dégénère en facteur déstabilisant. Et elle incarne tout le contenu abjecte des pratiques de refoulement et de mise à l’écart des jeunes issus de ces cités faite pour le sommeil et où il est, depuis lurette, difficile de fermer l’œil.

à suivre : 2ème Partie : LA GRANDE EGLISE SANS LA CHARITE