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Cuba préoccupée par les menaces US

Publie le lundi 26 avril 2004 par Open-Publishing

LA HAVANE - Ricardo Alarcon croit que Cuba se trouve dans la ligne de
mire de l’administration Bush. Il pense que ce n’est qu’une question
de temps avant qu’une force d’invasion US n’intervienne pour imposer
un changement de régime dans l’île.

Tandis que les signes d’une action militaire en préparation passent
inaperçus aux yeux de nombreux états-uniens - dont certains
prendraient l’idée d’une invasion de Cuba par les Etats-Unis comme
une mauvaise blague - Alarcon, le président de l’Assemblée Nationale
Cubaine, a déclaré que les signes n’ont pas échappé à l’attention des
dirigeants cubains.

Il serait tentant de considérer de telles craintes comme une simple
poussée de fièvre - des hallucinations d’un gouvernement communiste
qui a été pendant 44 ans la cible d’un embargo états-unien visant à
étouffer le gouvernement de Fidel Castro - mais ce serait une erreur.
Ces signes rappellent dangereusement les préparatifs des Etats-Unis
pour la guerre en Irak. Au cours des mois qui ont précédé l’invasion
de l’Irak, le Président Bush et des hauts responsables du
gouvernement ont décrit le gouvernement de Saddam Hussein comme un
état totalitaire qui possédait des armes de destruction massive qui
pouvaient être utilisées contre les Etats-Unis. Deux mois avant
d’ordonner l’entrée des troupes en Irak, Bush avait brossé le tableau
effrayant d’un état voyou prêt à lancer une nouvelle attaque
terroriste contre les Etats-Unis.

A présent, un discours similaire est employé pour présenter le régime
castriste comme un danger pour la sécurité nationale des Etats-Unis.

Avant même que le premier coup de feu de soit tiré en Irak,
l’administration Bush semblaient avoir Cuba à l’esprit. "Les Etats
qui recourent au terrorisme et aux armes de destruction massive
doivent être arrêtés" déclara John Bolton, sous-secrétaire d’état au
contrôle de l’armement et à la sécurité nationale, il y a deux
ans. "Les Etats qui renoncent au terrorisme et aux armes de
destruction massive pourront se joindre à nos efforts. Mais les
autres doivent s’attendre à devenir nos cibles".

"une toute autre affaire ?"

Au cours d’une conférence de presse de la chaîne NBC l’année
dernière, le Secrétaire d’Etat à la Défense Donald Rumsfeld a d’abord
rejeté la possibilité d’une intervention militaire des Etats-Unis à
Cuba. Cependant, lorsqu’on lui demanda comment l’administration Bush
réagirait si Castro était soupçonné de détenir des armes de
destruction massive, il eut cet échange avec le journaliste Tim
Russert :

"Mais s’ils possèdent des armes de destruction massive, serait-ce une
toute autre affaire ?" demanda Russert.

"Dans la mesure où notre pays serait menacé... la première
responsabilité d’un gouvernement est de veiller à la protection et à
la sécurité du pays" répondit Rumsfeld.

Le mois dernier, Bolton aborda la question des menaces potentielles
que Cuba pourrait représenter lorsqu’il déclara devant la Commission
Internationale de la Chambre des Représentants "Je crois qu’il y a
une forte probabilité pour qu’un programme de recherche et de
développement d’armes bactériologiques soit mené à Cuba.
L’administration pense que Cuba représente toujours une menace
terroriste et bactériologique pour les Etats-Unis."

Comme pour l’Irak et ses armes de destruction massive toujours
introuvables, aucun élément ou information précise ne fut présenté
pour appuyer ces affirmations.

Une Commission Spéciale

Pour être bien clair, le Président Bush affirme qu’il veut "provoquer
la fin pacifique" du régime castriste. Pour cela le président a crée
l’année dernière une commission spéciale chargée de trouver des
moyens pour arriver justement à cette fin. La commission doit rendre
son premier rapport le 1er Mai.

Mais quelle que soit la position officielle de Bush, les officiels
cubains craignent, et se préparent, au pire.

Cuba "ne peut éviter un bombardement. Nous ne pouvons pas les
empêcher de débarquer. Mais nous pouvons garantir un enfer organisé
pour les envahisseurs," a déclaré Alarcon.

J’espère que le bourbier militaire et diplomatique dans laquelle
l’administration Bush s’est mis en Irak ne se répétera pas à Cuba.
Les Etats-Unis ne doivent pas être poussés à entrer dans une nouvelle
guerre par les effets de manche de ceux qui n’ont rien à y perdre
sinon leur réputation - et pour une cause qui n’est étayée que par
une rhétorique enflammée et non par des éléments irréfutables. Le
sang cubain et états-unien de doit pas être versé pour une si
mauvaise raison.

DeWayne Wickham - USA TODAY.