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l’Humanité des débats. Unité syndicale (11 octobre 2008)
Par Éric Thouzeau, membre du bureau de l’UGICT CGT (*).
Je fais partie de ces militants CFDT qui, en 2003, ont quitté cette organisation car il nous est apparu impossible de continuer à y défendre un syndicalisme de revendication, de lutte, de propositions et de négociation. Nous avons alors soigneusement combattu toute idée de créer une nouvelle organisation. Le choix de rejoindre la CGT nous est apparu naturel, car celle-ci développe notamment la notion de syndicalisme rassemblé. La division syndicale fragilise toujours le rapport de forces. La France est le pays qui compte le plus grand nombre de syndicats, avec un très grand nombre de militants (ça, c’est une richesse), mais sans doute le moins de syndiqués ! Pourtant, la plupart des syndicats sont membres des mêmes organisations internationales (CES, CSI). N’est-il pas temps de réfléchir aux conditions nécessaires pour avancer vers l’unification ?
Quatre points fondamentaux peuvent servir de socle commun à ce rassemblement.
– D’abord, mettre en oeuvre un syndicalisme qui s’appuie sur les aspirations des salariés et les traduit en revendications.
– Il faut aussi être irréprochable sur la démocratie. Il n’y a pas de rapprochement possible sans acceptation de points de vue différents.
– Troisièmement, la recherche permanente de l’unité : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise.
– Enfin, le syndicalisme doit être indépendant du patronat, des gouvernements, des partis et des Églises, ce qui ne veut pas dire neutre.
La syndicalisation et le rassemblement du syndicalisme sont deux enjeux auxquels nous sommes confrontés. Une adresse commune de tous les syndicats en direction des salariés pour qu’ils se syndiquent ne serait-elle pas un premier signe en leur direction, eux qui toujours plébiscitent l’unité ? Il y a besoin de créer la dynamique de l’unité en invitant les militants et les responsables de toutes les organisations, au plan local comme au plan national, à en débattre. Il est temps pour le syndicalisme de se recomposer afin d’attirer à lui le salariat dans sa diversité (ouvriers, employés, techniciens, cadres, chômeurs, femmes, jeunes…) et d’agir avec plus de force contre les attaques dont ils sont l’objet.
(*) Ancien secrétaire général adjoint de la CFDT cheminot, coauteur de Syndicalistes ! De la CFDT à la CGT (Syllepse, 2008).