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"DEMARCHE QUALITE" = PIEGE A NIAIS

Publie le mardi 3 juin 2008 par Open-Publishing
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Connaissez-vous la procédure de certification de qualité "ISO9001" ?

de Zozo 9001

Voilà une sacrée trouvaille (oh, déjà un peu ancienne c’est vrai) , un piège à géométrie variable dessiné sur mesure pour nos amis les patrons, le tout au niveau international s’il vous plait (comme quoi, la fameuse "internationale capitaliste" dont parlaient Marx et Engels, elle, n’est pas morte, contrairement à son pendant communiste.)

Qu’est-ce que c’est que cette bête-là ?

"La norme "I SO 9001:2000" définit les exigences pour les systèmes de management de la qualité, et elle est maintenant fermement établie comme la norme appliquée mondialement pour donner l’assurance de la capacité de répondre à des exigences qualité et d’augmenter la satisfaction des clients dans les rapports clients-fournisseurs."

C’est pas moi qui le dis, c’est le site web Iso.org, grand fournisseur /promoteur de cette norme internationale.

Ce même site vous explique tout de suite que :

« Les normes de la famille ISO 9000 représentent un consensus international sur les bonnes pratiques du management de la qualité. La famille se compose des normes et lignes directrices relatives aux systèmes de management de la qualité et des normes de soutien associées.
ISO 9001:2000 est la norme qui fournit un ensemble d’exigences normalisées pour un système de management de la qualité, indépendamment du domaine d’activité et de la taille de l’organisme utilisateur, et qu’il soit dans le secteur privé ou dans le secteur public. C’est la seule norme de la famille en fonction de laquelle les organismes peuvent être certifiés – bien que la certification ne soit pas une exigence obligatoire de la norme. »

Et surtout que :

« Les exigences relatives à un système qualité ont été normalisées – mais les organismes et entreprises aiment se considérer comme uniques. Comment ISO 9001:2000 permet-elle donc la diversité qu’illustrent, par exemple, une petite entreprise familiale, une multinationale de la fabrication ayant des composantes de service, un service public, une administration gouvernementale ?
La réponse est qu’ISO 9001:2000 établit quelles sont les exigences auxquelles votre système qualité doit répondre, mais ne dicte pas comment procéder pour y satisfaire dans un organisme particulier, quel qu’il soit. Ceci laisse beaucoup de latitude et de souplesse pour la mise en œuvre dans différents secteurs économiques et cultures d’entreprise ainsi que dans différentes cultures nationales. »

Toute l’astuce est là donc, dans l’établissement d’exigences de qualité auxquelles doit répondre l’entreprise, pardon, « l’organisme », mais sans dicter « comment y procéder, pour y satisfaire dans un organisme particulier, quel qu’il soit. Ceci laisse beaucoup de latitude et de souplesse pour la mise en œuvre dans différents secteurs économiques et cultures d’entreprise ainsi que dans différentes cultures nationales. »

Traduire : « il est laissé toute latitude aux patrons, en fonction de l’état de délabrement du droit social et du droit du travail applicables à l’entreprise, de le mettre profond à ses salariés en squizzant si possible ses Instances Représentatives du Personnel ».

Les principes de « management de la qualité » sont donc au nombre de 8.

Y’en a un sur « le leadership » (savoureux), un autre sur « le management par approche système » (incompréhensible)…

C’est le troisième principe et son explication qui sont particulièrement intéressants…

Ce principe 3 s’appelle « Implication du personnel ».

Il est dit dans cette rubrique que :

« Les personnes à tous niveaux sont l’essence même d’un organisme et une totale implication de leur part permet d’utiliser leurs aptitudes au profit de l’organisme.
Avantages clés :
· Personnel motivé, impliqué et engagé pour l’organisme.
· Innovation et créativité pour atteindre les objectifs de l’organisme.
· Membres du personnel responsables de leurs performances individuelles.
· Personnel soucieux de participer et de contribuer à l’amélioration continue.
Aspects découlant de l’application du principe 3 « Implication du personnel » :
· Le personnel comprend l’importance de sa contribution et de son rôle dans l’organisme.
· Le personnel identifie ce qui freine ses performances.
· Le personnel accepte d’être responsabilisé et d’assumer sa part de responsabilité à résoudre les problèmes.
· Le personnel évalue sa performance par rapport aux buts et objectifs individuels.
· Le personnel recherche activement des occasions d’accroître sa compétence, ses connaissances et son expérience.
· Le personnel partage librement le savoir-faire et l’expérience.
· Le personnel débat ouvertement des problèmes et des questions. »
Vous notez que l’entreprise même est noyée dans le concept « d’organisme », supposé pouvoir désigner n’importe quel type « d’unité de production ».

C’est beau comme du PPP...

Evidemment, quand on lit tout ça d’un œil non averti (traduisez quand on n’a pas « l’instinct de classe » ni la formation syndicale, ce que partagent environ 80 % des salariés du secteur tertiaire privé aujourd’hui), on ne se méfie absolument pas du discours en 100% pure « novlange » que vient vous débiter le « consultant » en « qualité » qui débarque dans vos bureaux pour un « premier audit », et vous raconte d’une voix mielleuse, toutes ces idioties valorisantes et tellement pleines de perspectives d’évolution et de développement pour vous, le « collaborateur » (vous qui venez de passer subrepticement déjà du statut de « salarié » à celui de « collaborateur » de l’ « organisme » avant de devenir « personnel »).

Mais pas de bol, quand ce malheureux consultant pointe sa tronche enfarinée dans le bureau du délégué syndical ou d’un représentant du personnel (sans en avoir été préalablement averti par le bouc émissaire salarié désigné dans la boite comme « responsable de la qualité »), il tombe rapidement sur un os.

Car l’oreille syndicale est en général assez exercée.

Elle filtre toutes les salades et les mots doux et ne garde que « nouvelles responsabilités pour certains salariés », « modification de l’organisation des ressources humaines », « nouveau management des compétences », « redéploiement du temps de travail » qui ne trompent pas même le néophyte.

En effet, et comme c’est bien expliqué, si les normes sont fixées de façon intangibles, la manière de parvenir à respecter ces normes elle, est totalement libre.

Ainsi, certains petits malins sont tentés de faire passer une restructuration complète de l’entreprise dans le dos des IRP sous couvert de « démarche de certification de la qualité ».

C’est ainsi que l’on apprend au détour d’une cafétéria que, dans le cadre de cette « démarche » , le règlement intérieur, les modèles d’instructions et de notes de service vont être « revus » ; que les salariés ont été questionnés sur leurs horaires, l’aménagement de leur temps de travail etc.

La paranoïa bolchévique (maladie gravement contagieuse, véritable fléau des entreprises modernes contre laquelle tout patron digne de ce nom doit impérativement lutter) sauve nos amis les IRP quand ils sont bien formés.

Ils constatent, comme c’est étrange, que par exemple, cette démarche commence exactement pile poil le premier jour ouvrable qui suit la fin des entretiens d’évaluation.

Que lors de ces entretiens, certains salariés se sont déjà fait sous entendre qu’ils devraient peut être « chercher du travail ailleurs ».

Que le « cahier des charges » de la « démarche de certification » n’a pas été communiqué ni au CE ni au CHSCT.

On apprend par « Radio-moquette » - radio « libre » souvent hyper bien informée -, que le « consultant » aurait même les dossiers de tous les membres du personnel…

Bref, on sent rapidement que tout ça peut tourner vinaigre, surtout en ces temps de casse du code du travail, de casse des droits des salariés, etc.

En conclusion, il faut être extrêmement vigilant quand se pointe dans votre boite Monsieur ou Madame démarche qualité certification ISO 9001.

Ne vous laissez pas piéger. Quand il va vous dire :

· Le personnel comprend l’importance de sa contribution et de son rôle dans l’organisme.
· Le personnel identifie ce qui freine ses performances.
· Le personnel accepte d’être responsabilisé et d’assumer sa part de responsabilité à résoudre les problèmes.
· Le personnel évalue sa performance par rapport aux buts et objectifs individuels.
· Le personnel recherche activement des occasions d’accroître sa compétence, ses connaissances et son expérience.
· Le personnel partage librement le savoir-faire et l’expérience.
· Le personnel débat ouvertement des problèmes et des questions »

Et bien quand il vous aura dit tout cela, derrière ses ronds de jambe et ses flagorneries, si vous entendez : « le personnel va se faire niquer », vous n’êtes pas malade ni fou à lier.

Vous avez bien entendu et vous devez lutter.

Comme Ulysse et les sirènes, à partir de là, mettez de la cire dans vos oreilles pour ne pas céder aux chants enjôleurs des spécialistes du management qui parviendraient à vendre de la glace au Pôle Nord.

Rameutez vos IRP, et syndiquez-vous fissa.

Qualité ? Piège à niais.

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