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DEUX PROJETS TITANESQUES QUI VONT S’ENCHAÎNER

Publie le jeudi 18 janvier 2007 par Open-Publishing

Route du Littoral, tram-train : financement bouclé
Le président de la Région et le Premier ministre officialiseront après-demain, à Matignon, l’accord relatif au financement du tram-train et à la nouvelle route du littoral. La participation croisée de l’État et de l’assemblée locale aux deux projets permettra de mobiliser près de deux milliards d’euros. Malgré cet effort budgétaire exceptionnel, les automobilistes n’échapperont pas à l’instauration d’un péage.

C’est la fin d’un long suspense. D’un long marathon de négociations entamées en juin 2006. Après plus de six mois de tractations, de réunions interministérielles tendues, d’allers-retours entre Paris et La Réunion, d’intimidations politiques, et même parfois de menaces publiques, l’État et la Région viennent de boucler les discussions relatives au financement du tram-train et de la nouvelle liaison routière entre Saint-Denis et la Possession. L’accord a été scellé dans le plus grand secret en fin de semaine dernière et sera officialisé vendredi matin à Paris. La cérémonie se déroulera à Matignon en présence de Dominique de Villepin, rentré de Londres la veille, et de Paul Vergès qui s’est envolé dimanche pour la métropole.

Pierre Vergès, le président de la SR21, la société d’économie mixte chargée de porter le projet ferroviaire, sera également présent, ainsi que François Baroin, le ministre de l’Outre-mer, et Dominique Perben, son collègue des Transports et de l’équipement. Un moment évoquée, la présence de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire, ne semble plus aujourd’hui d’actualité. Le rendez-vous ne figure pas pour l’instant à l’agenda du numéro deux du gouvernement, mais cela ne signifie évidemment pas que le candidat de l’UMP à la présidence de la République se désintéresse du sujet. Voilà pour le décor très solennel et la dimension nationale que le Premier ministre souhaite donner à cet événement. Reste maintenant à connaître les termes exacts de la convention signée entre l’État et la collectivité. Matignon ayant imposé un embargo total jusqu’à vendredi, aucun des acteurs habituels de ce dossier ne souhaitait ces dernières heures s’exprimer. “C’est un accord très favorable aux deux parties concernées. On ne se situe pas dans une logique de conflit mais dans le cadre d’un vrai partenariat”, confie tout juste, sous couvert d’anonymat, un proche des discussions.

Un euro par passage

Depuis novembre, l’architecture du financement est connue, mais personne ne voulait hier soir évoquer “les derniers dosages”, les ultimes arbitrages budgétaires sur la base desquels le compromis a été établi. On sait que l’État et la Région ont croisé leurs participations financières et que ce montage permettra de mobiliser près de deux milliards d’euros. On sait aussi que la construction de la nouvelle route du littoral sera découpée en deux tranches et que le financement de la quatre voies sera vraisemblablement adossé à deux contrats de projet. On sait enfin que l’instauration d’un péage reste un élément clé du plan, en dépit de l’exceptionnel effort budgétaire consenti par les bailleurs. Pour finaliser l’opération, le gouvernement avait le choix entre trois axes majeurs : augmenter la taxe spéciale sur les carburants, accroître la pression fiscale, ou imposer une servitude. C’est cette dernière option qui a été retenue. Combien débourseront les automobilistes à partir de 2017, date à laquelle devrait être livré le nouveau tronçon, pour effectuer le trajet entre Saint-Denis et la Possession ? Les simulations effectuées l’année dernière estimaient à moins d’un euro le coût d’un passage.

Depuis ce chiffre aurait été, dit-on, légèrement corrigé à la hausse, une revalorisation qui tient compte de la rémunération de l’exploitant, de la durée de la concession et de l’entretien de la route. Vendredi, l’enjeu pour Paul Vergès et Dominique de Villepin sera de légitimer ce montage aux yeux de l’opinion publique et d’expliquer que les différents partenaires ont respecté leurs engagements malgré certaines divergences. À moins de 100 jours de l’élection présidentielle, la présence côte à côte d’un président classé à gauche et d’un Premier ministre de droite n’est pas neutre non plus sur le plan politique. Au moment où Nicolas Sarkozy, sacré dimanche devant plus de 80 000 militants, part à la rencontre du peuple de France, le chef du gouvernement entend démontrer qu’il est toujours aux commandes. La médiatisation d’un protocole d’accord entre une collectivité ultramarine et l’administration centrale fait incontestablement partie de cette stratégie.

Florent Corée

 DEUX PROJETS TITANESQUES QUI VONT S’ENCHAÎNER Liés financièrement, le tram-train et la nouvelle quatre voies entre Saint-Denis et la Possession sont deux projets complètement indépendants techniquement. Leur réalisation est déjà phasée. Si le calendrier est respecté, les rames reliant les 25 stations entre Saint-Paul et la Mare devraient circuler au plus tard en février 2013. Les partisans de cette liaison ferroviaire tablent sur 50 000 passagers par jour, un chiffre qui tient compte de l’évolution des flux de déplacement. Lorsque le tram-train sera opérationnel, les études relatives à la future route du littoral seront tout juste achevées.

La direction départementale de l’équipement (DDE) espère lancer l’enquête publique en 2008, ce qui permettrait de démarrer les travaux quatre ou cinq ans plus tard. Le tracé en mer est validé depuis plusieurs mois : conçue dans le prolongement d’un tunnel creusé sur 3,5 kilomètres, la nouvelle route digue (7,6 kilomètres) sera parallèle à l’actuelle quatre voies mais s’écartera davantage de la falaise. Pas autant qu’on aurait pu le supposer lors de la présentation des différentes options l’année dernière, mais suffisamment assurent les spécialistes pour que tout danger soit écarté. Le tram-train coûtera 1,2 milliard d’euros. Il sera réalisé et exploité dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), une procédure qui permet de mutualiser les risques. La route du littoral nécessitera un investissement légèrement moins important - 930 millions d’euros - mais on ignorait hier soir sous quelle forme juridique elle serait exploitée.

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