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DISPARITION VIOLENTE DE DJAMEL KELFAOUI, LE GRAND FRERE DE BONDY

Publie le samedi 30 mai 2009 par Open-Publishing
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C’est avec consternation que nous avons appris la disparition de Djamel
Kelfaoui, le vendredi 22 mai 2009 à Laghouat, en Algérie. Deux jours
plus tôt dans une ruelle de la ville, lui et son cousin ont, d’après
des témoins présents sur les lieux, une altercation avec un homme qui
s’avère être un officier de l’armée et qui leur intime l’ordre de
reculer pour le laisser passer. Sous prétexte qu’il serait colonel,
l’officier s’en est pris brutalement à Djamel au moment où celui-ci
s’apprêtait à relever le numéro d’immatriculation du véhicule, et lui
porte un violent coup au thorax. Malgré la douleur et la rage qu’on lui
connait, Djamel a gardé son sang froid et c’est à la brigade de
gendarmerie où il est allé porter plainte qu’il est pris d’un grave
malaise consécutif à l’agression subie. Après un pic de tension, il
fait une hémorragie cérébrale. Son cousin le transporte aussitôt à
l’hôpital de Laghouat où il décède après deux jours de coma profond.

La disparition violente de Djamel Kelfaoui est ressentie comme une
immense perte par ses amis encore sous le choc, en France et en
Algérie. Nous disons notre indignation, nous voulons que toute la
lumière soit faite sur ce qui s’est vraiment passé, et nous réclamons
justice. La famille, qui s’est aussitôt rendue sur place, s’est
constituée partie civile.

Djamel de Bondy, figure militante de l’action culturelle dans les
quartiers populaires

Nous tenons à rendre hommage à Djamel, notre frère et ami. Algérien né
à Paris en 1961, il a grandi à Bondy cité de Lattre de Tassigny,. Dès
le début des années 80, il mène de front des études de sociologie et de
communication à l’université Paris X de Nanterre, et s’investit à fond
dans sa ville et son quartier. Il crée l’association SOS ça Bouge et
lance le fameux festival culturel Y’a de la Banlieue dans l’air à
Bondy, mêlant musique, théâtre, cinéma, sports... et l’organisation de
concerts avec des artistes renommés ( Youssou N’dour, Cheb Mami, Mano
Negra, Khaled, Zebda...). Cette expérience lui permet d’exprimer sa
grande vocation : transmettre son propre amour de la musique populaire
aux siens et aux autres, et provoquer la rencontre des générations et
des communautés à travers ces musiques. Djamel Kelfaoui fait partie de
ces gens qui ont marqué de leur dynamisme et de leur volonté le paysage
culturel de Seine-Saint-Denis et au-delà. il est l’un de ces passionnés
prêts à déplacer des montagnes pour réaliser ses rêves.

"Des deux côtés de la mer", une même passion

Il était comme ça Djamel ; « perso » et collectif à la fois. Il
participe ainsi à l’effervescence politique et culturelle des Marches
pour l’égalité, tisse des liens à travers le pays, de Mantes-la-Jolie à
Toulouse en passant par Saint-Etienne et ailleurs. La figure de « 
Djamel de Bondy » marque alors de son charisme les milieux associatifs
par son franc-parler, cru, direct, et son refus des compromissions. Il
a en lui une grande colère contre la "hagra", l’injustice et les
passe-droits. Passionné, il grouille d’idées et de projets, quitte à
partir « comme ça », sans autres moyens que la « débrouille ». Après
les émeutes d’octobre 1988 à Alger, il va ainsi à la redécouverte du « 
bled » et de sa jeunesse, avec une démarche de journaliste reporter.
Sur place, Djamel se lie d’amitié avec de nombreux artistes et commence
à tourner des images "à compte d’auteur". Dix ans après, il finit la
réalisation d’Algérie, la Mémoire du raï, devenu un film de référence
retraçant l’histoire du pays en musiques. Désormais, il multiplie les
projets des "deux côtés de la mer" Méditerranée et tourne ses propres
documentaires, faisant entre autres connaître Kamel Al Harrachi, fils
de Dahmane, « le grand monsieur du Chaabi ». Il poursuit aussi son
travail sur Cheb Hasni, un autre grand du raï, assassiné en 1994. Idole
de la jeunesse algérienne dans les années 90, cet artiste continue
d’exprimer les aspirations de la société d’aujourd’hui. Dernièrement,
nous avons pu découvrir son film « Cheb Hasni, Je vis encore ». C’est
pour continuer la deuxième partie de ce portrait que Djamel était
reparti tourner en Algérie. Il disparaît en pleine action, laissant une
oeuvre inachevée.

Pour rendre hommage à Djamel Kelfaoui et pour marquer leur indignation
face à la violente agression dont il a été victime, les jeunes de
Bondy, la famille et les amis appellent à un premier rassemblement
samedi 30 mai 2009 à 15h, cité de Lattre de Tassigny, en face de la
Mairie de Bondy.
RER E Gare Bondy. Bus 607, 303 ou 346. Arrêt Mairie de Bondy.

Les amis de Djamel
collectifdjamel@gmail.com

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