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DU TELEPHONE CELLULAIRE AUX CELLULES D’ENFERMEMENT

Publie le mardi 14 décembre 2004 par Open-Publishing

Quand l’état développe de nouveaux projets à vocation répressive afin de se donner les moyens de son choix d’une gestion pénale de la misère, le capitalisme se frotte les mains. La politique de casse sociale impulsée par le MEDEF, la création de nouveaux délits et le durcissement des lois, le thème de l’insécurité relayé inlassablement par TF1.amènent l’Etat à anticiper sur les besoins supposés en dispositifs de répression. Ainsi se crée un fructueux marché de l’insécurité qui sait se saisir de l’opportunité que lui offre le développement du « parc immobilier carcéral », la multiplication des centres de rétention, la généralisation des milices privées.

La cible reste toujours la même : l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient précaires, privés d’emploi, migrants en situation régulière ou non.La collaboration entre l’Etat répressif et le patronat trouve tout son sens dans l’intérêt commun qu’ils ont à maintenir un ordre social au profit de la classe dominante et à s’assurer de l’asservissement du reste de la société, contrainte de supporter toujours plus de souffrance, toujours plus de répression et des conditions d’existence toujours plus précaires.

A ce titre, les migrants « sans papiers » sont largement surreprésentés dans les statistiques carcérales, puisque leur simple statut de « clandestin » ou un refus d’embarquement suffit à justifier leur enferment. Représentant déjà 22% des incarcérations début 2004, leur proportion ne cesse de croître. Ils constituent jusqu’à 50% des effectifs dans certaines prisons, qui tiennent en quelque sorte lieu de centre de rétention et n’en sont pas moins un prélude à l’expulsion. Mais l’état persiste pourtant à vouloir étendre son « parc carcéral », indépendamment du problème du surpeuplement des prisons, afin de pouvoir enfermer toujours davantage, sans jamais envisager le moindre assouplissement des lois ou tout simplement de mener une réflexion sur le recours à l’enfermement en lui-même.

La peur de l’expulsion est l’élément indispensable pour faire accepter aux travailleurs migrants l’exploitation et les conditions de travail esclavagistes qu’ils subissent. Pour entretenir cette peur, quoi de mieux que la chasse aux « sans papiers », sur les lieux de travail, dans la rue, dans les écoles, lors d’actions militantes.et la mise en place d’une logistique appropriée pour huiler la machine à expulser ? Le nombre actuel de places en centres de rétentions, dont la saturation s’est encore accentuée depuis le passage du temps possible de rétention à 32 jours, ne pourront pas assumer l’objectif des 20000 expulsions fixé par De Villepin pour 2005. Afin d’absorber cet afflux, 500 à 600 places devraient être créées prochainement pour venir s’ajouter aux 1100 déjà existantes. ..La mise en ouvre dans les délais imposés par l’objectif affiché ne peut se faire sans une collaboration active avec le secteur privé et le patronat, qui ne manquent pas de s’engouffrer dans le créneau du sécuritaire et du répressif.

Ainsi, sur le modèle du système carcéral américain, déjà presque totalement livré à la privatisation, la reforme Sarkosy de l’ordonnance de 1945, régissant l’entrée et le séjour des étrangers, annonce que la construction et la gestion des services annexes des centres de rétention tels que l’entretien, la maintenance, le transport des personnes retenues, peuvent être désormais confiés à des entreprises privées. Cependant, lorsqu’une entreprise de construction bâtit les murs d’un centre de rétention, il est peu probable qu’elle s’interroge un seul instant sur la finalité de son ouvrage, c’est à dire l’enferment de travailleurs migrants, en attente de déportation. Le capitalisme ne s’encombre pas de questions de morale et devient plus aveugle que jamais lorsqu’il y a du chiffre à faire. (se rappeler par exemple Bayer et l’Allemagne nazie.).

Les entreprises ou groupes à but philanthropique tels que Air France, ACCOR ou Bouygues se rendent chacun à leur manière, par leur collaboration avec l’Etat xénophobe, complices de la persécution des migrants. Air France prend part bien évidement au processus d’ expulsion, sous le regard compatissant de la Croix Rouge qui apporte sa caution humanitaire à ce qui n’est pas humain, ACCOR ainsi que GTM Construction favorisent la gestion policière des zones d’attente, notamment ZAPI 3. Cependant, Bouygues se montre particulièrement illustratif de la manière dont le capitalisme sait toujours tirer le meilleur partie de l’existence de cette catégorie de travailleurs des plus précaires, considérés comme « clandestins » et « illégaux », les « sans papiers ».

BOUYGUES : BATISSEUR DE PRISONS ET NEO - ESCLAVAGISTE !

Le groupe Bouygues, à priori, tout le monde connaît .il bâtit la maison de vos rêves, vous vend des téléphones portables dernier cri, vous divertit grâce à TF1 (la chaîne qui se vante de rendre votre cerveau disponible à l’absorption de spots publicitaires pour une célèbre marque américaine de boisson gazeuse à base de cola).mais Bouygues c’est aussi le champion incontestable d’un autre secteur d’activité, sur lequel il communique pourtant beaucoup moins : la construction vouée à l’enferment !

Bouygues a fait main basse, par l’intermédiaire de ses nombreuses filiales (Norpac, GFC Construction, OF équipements.), sur la majeure partie du marché de la construction à vocation carcérale. De prisons en centres de rétention, Bouygues multiplie les contrats avec l’Etat policier et lui fournit les outils de répression indispensables à sa politique de criminalisation tout azimut. Bouygues fournit le béton et les barreaux, l’état se charge des matons !

Il y a donc fort à parier que les nombreux travailleurs migrants sans papiers exploités sur les chantiers Bouygues puissent un jour finir entre les quatre murs d’un établissement carcéral édifié par les soins de leur employeur.

Il y a peu encore, sept migrants travaillant avec de faux papiers pour le compte de Bouygues sur le chantier « Mégajoule » en Gironde, site nucléaire sous la responsabilité du Commissariat à l’énergie atomique, ont été arrêtés lors d’une descente de la PAF (Police aux frontières). Alors que leurs demandes de levée des arrêtés de reconduite à la frontière ont été rejetées, qu’ils sont à l’heure actuelle enfermés et encourent le risque d’être expulser, le très respectable groupe Bouygues n’a pas été inquiété le moins du monde. Se retrancher derrière l’utilisation frauduleuse de faux papiers et le rideau de fumée provoqué par le jeu de la sous-traitance ne peut masquer la réalité d’une justice de classe !

Cette affaire fait bien entendu écho à celle, davantage médiatisée cet été, qui impliquait le journal « le Monde » et le chantier de construction de son siège. Pour mémoire, des travailleurs turcs, abusés par des offres de travail alléchantes proposées par Bouygues et cautionnées aveuglément par l’OMI, étaient venu en France y trouver une précarité de vie et d’emploi pire que celle qui les avait pousser à migrer : 100 à 200 euros de salaire mensuel au lieu des 1450 annoncés, pas de fiche paie, des conditions de sécurité inexistantes ayant entraînées un accident mortel. Si l’on ne peut délocaliser l’activité, il suffit de délocaliser les travailleurs des pays où le travail ne coûte rien.ils sont déjà habitués aux salaires de misère et en plus ils auront la chance de faire un beau voyage au pays des droits de l’homme !

Dans une logique où l’exploitation constitue le moteur de la production et l’enfermement un mode de normalisation sociale, le capitalisme, à l’image de Bouygues, engrange les profits d’un bout à l’autre du système.

Même si le groupe Bouygues ne représente qu’une brique dans les murs qui se dressent tout autour de nous, combattons le par tous les moyens et sous toutes ses formes.

La commission « Migrations » RP de la CNT soutien la campagne contre Bouygues Semaine d’action du 17 au 24 décembre.

CONTRE TOUTES LES PRISONS ET CEUX QUI LES CONSTRUISENT
RESISTANCE ! ACTION DIRECTE !
CONTRE LES FRONTIERES ET LES NATIONS
LIBERTE DE CIRCULATION POUR TOUTES ET TOUS !