Daniel Penac fait la queue à la Poste

Cet après-midi, au détour de la rue Mouffetard, à Paris, je tombe nez à nez avec Daniel Pennac. Le romancier sort d’une cour d’immeuble. Blouson en jean, lunettes, il s’engage dans la rue piétonne. Je décide de le suivre.
Il marche en roulant les épaules. Il claque des doigts. Je m’étonne un peu : personne ne le reconnaît. Où va-t-il ? Il entre chez un marchand de journaux. Des gens font la queue. Il rebrousse chemin. Puis il s’arrête devant un magasin de chaussures. Il inspecte les pompes de luxe. Mais, rapidement, il se désintéresse.
Il continue d’escalader la rue Mouffetard. Il tourne à droite, vers la Poste. Un homme le remarque, il tire sa femme par la manche. Je vois ses lèvres articuler : « C’est Pennac ». La femme : « Je ne l’ai pas vu ». L’homme le montre du doigt : « Là ». Elle : « Je ne vois que son dos ».
Je continue à le pister. Je commence à avoir un peu honte. Il entre dans le bureau de Poste. J’entre aussi. Des gens font la queue. Il s’adresse directement à un employé, sans faire la queue. Il lui demande un renseignement. Une fois le renseignement obtenu, Daniel Pennac va faire la queue. Comme tout le monde !