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Dans la série : on n’a plus un rond ! Pouvoir d’achat là aussi !

Publie le jeudi 5 novembre 2009 par Open-Publishing
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Une extinction

Paris sera un peu moins illuminée que d’habitude ce soir, entre 18 et 19 heures. Comme d’ailleurs sans doute pas mal de villes de France. En effet, toutes les salles obscures de l’Hexagone sont invitées (ici) par la Fédération des cinémas à éteindre pendant une heure leurs enseignes lumineuses extérieures. Pour le coup, c’est une « opération symbolique » et une manifestation de protestation qui vont se voir. Car, on l’oublie trop souvent, avec 2100 cinémas (dont la moitié classés d’art et d’essai) répartis sur l’ensemble de son territoire, la France détient le premier parc européen en la matière et même le quatrième parc mondial après la Chine, les Etats-Unis et l’Inde.

Contre quoi protestent les exploitants du cinéma ? Tiens, revoilà… Hadopi, la fameuse loi qui, ces derniers mois, fit tant et tant protester parce qu’elle punit (menace de le faire, en tout cas) de sanctions les internautes qui téléchargent illégalement des contenus culturels sur internet. Dans un des volets de cette loi, qui a été moins débattu, il est prévu de réduire de six à quatre mois le délai entre la sortie des films en salles et leur commercialisation en DVD. Les exploitants de cinéma considèrent qu’ils ne survivront pas à cette nouvelle chronologie des médias réduisant leur durée d’exclusivité d’exploitation.

Ils mettent aussi le doigt sur quelques curiosités fiscales qui ne sont pas sans rappeler celle qui, en matière de TVA, a longtemps pénalisé les restaurants traditionnels par rapport aux fast-food. Ainsi, selon la Fédération des cinémas, « le taux de taxe sur le prix du billet, de 10,72%, est deux fois plus élevé que celui de la taxe appliquée aux chaînes de télévision et cinq fois plus élevé que celui du DVD et de la vidéo à la demande ». Et « les salles de cinéma reversent 50% de leur recette aux ayants droit, contre 20% pour la vidéo, 9% pour Canal+ et 3,2% pour les chaînes en clair ».

« Si les pouvoirs publics ne prennent pas en compte ce cri d’alarme et n’agissent pas très vite, les salles de cinéma ne pourront survivre », avertissent les exploitants. Qui, par cette extinction de toutes leurs lumières pendant une heure, veulent aussi « montrer ce que seraient nos villes sans nos salles de cinéma ». Les organisateurs de l’opération de ce soir exagèrent sans doute un peu lorsqu’ils affirment que les salles de cinéma « sont bien souvent le seul lieu qui reste ouvert 365 jours sur 365 et la seule façade illuminée des centres villes ». Mais ils n’ont pas tort lorsqu’ils rappellent que ce secteur constitue « un pôle majeur d’animation culturelle et social » du milieu urbain.