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Dans un pays imaginaire / C’est l’heure de l’mettre

par Hdm

Publie le mercredi 27 mars 2019 par Hdm - Open-Publishing

Les enfants de ce pays ont appris par cœur cette distinction fondamentale entre nous et les autres. Nous, c’est la démocratie. Elle transpire dans toutes nos attitudes et manifeste notre grandeur dans chaque recoin propret du vaste paysage publicitaire où nous nous mouvons. Vie de famille, investissement professionnel, loisirs, citoyenneté périodique, nous sommes beaux, nous sommes blancs, nous sommes libres, et nous consommons.


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Dans un pays imaginaire

Les vitrines sont éclairées, les mœurs libérées, les lois équilibrées, les forces de l’ordre protectrices, les élites volontaires, les politiciens vertueux, les medias libres. Et même si l’on n’y croit plus vraiment ou qu’à moitié, cela ne saurait remettre en cause le schéma général : le Bien gouverne, plus ou moins mal, mais nous sommes dans le vrai et nous sommes heureux ou nous allons l’être.

Ailleurs il existe le Mal, c’est la dictature. Là-bas, en Barbarie, les élections ne sont pas libres, et la propagande bat son plein. Les élites se gavent et les dirigeants se distinguent par leur goût du lucre et leur mépris du peuple. La police fait peur et l’armée patrouille dans les rues. Les arrestations sont arbitraires et la violence systématique, lorsqu’il s’agit de mater les opposants. Il n’y a pas grand-chose à acheter derrière les vitrines, les gens sont tristes et sont à plaindre, ils sont pauvres et ils évoluent dans un cadre étroit tapissé de grisaille.

Cette distinction fondamentale masque la réalité du pouvoir et la lutte des classes. « Démocratie » et « Dictature » peuvent bien se trouver dans le même bateau, passagers imaginaires de l’exercice du pouvoir. Et comme il se peut que dans la République des gens dorment à la rue, que des enfants aient faim, que des vieux fouillent les poubelles, que le travail ne permette plus de vivre et consommer ; comme il se peut que chez nous la police gaze, mutile, fracasse et terrorise ; comme il se peut que nous soyons soumis à une propagande caricaturale ; comme il se peut que les dirigeants soient absolument hors du contrôle populaire ; alors il se peut que « dictature » et « démocratie » entretiennent les plus étroites des relations.

Ce n’est pas la forme du pouvoir, « sacrée » ou « diabolique », c’est son contenu de classe qui détermine le niveau de violence. Cette violence qu’éprouvent, semaine après semaine, avec stupeur d’abord, puis avec une lucidité grandissante, les enfants de ce pays

C’est l’heure de l’mettre !

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