Accueil > De Godzilla aux classes dangereuses (Ab irato, 2007)

De Godzilla aux classes dangereuses (Ab irato, 2007)

Publie le mardi 6 novembre 2007 par Open-Publishing

« Les éditions Ab Irato ont décidé de recueillir en un petit volume, aussi élégant que stimulant, un ensemble de textes publiés entre 1998 et 2005 dans la revue l’Oiseau-tempête. Bien sûr, les limites du genre inhérentes à l’article d’analyse sont reconnues dès la présentation de l’ouvrage.

L’intention ici est de prendre date et de montrer que certains paradigmes d’approche de nos « démocraties » font désormais structurellement partie intégrante de son fonctionnement et expliquent ses insidieuses dérives autoritaires. Fil rouge (ou plutôt vert écaille) de la réflexion : l’effet Godzilla, le syndrome de la peur orchestrée avec pour corollaire le discours sécuritaire dont on nous sature l’âme et la conscience depuis le 11 septembre 2001.

À lire d’urgence, avec des pupilles vierges de tout relevé biométrique. »
(source : Frédéric Saenen, www.sitartmag.com/ )

Le spectacle du sécuritaire s’adresse en priorité aux « citoyens », cette construction sociale abstraite qui donne l’illusion aux « gens » qu’ils ne sont plus exploités comme salariés mais respectés comme individus. La peur est d’abord orchestrée à leur usage. Profondément ressentie par l’ensemble des citoyens, ce qu’on pourrait appeler le « syndrome de Godzilla » (en référence à ce film hollywoodien d’avant les attentats du 11-Septembre où un monstre ravageait New York), structure la vie sociale au son des sirènes hurlantes et des bruits policiers (la peur de l’Autre, du Barbare, du Fou, du Terroriste). Tous contre Godzilla  ! tel est le mot d’ordre pour rappeler à chaque instant aux citoyens angoissés la direction de la vie normée. En revanche, la peur du « sans-abrisme », de la précarité, de la vie atrophiée par la perte du travail ou du logement, est à chaque fois rendue invisible par la peur citoyenne dans laquelle elle est amalgamée. L’ordre policier semble le bon remède, mais un remède qui ne permet que de vivre avec la peur.

Pourtant, à chaque fois que des luttes collectives esquissent des perspectives de rupture sociale et dépassent un certain seuil de « dangerosité », le syndrome de Godzilla recule, la peur s’inverse. Une nouvelle force sociale apparaît, autrement plus intimidante  : c’est désormais le « syndrome des classes dangereuses » qui bouscule le paysage social et l’imaginaire des classes dirigeantes. La peur ne terrorise plus les quartiers périphériques, mais les beaux quartiers et les centres de décision  : sus aux classes dangereuses  ! tel est le nouveau mot d’ordre.

http://abirato.internetdown.org/spi...