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De janvier à février 2008, distribution de grèves
Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-PublishingDe janvier à février 2008, distribution de grèves
dimanche 10 février 2008 par collectif rto
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* Contre les sanctions envers des grévistes... Grèves à la RATP !, p1
* Pas de ménage au Louvre, p1
* La grande distribution en grande lutte , p1
* Pas de courrier le 24 janvier dans l’Essonne, p1
* Occupation et séquestration pour faire passer le message à l’imprimerie nationale de Choisy, p1
* Blocage dans l’Oise de la N31 contre un plan de licenciement, p1
– Avant de parler de quelques unes des grèves de la fin janvier 2008 (et du début du mois de février, avec la journée nationale de grève du 1er dans la grande distribution), signalons les fortes mobilisations en cours chez nos voisins allemands, pour des augmentations de salaires et autour d’un futur salaire horaire minimum. Car en Allemagne, point de SMIC, et quand on évoque sa mise en place c’est du 7,50 euros de l’heure (20% des salariés de l’ex RDA gagnent moins). Dans certains secteurs, les conventions collectives en prévoient un, mais sinon, on peut être payé 3 euros de l’heure, voire un euro (programme spécial chômeurs !).
Le 1er février, par exemple, il n’y avait pas de transports en commun à Berlin (c’était la première grève depuis 10 ans), des grèves d’avertissement éclataient dans des usines sidérurgistes de l’ouest du pays (et l’avertissement n’a pas été entendu, car certaines usines ont cessé le travail pour de bon), débrayage chez le fournisseur d’énergie (gaz-électricité Vattenfall), et des mobilisations qui se poursuivent depuis plusieurs mois dans les commerces de détail de Bavière...
– Contre les sanctions envers des grévistes... Grèves à la RATP !
Suite aux grèves de novembre-décembre 2007, la RATP a déposé une dizaine de plaintes, notamment pour "actes de malveillance" suite au déclenchement de rupteurs d’alimentation, ce qui coupe le courant et arrête les métro. Deux agents de la ligne 6 passaient en procès le 1er février pour ce motif, d’où grève ce jour-là, suivie essentiellement sur les lignes 6 et 9.
Mais la répression des luttes se fait aussi en interne. Un rassemblement a eu lieu au dépôt de bus des Lilas (93) le 30/01 car les premières convocations tombaient ce jour-là. En tout, une trentaine d’agents RATP dépendants de ce dépôt sont convoqués en vue de sanction
Sur la ligne 8 du métro, 2 conducteurs étaient menacés de sanctions importantes (5 jours de mise à pied, mutation d’office). Un préavis de grève est déposé pour le 25/01. Comme le prévoit la législation, les agents devaient se déclarer grévistes 48h à l’avance... et ils l’ont fait avec une telle majorité que la RATP a préféré prendre des sanctions plus légères...
– Pas de ménage au Louvre
Les salariés de la société Sin&stes, chargée du nettoyage du Louvre, se sont mis le 22 janvier 2008 en grève illimitée, contre la précarité croissante et la dégradation de leurs conditions de travail. Après deux réunions sans avancées, Sin&stes a essayé de remplacer les grévistes par des salariés extérieurs pour respecter le « service minimum » qui figure au contrat passé avec le Louvre, mais les grévistes s’y sont opposés.
– La grande distribution en grande lutte
Le 1er février 2008 a été une journée historique dans le secteur de la grande distribution : évidemment, les taux de grévistes varient d’une source à l’autre, mais certains ont avancé les chiffres de 80% de grévistes dans les hypermarchés, 65% dans les supermarchés, 20% dans des enseignes de plus petites tailles, et la moitié des travailleurs de la logistique était également en grève. Au moins une vingtaine de magasins ont dû fermer. Bien sûr, les grandes enseignes ont été plutôt avares de détails. La plus communicative a été Carrefour, qui a indiqué avoir comptabilisé des grévistes dans une centaine de magasins sur les 226 qu’il y a en France sous cette marque. Il serait difficile de recenser tous les magasins mobilisés, mais voici quand même un condensé de quelques initiatives de cette journée de grève nationale du secteur de la grande distribution, qui on le rappelle compte 37% de salariés à temps partiel. Dans la plupart des magasins mobilisés, des pétitions recueillent de nombreuses signatures, et les clients se montrent généralement solidaires ou compréhensifs.
– Dans l’Oise, au Carrefour de Venette, une centaine de salariés (sur 600) ont fait grève toute la journée. Ils ont reçu le soutien de leurs collègues du SAV Carrefour d’Arsy, menacé de fermeture. Un magasin qui avait déjà connu des mobilisations en septembre 2007, contre les pressions exercées par certains chefs.
– Le Ed de Bondoufle (91) a fermé ses portes pendant que les employés manifestaient devant l’entrepôt du plessis Pâté.
– A Condé sur l’Escaut, 90 % des employés du Carrefour sont en grève. Un barrage filtrant est organisé sur le parking, avec le soutien de la CFDT (comme quoi la base n’est pas forcément sur les mêmes lignes que la direction de la confédération, qui on le rappelle a porté plainte contre des précaires en lutte). La direction du magasin n’apprécie guère, et envoie un huissier constater les faits, et une plainte n’est pas à exclure.
– Dans le sud-ouest, dans plusieurs villes, des rassemblements avec des salariés de différentes antennes sont organisés :
– à Anglet, c’est devant le magasin Carrefour que 500 salariés de cette enseigne, mais aussi de Géant Casino, Castorama ou Champion manifestent.
– A Saint Jean de Luz, 80% des employés de Carrefour débrayent entre 9 et 11h. Des collègues d’autres enseignes les rejoignent, pour un rassemblement où différentes personnes s’expriment, soulignant souvent les bons résultats de l’entreprise, mais aussi les exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les patrons sur les bas salaires, pour en conclure que des augmentations de salaire de 150 à 300 euros sont techniquement possibles. C’est le manque de motivation des employeurs qui coince…
– Et puisqu’on parle des bénéfices des enseignes de la grande distribution, indiquons que la hausse de la productivité n’y est sans doute pas pour rien. Elle se manifeste, selon les cas, par une spécialisation qui rend le boulot plus répétitif, ou au contraire via une polyvalence accrue, et tout simplement avec plus de tâches à faire en moins de temps. Ainsi, dans l’hypermarché Auchan de Trignac, en quelques années, les effectifs sont passés de 420 à 380 salariés, alors que la surface de vente augmentait de 2000 m²…
– On débraye au siège de la centrale d’achat de l’Etat
– C’est la deuxième fois en quelques mois que les salariés du siège de l’Ugap, la centrale d’achat de l’Etat et des collectivités territoriales, à Champs (77) cessent le travail pendant une heure, et parlent en duplex avec des collègues, eux aussi en grève, présents au forum commercial de Lille. Etant donné que la productivité a été multipliée par deux (quand même !) et que la société fait de gros bénéfices, les employés exigent l’instauration d’un 13e mois et une prime exceptionnelle de 2 500 €.
– Piquet de grève au Castorama de Claye-Souilly
– Le 24 janvier, c’est toute la journée qu’une vingtaine de salariés mécontents ont manifesté devant le magasin. La liste des revendications est longue :
hausse de salaire, rénovation des locaux, embauches (comme dans de nombreuses grandes surfaces, les effectifs ont baissé : de 180 à 150 personnes en 4 ans), respect du droit du travail par les chefs, qui sont par exemple priés de ne pas rédiger de lettre de démission, comme cela a été le cas pour une employée accusée de vol puis réintégrée.
– Les tracts syndicaux évoquent également des « objectifs de vente irréalisables », et « une charge de travail et une course à la productivité entraînant une augmentation du stress et des souffrances journalières pour les salariés ».
– Les salariés du Champion de Goussainville ont pris de l’avance
C’est dès le 26 janvier 2008 qu’un débrayage a eu lieu, par rapport aux conditions de restructuration de Champion avec le groupe Carrefour. On retrouve les mêmes revendications qu’à Casto...
– Pas de courrier le 24 janvier dans l’Essonne
Les postiers de l’Essonne sont en grève. Et si leur mouvement s’inscrit dans la mobilisation plus large et nationale du 24 janvier, les facteurs du 91 ont aussi des revendications locales à mettre en avant, et c’est pour cela qu’ils se sont rassemblés devant la direction de la Poste à Evry. Outre des modifications dans la prise des congés que les postiers estiment défavorables, il y a aussi, et comme dans bien d’autres endroits, des problèmes de réorganisation : certains bureaux ouvrent moins longtemps par manque de personnel, ce qui fait craindre une fermeture, ailleurs, c’est un « point multiservices » qui doit ouvrir, et qui tout en regroupant diverses institutions, n’offrira que des services restreints. Pour la poste, le retrait des colis et des recommandés, par exemple. Et pas besoin de grève pour que la distribution soit perturbé. Les facteurs ont 1mn 30 pour distribuer un colis. Très court, surtout quand des collègues absents ne sont pas remplacés !
– Occupation et séquestration pour faire passer le message à l’imprimerie nationale de Choisy
En 2005, les services, chargés de l’impression de documents officiels, sont restructurés : le site de Paris 15ème est fermé, 900 postes sur 1300 disparaissent, et l’usine de Choisy le Roi (94) ouvre ses portes.
A peine trois ans plus tard, rebelote avec les suppressions de poste. Mais cette fois, la pilule passe très mal avec les salariés, qui ont très moyennement confiance dans les promesses de la direction, vu qu’ils se sont faits avoir une fois. Et qu’en plus, les propositions de reclassement ne sont guère intéressantes pour les travailleurs : par exemple, en cas d’absence de reclassement au bout d’un an, les salariés licenciés devront accepter des propositions de postes à 100 ou 200 km de Paris, où ils ont toute leur vie. Vive la mobilité !
– Du coup, le 22 janvier 2008, plus d’une centaine de salariés de l’Imprimerie Nationale décident non seulement de faire grève, mais aussi d’occuper leur lieu de travail, et donc de bloquer la parution de documents administratifs comme les formulaires de concours
– Les salariés, à qui on a proposé une rencontre avec la DDTE (direction départementale du Travail et de l’Emploi), veulent une réunion avec leur ministère de tutelle, la direction de l’Imprimerie et les syndicats.
La nomination d’un médiateur n’a apparemment pas arrangé les choses, puisque le 6 février, celui-ci est retenu dans les locaux par les salariés en colère
– Blocage dans l’Oise de la N31 contre un plan de licenciement
– Tout comme à Choisy, c’est un plan de reclassement jugé désavantageux par les 167 salariés de Sabic Innovative Plastics (ex-GE Plastics) à Villers-Saint-Sépulcre (60) qui a conduit à une jolie opération escargot sur la N31 le 23 janvier dernier, quand les salariés en lutte ont rejoint Beauvais, où une délégation a été reçue par la sous-préfète. L’enjeu est de taille, souligne un syndicaliste : « Accepter ces congés de reclassement, c’est accepter son licenciement. Et pour ceux qui acceptent, il ne sera plus possible de se tourner vers les prud’hommes. »
collectif rto