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De la grève à la « grogne »… : traitement médiatique des mouvements sociaux
Publie le samedi 24 novembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
De la grève à la « grogne »… : traitement médiatique des mouvements sociaux
Depuis le début de ce que certains appellent l’« automne social », un mot est sans cesse martelé dans les JT, dans la presse écrite et sur le net, qui associe étrangement les acteurs des dits mouvements à la race porcine : la « grogne » (dérivé de « grognement », du latin grunditus, cri du cochon).
« Grogne des étudiants », « grogne des cheminots »… cette expression, qui n’a aucune valeur informative, prend la place, sous la plume et sur les prompteurs de nombreux journalistes, des termes plus exacts que sont la « grève », le « mouvement social », la « manifestation »…
Cette animalisation inquiétante du vocabulaire médiatique désignant les mouvements sociaux n’est pas seulement le reflet d’un laisser-aller lexical ou d’un « dérapage » de certains journalistes. Devenue leitmotiv dans le traitement journalistique du mouvement étudiant par exemple, elle semble participer, d’une « propagande silencieuse », ou propagande ordinaire, pourrait-on dire, qui vise à discréditer toute forme d’action collective de revendications sociales (cf lien vers l’article d’Arno Gauthey daté de juin 2003 sur le site d’Acrimed).
D’une part, le terme péjoratif de « grogne » laisse supposer un mouvement d’humeur, une violence anarchique de citoyens ronchons qui protestent sans grande raison valable (grogner c’est « manifester son mécontentement en protestant sourdement, par des paroles indistinctes ; bougonner, ronchonner, grommeler » dit le Petit Larousse).
D’autre part surtout, cette animalisation du discours journalistique nie l’existence d’une « parole » politique des acteurs des mouvements. Les étudiants, les cheminots « grognent », « crient », font du bruit et sont donc, aux yeux de ces médias, incapables de produire un discours revendicatif cohérent et sensé. Ils ne feraient qu’exprimer ainsi des peurs irrationnelles face au démantèlement des services publics, « meilleure voie pour assurer la rénovation de l’enseignement supérieur » (chronique de Thomas Ferenczi, Le Monde du 23 novembre 2007). Il n’est d’ailleurs pas anodin que ce discours journalistique soit généralement associé dans les JT à des images de foules manifestantes dont on n’entend pas la « voix » : des slogans chantés unanimement qui rythment les manifestations (première forme de parole politique), il ne reste généralement dans ces reportages, qu’un bruit de fond couvert par le commentaire du journaliste, qu’un brouhaha, un « grognement »…Il y a donc juxtaposition entre sémantique du discours et sémantique de l’image journalistique dans un regard péjoratif porté sur les mouvements sociaux.
Enfin, les journalistes n’ont pas le monopole de ce type de désignation, la classe politique, à commencer par nos ministres, ne déroge pas non plus à ces nouvelles règles lexicales…Faut-il rappeler ici le « dérapage » de Christine Boutin qui, à propos du collectif des mal-logés de la rue de la Banque, n’a pas hésité à employer le terme flatteur de « meute »…
L’usage de plus en plus normatif de ce vocabulaire animalisé, loin de montrer la réalité de l’objet de ces discours que sont les mouvements sociaux ou l’action collective citoyenne en général, reflète au contraire, la violence intransigeante du regard qu’on porte sur eux.
Voici un lien vers un très bon article d’Arno Gauthey, daté de juin 2003 (au bon vieux temps des réformes Fillon…), de l’Observatoire des médias Acrimed : de quoi initier ou nourrir une réflexion nécessaire, salutaire et urgente sur le traitement médiatique des mouvements sociaux.
http://www.acrimed.org/article1130.html
A bon entendeur…
Shakila, étudiante Paris 1 - Ulm
Messages
1. De la grève à la « grogne »… : traitement médiatique des mouvements sociaux, 24 novembre 2007, 18:06
Le groin de Sarko qui remplit tout l’écran, big brother bronzé aux grognements porcins montre que la bête n’est pas morte....
Et les porte-cotons, porte-plumes de l’inquisition de l’écureuil maltais ne cessent de nous rouler sur le roudoudou.
Les couinements des JT , les aboiements du show canin contre les travailleurs , montrent et font monter une exigence : Délivrons-nous de la bête !
C’est sur que quand on tient de ses petites mimines tous les hauts-parleurs on se croit tout permis et on en devient vite obscène ...
S’en rendent-ils compte ?
Je demande pardon à l’avance aux écureuils, cochons , rats, chiens et autres représentants de la gente animale pour ces assimilations abusives.
Cop