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Débâcle éléctorale pour les Kirchner en Argentine ?

Publie le mardi 30 juin 2009 par Open-Publishing

Le 28 juin, la sanction électorale contre le gouvernement argentin a été sévère.

La défaite de la majorité [Front pour la victoire] dans la province de Buenos Aires a révélé l’ampleur de ce revers, largement annoncé par les sondages (et plus encore par l’ambiance générale en Argentine). Elle vient non seulement confirmer le déclin du projet politique amorcé six ans plus tôt par Néstor Kirchner [président de 2003 à 2007, auquel a succédé sa femme, Cristina Kirchner], mais elle annonce aussi la fin d’un cycle politique.

Avec sa courte victoire dans la province-capitale, l’homme d’affaires Francisco de Narváez, allié du chef du gouvernement de Buenos Aires, Mauricio Macri [droite], et porteur d’une identité péroniste encore confuse, est le héros du retournement de tendance le plus spectaculaire qu’ait connu la scène politique argentine depuis des décennies.

C’est cependant l’issue du scrutin dans la province de Santa Fe [centre-est] qui, aux premières heures de la nuit, a eu le dernier mot dans la nouvelle cartographie politique nationale. Carlos Reutemann [ancien coureur de Formule 1, péroniste critique des Kirchner] y a remporté le siège de sénateur contre le socialiste Rubén Giustiniani – d’une très courte tête, mais suffisamment pour devenir une nouvelle figure de proue du péronisme sur la nouvelle scène politique.

Comme annoncé, le gouvernement n’a plus la majorité à la Chambre des députés, perdant 16 des 60 sièges remis en jeu.

De même, sa représentation au Sénat n’est plus suffisante, avec une perte de 4 sièges sur 12. La sévérité de la sanction dans la province de Santa Cruz [province natale de Néstor Kirchner, dont il a été trois fois gouverneur] est emblématique de la chute du kirchnérisme. La majorité n’avait pas perdu une élection dans cette province depuis 1999, lors du raz de marée victorieux de l’Alianza [“l’alliance”, de l’ancien président Fernando de la Rúa] dans presque tout le pays.

C’est là-bas qu’a voté ce dimanche la présidente Cristina Kirchner.

La ville de Buenos Aires, quant à elle, a confirmé l’hégémonie du parti de Mauricio Macri : même si Gabriela Michetti, sa candidate à la députation à Buenos Aires, a été loin d’exploiter tout le potentiel dont elle disposait, Mauricio Macri sort des élections du 28 juin comme un présidentiable sérieux. Francisco de Narváez l’a érigé en grand inspirateur de sa victoire dans la province-capitale, et le slogan “Macri presidente !” a retenti au siège de campagne de la coalition Propuesta Republicana (PRO).

Des élections à Buenos Aires il faut aussi retenir le formidable succès du cinéaste Fernando “Pino” Solanas [gauche], arrivé à la deuxième place devant l’alliance conclue entre Elisa Carrió et les radicaux. Le parti de Solanas, Proyecto Sur, qui, tout récemment encore, n’aspirait qu’à une représentation de second plan, a obtenu quatre sièges de députés dans cette circonscription. Le résultat n’aurait pu être pire pour les Kirchner, qui ont perdu dix sièges à la Chambre des députés pour la province de Buenos Aires, qui regroupe près de 40 % de l’électorat.

Le vice-président Julio Cobos [qui s’est opposé aux Kirchner lors de la grave crise du secteur agricole, en 2008] a remporté le pari qu’il avait fait de devenir la référence de l’opposition lors des prochains scrutins nationaux. Son allié Ernesto Sanz, chef de file au Sénat de l’Unión Cívica Radical, de centre gauche, a remporté une franche victoire qui lui assure le renouvellement de son mandat dans la province de Mendoza, où la formation présidentielle a fait bien pâle figure.

Les proches de Julio Cobos se sont également imposés dans la province de Corrientes [nord-est]. A Córdoba [centre], Luis Juez, candidat de la Coalición Cívica d’Elisa Carrió, a obtenu la victoire que lui prédisaient les sondages. Malgré sa défaite à Buenos Aires, où il figure derrière Solanas, l’Acuerdo Cívico y Social [coalition sociale-démocrate rassemblant l’Unión Cívica Radical, la Coalición Cívica et les socialistes] s’impose comme la principale force d’opposition nationale.

Parmi les circonscriptions les plus décisives, la province d’Entre Ríos [nord de Buenos Aires] a sanctionné les candidats de improbable entre le gouverneur kirchnériste Serhio Urribarri et son prédécesseur, Jorge Busti. Atilio Bendetti a conduit les radicaux à la victoire qu’ils attendaient depuis dix ans dans cette province. Seule une dizaine de circonscriptions est restée fidèle à la majorité emmenée par Néstor Kirchner.

http://www.courrierinternational.com/article/2009/06/30/debacle-electorale-pour-les-kirchner