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Déclaration à l’occasion de l’évaluation de l’EHESS par l’AERES
Publie le jeudi 4 juin 2009 par Open-PublishingCette déclaration, rédigée par les étudiant-e-s mobilisé-e-s, a été lue par les élu-e-s soutenant la déclaration lors de leur rencontre avec les évaluateurs, ce matin (jeudi 4).
Étudiant-e-s mobilisé-e-s de l’EHESS, nous tenons à alerter sur les attaques permanentes menées contre nos conditions d’études et de recherche, qui s’accentuent ces deux dernières années avec des suppressions de postes et la précarisation dans l’ensemble des secteurs éducatifs, comme dans la fonction publique. Dans l’enseignement supérieur, ces attaques se sont matérialisées notamment par les décrets d ’application de la loi dite « relative aux libertés et responsabilités des universités ». Les étudiant-e-s de l’EHESS demandent donc l’abrogation de la loi LRU depuis deux ans, et sont solidaires des revendications de la Coordination Nationale des Universités.
Opposé-e-s à la logique de mise en concurrence des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, nous contestons l’application de telles orientations inhérentes à la LRU et à la stratégie européenne de Lisbonne visant à la marchandisation du savoir. Celle-ci organise ainsi la dévaluation qualitative de notre travail, notamment en important des techniques d’évaluation managériales, inadaptées à la recherche (en particulier le benchmarking). A terme, cette stratégie concurrentielle rend inéluctable l’augmentation des frais d’inscription et l’endettement des étudiant-e-s.
Malgré la qualité scientifique des évaluateurs-trices, nous refusons que des critères opaques servent de modalités d’évaluation de nos travaux. En effet, nous constatons que l’AERES continue de maintenir une opacité considérable sur les critères de ses évaluations. De plus, nous contestons la légitimité d’une instance dont les membres sont essentiellement nommés par des procédures de cooptation. Ces pratiques laissent à la fois le pouvoir politique et les lobbys économiques s’ingérer dans ces nominations, au détriment de toute démarche scientifique définie collectivement par des voies démocratiques au sein de la communauté universitaire.
Par l’intermédiaire de leur site internet http://www.aeres-evaluation.fr, non seulement les membres de l’agence reconnaissent eux-mêmes qu’ils connaissent mal leurs propres missions, mais surtout qu’ils/elles n’ont pas de critères d’évaluation transparents (ou, du moins, ces critères ne sont pas rendus publics). Cette volonté d’évaluer serait donc une fin en soi, indépendamment de toute considération quant à la qualité des savoirs produits et transmis. Or, si les évaluateurs-trices gardent le secret sur ces critères, nous constatons quotidiennement que ces évaluations ne répondent aujourd’hui qu’à un objectif : celui de la rentabilisation des activités éducatives, et de la définition d’une utilité marchande des savoirs. L’opacité des critères d’évaluation de l’AERES n’a donc aujourd’hui qu’une fonction : permettre à la ’’main invisible’’ des lobbys économiques de s’ingérer dans la définition de nos formations, de nos recherches, de nos diplômes.
Nous demandons aux évaluateurs-trices de ne pas rendre leurs rapports d’évaluation. Dans le cas où ils-elles ne donneraient pas suite à cette demande, nous leur demandons d’inclure la motion présente, dans son intégralité, dans le rapport d’évaluation.
Étudiant-e-s,
nos diplômes ne seront pas évalués par ceux et celles qui veulent les brader,
nous ne participerons pas à la guerre économique auquel le ministère nous a convié*.
*Discours de Pécresse le 7 octobre 2008 : « Les doctorants devront aussi être les futurs responsables de nos entreprises. (…) Et ce sont justement les compétences des docteurs qui leur donneront les armes pour gagner la bataille mondiale de l’intelligence dans laquelle nous sommes maintenant tous engagés »