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Défaites-vous des ogres, réhabitez le monde.

Publie le jeudi 17 novembre 2005 par Open-Publishing
21 commentaires

de Alina Reyes

Dans la blogosphère où j’évolue, j’ai pu observer la virulence réactive de beaucoup d’intellectuels trentenaires lors des émeutes menées par ceux que nombre d’entre eux ont aussitôt qualifiés de barbares. Certains allant jusqu’à en appeler au retour de la peine de mort, ou déclarer ouverte la guerre civile.

Toujours enrobés de références philosophiques ou littéraires, les propos violents, et même souvent ceux qui s’efforçaient à une certaine modération, laissaient éclater le fond de peur panique d’une jeunesse dont la détresse est pourtant moins due, selon moi, aux chocs civilisationnels entraînés par les immigrations qu’à la difficulté de prendre place dans une société confisquée par les aînés.

Le bon Français ronflait et râlait sur ses lauriers fanés.

Des barbares sans parole commencèrent à pulluler et incendier, et l’on vit des petits Blancs morts-nés dans leur bouillon de culture se mettre à puruler.
Poussant des cris de chouette effraie sur le péril bronzé. Alors qu’ils étaient eux-mêmes la décadence incarnée, confits de lettres aussitôt mortes qu’ingérées par leur organisme malade, et tout aussi embourbés que les barbares dans leur impuissance, leur sexe honteux, leur besoin d’argent, leur dépendance à une quelconque drogue, leurs dérapages violents, leur mal-être chronique, leurs appels dérisoires à des valeurs traditionnelles, leur manichéisme stupide, leur réflexe primaire d’en découdre, leur fantasme de se sentir enculé et d’enculer en retour, leur foi mauvaise, leur haine de la vie, de la joie, de l’amour, leurs pulsions de meurtre, leur désir d’en finir avec eux-mêmes, avec l’ennemi, par une bonne guerre, comme on le dit en d’autres temps, et qu’on l’obtint.

Pendant ce temps le bon Français, mal à l’aise, détournait les yeux et parlait bas.

L’ONU enquêtera-t-elle pour savoir s’il y a en France des armes de répression massive ? La plus grande ruse de ces dernières étant de faire croire qu’elles n’existent pas, aucune preuve ne pourra être établie, pas plus en Europe que dans le reste du monde.

Les inspecteurs repartiront et la répression massive restera cachée sous nos côtes, enclume dans la poitrine de chacun d’entre nous. Ce qui, bien entendu, n’empêchera nullement la guerre d’avoir lieu.

Telle qu’elle a depuis longtemps lieu à chaque instant et nous perce de flèches de plus en plus douloureuses. Ou telle que, si nous ne savons la contenir, elle achèvera notre martyre en nous arrachant le cœur en même temps que l’enclume.

La France ressemble à ce vieil homme qui a passé sa vie à jouir et abuser de son pouvoir et qui, déclinant, se masque pour mendier la compassion de la jeunesse, l’absolution de la jeunesse, avec laquelle il se comporte pourtant comme il l’a toujours fait : mentir, utiliser les autres, les flatter pour mieux les renier, les anéantir et leur faire porter le poids de l’enfer qu’il mérite lui-même.
La France vampirise sa jeunesse, ne la caresse que pour la maltraiter, lui interdire l’avenir. Vous êtes dans son même sac d’ogre, jeunes cadres, jeunes chômeurs, jeunes intellectuels et jeunes cailleras. Vous payez aux vieux des décennies de retraite souvent plus confortables que vos salaires et tout ce qu’il y avait à prendre dans ce pays, ils l’ont pris.

L’art, la littérature, ils les ont pris et saccagés.

Les idéaux, la foi et l’innocence, idem.

L’amour, l’amour érotique, l’amour des enfants, l’amitié sans calcul, idem.

La nature, la beauté.

La politique.

Le travail.

La presse.

Ils se sont servis, et alliés dans le crime à un point tel que nulle société n’avait atteint auparavant.

Et ceux qui aujourd’hui parviennent à sortir la tête de l’eau en leur riant au nez, de leur barque pourrie les vieux ogres ne leur tendent la main que pour pouvoir, une fois récupérés, les faire bouillir et les bouffer aussi. N’ayant d’autre ambition que de se nourrir et vivre encore, encore un peu plus longtemps et même au-delà : continuer à ne pas laisser la place, une fois morts.

Pourtant, pourtant, c’est vous qui êtes jeunes, et puissants si vous les rejetez.

Et ils seront bel et bien vaincus.

Rien n’est plus difficile car le système qu’ils ont mis en place est devenu notre milieu naturel, parce qu’on a l’impression que même si l’oxygène y est rare c’est le seul endroit où l’on puisse désormais respirer, rien n’est plus difficile mais rien n’est plus nécessaire : rejetons leur système. Partons, allons être Français ailleurs, ailleurs sur la planète ou bien sur notre territoire mais pas dans leur combine, ailleurs et autrement de toute façon.

Cessons de fantasmer sur les dangers de la Machine, la Machine n’est dangereuse qu’en servante du Système et c’est lui qu’il faut combattre, c’est de lui qu’il nous faut nous débarrasser et débarrasser ce vieux pays, la France, ce vieux pays que nous aimons pourtant, ce vieux pays auquel nous pourrions faire tant de bien s’il renonçait à se préserver en nous fermant sa porte au nez.

Si nous renoncions à venir manger à ses pieds les miettes qu’il nous jette comme aux moineaux. S’il renonçait à ne nous faire fantasmer à l’exposition de ses appas que pour mieux se dérober. S’il nous laissait, au moins, l’approcher et le toucher vraiment.

Ne vous battez pas entre vous. Jeunes du monde entier soyez solidaires contre vos vieux ogres, remettez-les à leur place qui devrait être noble et qu’ils ont souillée comme le reste. Et ce faisant, prenez aussi la vôtre. Dans votre monde, un monde qui attend que vous lui rendiez l’éternité, c’est-à-dire la possibilité d’être transmis.

www.alinareyes.com

http://amainsnues.hautetfort.com

Messages

  • Superbe. Profond. Merci

    Passerose,
    jeune de 55 balais

  • C’est ce qui s’appelle parler bien.
    On est un peu moins desespéré après avoir lu cela.

    un vieillard de 35 ans.

    • on est pas un peu moins desespérer, il faut juste commencer à mener un combat pour que les choses changent, pour que l’on retrouve tous un certain desir enfouis en nous. les vieux, ces ogres nous opressent, ils ont créer un systeme qui nous rend dependant d un certain confort annihilant nos revendications bien fondées . Ce texte ne me rend pas moins desesperer, il me mets la RAGE, on ne peut pas rester planté là devant une teloche a ne rien faire !

      Ben.

  • ça touche là où ça fait mal ... c’est bien !

  • enfin une parole intelligente au milieu d’une cacophonie débile et d’un autre âge,
    merci alina

    zawad

  • "... une société confisquée par les aînés" ?
    Voire.
    Je ne suis pas sûr que tout cette vision générationnelle aide à y voir plus clair, en ce temps de divrersion.
    Eh oui, tout ça est sympathique, plein de talent, sensible, bien écrit et tout et tout, et pourtant, c’est un petit écran de fumée jeuniste.
    Rien à voir avec les écrans de fumée insupportables, gerne "c’est la faute à la polygamie", mais tout de même....
    Je ne vois pas ce que ça apporte, sinon encore un peu de brouillard sur des évènements qui sont pourtant très clairs.
    Vive la sociale !

  • ’RETOUR AU CALME’, PAS DE ’QUARTIERS’

    Rap à Toto *

    Puant pays de collabos

    labo de la conservation

    conversation l’art des bobos

    beau d’être sa dénégation

    Gardez vos places, tirez la chasse

    Couches moyennes mais épaisses

    comme se couchent font leur lie

    leur lard où les gens d’argent paissent

    l’ordre dur l’ordure où l’or dure

    Gardez vos places, tirez la chasse

    Société bonne pour les chiottes

    à deux bâtons qu’elle s’importe

    pour chier assis soleil levant

    Gardez vos places, tirez la chasse

    Seins bronzés et cul dans la soie

    par compassion ça va de soi

    Prolos et bourges, tous au chaos !

    Gardez vos places, tirez la chasse

    RER A, 17 novembre, 8h17

    * Monopole japonais de sanitaires spécialiste de WC à commande numérique et perfectionnements d’ultra-confort

    Patlotch ;-)

  • J’ai vécu dans un pays où le calme et la sécurité régnaient. Où il y avait une loi pour chaque cas qui pouvait représenter un conflit, une opinion, une attitude "dangereuse" pour l’ordre établi.

    Evidemment l’état d’urgence et le couvre feu étaient considérés comme une nécessité absolue, acceptée par beaucoup de gens. Cela a duré des années.

    Le pays était sûr, aucun doute là dessus. Pas de mendicité, pas (ou presque) de petite délinquance, peu d’agressions autres que celles des forces de l’ordre.

    Evidemment la police était partout.

    Mais le pays était sûr.

    C’était le Chili de Pinochet.

    Le Chili a été le laboratoire d’où se sont inspirés Ronald Reagan, Margaret Thatcher (qui comptent comme admirateur fervent un certain Nicolas Sarkozy) Où toutes les politiques aujourd’hui appliquées par Bush, Berlusconi, Chirac, Blair on été essayées, étudiées, testées.

    Vérifiez les lois "votées" depuis quelques années en France : pratiquement toutes ont leur parallèle dans le Chili des années de dictature. Depuis la décentralisation chère à Raffarin , les retraites, la sécurité …

    Lisez les rapports des organisations de défense des droits de l’homme en France, en Europe aujourd’hui …

    Demain il sera trop tard pour dire que nous ne savions pas .

  • Si tu n’étais pas si belle et si tu n’écrivais pas si mal, est-ce que je t’aimerais autant ?

    Le petit Poucet.

    PS : L’Humanisme est une exigence, pas une bien-pensance.

    • Je lis avec grand intérêt toutes ces réactions. Chacun de nous fait une lecture en fonction de ce qu’il est lui-même et de ce qu’il vit ou a vécu, et il me plait que mon texte soit assez ouvert pour qu’il en soit ainsi.
      (petite précision en réponse au commentaire précédent : le "milieu" d’où j’écris, c’est la traversée des milieux, je suis née dans une famille très populaire, pauvre et communiste, et puis j’ai cheminé, dans ma façon de voir et dans le paysage social... mais ma famille est restée la même, je connais les difficultés des uns et des autres et je n’idéalise aucune catégorie de la société)
      D’autres textes sur mon blog tournent autour de cette situation d’émeutes. Le rap à Toto donne un bon résumé : "gardez vos places", voilà l’occupation acharnée du Français, jusqu’au moment où il se fait virer de sa bonne place si jalousement gardée. Souvent par la violence, puisque c’est tout ce qu’il reste, ou tout ce qu’on est capable d’imaginer.
      Alina Reyes

    • vendredi 18 novembre 2005 (12h46) :
      LYON : COMMUNIQUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE ETUDIANTE DU 17 NOVEMBRE 2005

      Les étudiants de l’Université Lyon 2, réunis en Assemblée Générale ce jeudi 17 novembre, ont décidé de résister à l’ensemble des mesures répressives, liberticides et antisociales du gouvernement.

      Nous exigeons :

      L’abolition de la loi instituant un état d’urgence, loi héritée du colonialisme et confisquant l’ensemble des libertés, donnant potentiellement tout pouvoir au pouvoir politique et policier ( contrôle de la presse, interdiction de se réunir et de manifester, bouclage de quartiers entiers, couvre-feu, perquisition sans mandat de justice, etc.
      )
      Le retrait du projet de loi anti-émeute, qui revient à perenniser indéfiniment l’état d’exception en laissant tout pouvoir aux autorités pour interdire toute manifestation.

      L’arrêt de toutes les poursuites intentées sous cette legislation d’exception depuis le commencement des événements. Nous refusons la double peine, et demandons donc la fin des expulsions d’étrangers incriminés, qu’ils aient ou non un titre de séjour régulier, comme le retrait du projet sur la dénaturalisation.

      Que la scolarité d’enseignement général reste obligatoire jusqu’à 16 ans, car nous refusons que des élèves puissent dès 14 ans se faire exploiter gratuitement par le patronat sans avoir acquis une instruction élémentaire.

      Plus que le simple résultat des provocations quotidiennes de Sarkozy et des policiers, la crise qui traverse les banlieues et les quartiers populaires révèle un malaise social profond, lié à la précarité de la jeunesse comme au chômage de masse. L’Université est globalement fermée pour les enfants d’ouvriers, et dans le même temps la situation sociale des étudiants n’a jamais été aussi calamiteuse :

      Pauvreté grandissante.
      Généralisation du salariat étudiant, sous un régime de précarité.
      Hausse des frais d’inscription.
      Réforme LMD-ECTS et collaboration de l’Université avec des intérêts privés.

      La situation étant ce qu’elle est, et les mesures antisociales comme policières du gouvernement ne pouvant qu’indiquer une volonté de réprimer nos luttes potentielles, nous nous devons d’agir collectivement et solidairement, dans la perspective d’un mouvement d’ampleur des étudiants, des quartiers populaires et du monde du travail.

      Nous appelons à participer :

      Au rassemblement contre l’état d’urgence aujourd’hui à 18 h 30 dans le square Général Delestraint à Lyon 3ème.

      Au rassemblement en soutien aux inculpés ce vendredi 18 novembre à partir de 17h au Palais de Justice 67, rue Servient Lyon 3e.

      Nous appelons tous les étudiants à se rendre à la prochaine Assemblée Générale, qui aura lieu le MARDI 22 NOVEMBRE, à 11H., AMPHI B (Campus de Bron)

      De : Lyon
      vendredi 18 novembre 2005

      0000000000

      ET QUE VIVE LA JEUNESSE solidaire

      Michèle

    • En réponse à ces bonnes remarques, j’aurai juste quelques petites précisions de petit con trentenaire :

      L’âge n’y fait rien, comme dit Brassens. Des petits bourgeois faux rebelles en lacoste, il devait y en avoir en 1968

      quand des voitures ont brûlé, et je pense que déjà c’etait cela le vrai problème : est-ce qu’il est encore nécessaire de désirer travailler ?
      C’était en 1968 une question de riche, de petit bourgeois, comme aujourd’huis.
      Les vrai prolos avaient autre chose à penser : payer le loyer et la bouffe , comme aujourd’huis.
      Mais il y a aussi des faits : alors que le patronnat pleurniche sur le manque de main d’oeuvre, ceux qu’on appelle "les jeunes" cherchent et ne trouvent pas de boulot.
      Sauf, vous avez raison, ceux qui en ont déjà un et qui d’ailleurs ne s’habillent pas en Lacoste mais comme des banlieusards, car c’est plus tendance, voyez-vous.
      Je ne sais pas combien d’intervenant dans ce forum sont des gosses de riches, mais moi non plus mes parents n’étaient pas des fortunés. j’ai juste eu la chance de ne pas vivre en HLM, je dis la chance car j’ai eu des copains qui vivaient en HLM, et je n’avais pas envie d’être à leur place.
      Il y a une expression qui m’a toujours dégouté : "s’en sortir", comme si notre place était de la merde.
      J’ai fait des études, et j’ai bien compris la mentalité des gens qui comptent, qui sont certains d’avoir un poste important. C’est vraiment naif de croire qu’ils ne considèrent pas ce qu’on appelle "travailleur" comme des insectes. Des choses en trop.
      Je n’exagère pas, même si je ne suis plus un français d’en bas, je pense que c’est la réalité.
      J’ai entendu des phrases, des commentaires, avec des mots très polis et très bien choisis qui disaient en gros que le salariat était composé de débiles à maitriser et à controler, même si c’était dit avec des termes moins violents.

      Donc je ne serais pas aussi sévère que vous avec ce texte de A. Reyes. Je l’ai bien aimé, car elle disait ce que je ressens actuellement.

      Aujourd’huis, comme le salarié est devenu une chose a éliminer (et je n’exagère pas !), et qu’en plus le salarié jeune et non gaulois est considéré en surnombre (j’exagère ici ?) , je crois que la distribution de tracts ne fera jamais reculer un patronat certain que nous sommes désormais à leur pieds.C’est pas seulement des mots d’un petit bourgeois, croyez moi, je vous explique :
      j’ai fait un bac+5, je suis blanc, et j’ai du subir un discours de fin d’année d’un "ancien", je m’en rappelle très bien , en 1994.
      Ce type, au look (aujourd’huis on dit quoi dans les banlieues pour "look" ?) très UMP, disait à peu près ceci :
      Si on avait moins de mélange dans les écoles, si les écoles étaient moins envahies par les non-blancs, alors tout irait mieux. Depuis, sans pour autant mettre des Lacostes tous les jours, j’ai constaté que les emplois intéressants et bien payés étaient rarement occupés par des jeunes non blancs.
      Et depuis, il y a eu de nombreuses manisfestations pourtant. Avec dedans peu de chomeurs longue durée dans la merde totale, il faut bien l’admettre.
      C’est pour cela que j’ai arrêté de penser que les jeunes qui avaient décidés de plus rien foutre d’autre que la merde n’étaient pas forcément que des petits cons. Ils n’ont pas de projets, entend-on, mais quels projets avait-on quand on avait leur age ? Et que ferions-nous à leur place ? Et maintenant que l’ordre est revenu, et que tout va continuer comme avant, qui va lire les tracts, qui va participer aux manifestations ?
      Ces jeunes branleurs se font avant tout engueuler par leur entourage qui ont un travail et peur de le perdre.
      Je suis d’accord avec le fait que vous faite est ce qu’il y a à faire, mais pas d’accord sur le fait que la lutte aujourd’hui c’est de réclamer du travail. Actuellement le travail est devenu hors-la-loi pour les grands capitalistes, car trop cher pour eux. Ils voudraient que tout le monde se démerde tout seul. Les "Jeunes" l’ont bien compris, trop bien compris. Ils se demerdent, ils suppriment autours d’eux ce qui les ont rendu inutiles, car exploité par d’autres plus utiles qu’eux. C’est débile mais quoi faire d’autre ? Cela ce n’est pas uniquement des mots pour faire joli, c’est la réalité. Ce qu’ils font ne sert à rien, comme eux on leur dit qu’ils ne servent plus à
      rien, qu’ils devraient dégager.

      jyd

    • Qui c’est qui a encore déterré des situs ? je les croyais morts pour de bon... L’alcool fait des dégats, il faut vraiment avoir une discussion sur le sujet. Et une promenade dans la forêt fait pas de mal pour se remettre la tête en place. Il fait très beau en ce moment...
      marre des leçons de morale et des appels à la révolte lyriques. Quand-est-ce qu’on mange ?
      leon

    • Trentenaire je le suis aussi. Je n’oublie pas que d’où je parle, c’est qu’il y a un eu ce moment où lorsque j’avais vingt ans j’ai manqué suivre une voie qu’aujourd’hui je tache de rattraper. Le tourbillon du cynisme des années 80 ne m’avait pas complètement enseveli et c’est précisément pourquoi d’où je parle j’ai fini par abandonner la guerre quotidienne, celle que les uns et les autres se livrent jours après jours. Mais c’était pour entrer en guerre contre les idées reçues les plus rases, contre les certitudes les plus communément admises, les mythes les plus répandus, les arrangements, les sophismes propres à l’époque, les commodités, le tout à l’égout de la voirie conformiste ET Je n’ai (né, n’hais) pas fini d’en découdre.
      Seulement voilà il est commode, encore commode d’accuser de jeunisme quiconque s’inquiète du sort des jeunes. Jeune= peu avancé en âge. Si donc ils sont peu avancés en âge, on peut légitimement supposer qu’ils n’ont ni pouvoir, ni réelle prescience du monde dans lequel ils s’apprêtent à vivre. Mais tenez-vous bien, j’en ai croisé qui faisaient plus que le supposer et qui déjà à leur âge, pas plus de 20 ans, en avaient vu tant et tant que j’oscille entre la colère et l’effroi, l’inquiétude et le désarroi. J’ai plus de trente ans et je ne peux rien faire d’autre que de discuter une dizaine de minutes avec des jeunes qui font la manche. Et les jeunes "routards" saisonniers que j’ai rencontré cet été. Ces jeunes, et ils sont nombreux, parcourent les routes pour des raisons aisément compréhensibles, ils sont en bute aux vexations des flics : "les puants" ainsi sont-ils dénommés par les forces dites de l’ordre. Ils sont refoulés des centres ville, les associations caritatives ne les accueillent pas toujours avec les égards. Ils sont à peu près seuls et c’est pourquoi ils se regroupent, et c’est aussi pourquoi les flics les délogent et les fliquent où qu’ils soient. Une vie de chien dont j’aurais aimé rendre compte. Une vie comme celle de X, apprenti à 14 ans. Douze heures de travail par jour, sous-payé. La maladie des pâtissiers, les dents qui éclatent. Une mère dépressive qui fait de fréquents séjours à l’hôpital parce que depuis dix ans elle est au chômage. Ou l’autre le petit Dj dans une chaîne de bars du sud de la france. Vingt ans et déjà sous-payé par un quinquagénaire repus, un salaire amputé des heures supplémentaires, payé au noir par un homme qui symboliquement pourrait être son père. Et j’en passe de tels exemples. ET nous trentenaires sommes tous passés par là qu’il s’agisse d’hommes de pouvoirs de droite ou d’anciens soixante huitard comme il en est beaucoup dans les milieux culturels où j’exerçais, ces pères toute puissance n’avaient rien de pairs en puissance. Symboliques j’entends.
      QUEL GENRE D’ADULTES PEUVENT PASSER INDIFFERENT SUR CES TROTTOIRS OU DES GAMINS DE 20 ANS MENDIENT ?
      peut-on encore parler d’Hommes ? C’est là la question que posait Jean-Claude Guillebeaud. C’était la crainte de Orwell, qu’on puisse ne plus avoir à faire à des Hommes dans l’avenir. Mais L’HOMME N’EST-IL PAS A INVENTER ? Depuis toujours des gamins n’ont-ils pas mendié, ne se sont-ils pas prostitués ? A INVENTER L’Homme, au lieu de quoi tandis que le poète Armand Gatti nous parle de L’Homme mieux que l’Homme, la société occidentale contemporaine nous propose l’Homme moins que l’Homme, à rebours, l’Homme bientôt muni d’une puce sous cutanée. Et d’ailleurs pour combien de temps ? Autour de moi des maladies et des morts, un professeur qui dit que d’ici 10 ans les services de cancérologie seront remplis d’enfants. ON n’y est pas déjà à l’heure des maladies qui mutent ? IL va falloir en sortir du spectacle, le spectacle qui s’est plu pendant des décennies à nous montrer une science toute puissante. Il est temps d’envisager l’envers d’un décor qui ne trompera plus que ses clients, lesquels seront chaque jour moins nombreux ou si piteusement contraints de s’entourer de précautions.
      Qu’on ne s’y trompe pas, les pauvres, et les miséreux également, en haut lieu, on aspire à en finir avec eux. On en est là, la corruption est telle que si vous voulez y tremper le moins vous vous condamnez à la solitude et à la misère, et comme ils ne vous pardonneront pas d’être les déchets errants qui parcourent les villes et tendent un miroir au passant, ils en finiront avec vous. Les décideurs sont si corrompus qu’ils ne tolèrent pas l’image d’une France qui ne voudrait pas l’être. C’est le fondement même de cette idéologie et c’est pourquoi en tous lieux ils se sont plus à casser les initiatives ou à les corrompre, à moins qu’ils ne tendent l’alléchante perspective d’en être, d’être des leurs, c’est-à-dire d’avoir plutôt que d’être.
      Alina Reyes je vous ai entraperçu lors d’une émission de télévision (et je la regarde peu). Vous sembliez émotive. Je n’ai pu m’empêcher de penser que cette émotivité conférait à votre personnalité un charme moral.
      L’internaute du Chili en sait sûrement beaucoup plus que nous ….

    • Bonjour,

      L’alcool détruit uniquement le foie, et provoque des légions nerveuses au niveau neuronal qui perturbe la pensée.

      Cela n’est mortel que pour l’alcoolique, sauf dans le cas où quelqu’un arrive en face sur la route.

      Le situationnisme est un mouvement qui a existé avant que je naisse. Donc la figure de style n’est pas terrible, sauf si vous aviez l’image devant vous de ma tête de déterré.

      J’aime me promener dans les forêts, car j’habite dans la cambrousse. l’air y est bon sauf quand c’est l’heure de la chasse, à cause des chasseurs.

      Je ne donne à personne des leçons de morales , surtout pas lyriques, car j’ai pas tout lu Rimbaud, mais je suis sûr d’avoir connu la réalité des RER de banlieues, et la morne violence quotidienne de la vie nulle des villes de la périphérie de Paris, avec des rencontres amicales et enrichissantes parfois avec les forces de l’ordre.

      C’est triste mais effectivement cela donne envie de promenades dans la forêt, pour ceux qui le peuvent.

      Le situationnisme actuellement c’est même pas du syndicalisme, c’est juste la question de savoir ce qu’on va devenir demain matin, et de ne même pas imaginer ce que pense dans le même temps un SDF.
      C’est de la pensée inutile, c’est vrai, mais c’est des octets de paroles produites par quelqu’un qui a toujours accès à Internet.

      C’est mort ? non. Les paroles inutiles seront effacées, et par contre elles permettront eventuellement de diffuser des nouvelles, de manière plus efficace qu’une manifestation prévue deux mois en avance.

      J’ai fini par avoir honte de moi. La question est juste, pour ceux qui sont concernés : êtes-vous de ceux qui prennent le RER actuellement, qui parlez sur ce site Internet ?

      jyd

    • Comparez entre un situationniste et un homme de pouvoir

      « Il faut que le rue devienne un enfer pour les prostituées et les SDF »
      Douste-Blazy (07/2004)

      « Certains regards me font l’effet d’un abîme, je résiste malaisément à la sensation de vertige en sondant, presque à mon corps défendant la détresse qu’exprime les yeux de l’enfant maltraité ou désemparé, de l’homme réduit à mendier sous le joug de l’infamie sociale, du chien abandonné errant en quête de nourriture et d’affection. Pour éphémère qu’en soit l’effet, il m’envelopperait dans un tourbillon d’angoisses, il m’entraînerait dans un gouffre de déréliction si je ne me ressaisissais pas par un recul de tout mon être, aspirant à une insensibilité qui écoeure plus qu’elle ne soulage »
      Raoul Vaneigem

      ... inutile d’en rajouter

      ogur

    • TENTÉ DE SE SUICIDER EN S’ENFONçANT UN CLOU DANS LE CRÂNE
      et
      UNE INDIFFÉRENCE TOTALE :

      http://amainsnues.hautetfort.com/ar...

  • Pillé, graphé et brûlé une BM(série 3) pour toi Alina, mon bel autodaphé.

    Ai prie soin de joindre aux flammes tes livres souillés de ma semance de neg’marron(c’est le nom qui convient à ceux de ma race).

    Bien après, contre ton corps poissé de trop de mots, je me suis couché. Tout contre.
    Toi, drapée" dans ton songe de changrin idiot" et moi, binant ta chair comme Michael K le veld de Coetzee.
    Tu disais : J’aime la place que tu occupes.
    Moi : Ton cul ?
    Toi:Joder, tu lucha ! Etrange étranger, de donde vienes ?

    Mais le nègre a épuisé ses ressources à obéir.

    Ton incendiaire.

  • Je rêve d’un monde que de poésie faite, auquel Alina Réyes frappe désespérement à la porte et duquel je la rejette, tant son monde à elle, me fait aveu d’impuissance fondamentale !

    Franchement, tu manques de cul, Alina...