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Depuis la Santé, l’ex-activiste assume le passé et dénonce une "vérité viciée"

Publie le vendredi 27 février 2004 par Open-Publishing

Agé de 49 ans, Cesare Battisti est l’ancien responsable des Prolétaires armés pour le communisme (PAC). En 1988, il a été condamné à perpétuité par la cour d’assises de Milan "pour avoir commis deux homicides (février 1978 et avril 1979), avoir participé à deux homicides (février 1979), et avoir commis un certain nombre de faits de violences avec armes, vols à main armée, association de malfaiteurs, recel.

...", indique un communiqué de la chancellerie, daté du 20 février. M. Battisti a été jugé par contumace - il était en cavale. Le jugement a été confirmé par la cour d’assises d’appel de Milan, en 1993. Depuis, il est recherché par la justice italienne.

M. Battisti s’est installé en France en 1990. Titulaire d’un titre de séjour - valable jusqu’en 2007, selon ses avocats -, ce père de deux filles gagne sa vie comme gardien d’immeuble, dans le 9e arrondissement de Paris. Devenu romancier, il a publié divers polars aux éditions Gallimard, Rivages, et deux fictions chez Joëlle Losfeld. Il terminait un nouvel ouvrage quand il a été arrêté, le 10 février, puis mis sous écrou extraditionnel à la prison de la Santé, à Paris. L’écrivain Philippe Sollers est devenu son "parrain".

L’homme a toujours nié les faits qui lui sont reprochés, et estime avoir été jugé dans des conditions non équitables. "Je reconnais des erreurs, comme toute personne qui agit. Ils m’ont mis sur le dos toutes les actions du PAC, l’organisation dont j’étais l’un des membres fondateurs", déclarait-il au Monde (daté du 12 septembre 2002).

Jeudi 26 février, M. Battisti a transmis depuis sa cellule un texte dans lequel il revient sur son passé italien. "Sur le plan historique, je crois que nous tous, la génération des "années de plomb", devons assumer tout type d’acte accompli durant cette période-là ; donc, moi aussi et, en ce sens, je peux me définir comme "responsable" ." M. Battisti revient ensuite sur les conditions dans lesquelles la justice l’a condamné : "Je n’étais pas présent aux procès italiens ; par conséquent, je n’ai pas pu me défendre directement ; en Italie, je ne peux plus me défendre ; de plus, j’ai été condamné sur la base d’une législation spéciale et sur la foi des déclarations des repentis ; la vérité judiciaire qui me concerne est donc une vérité viciée." M. Battisti s’interroge, en conclusion : "Sur le plan politique, n’est-il pas inconcevable de renier, vingt ans, plus tard, la parole de la France et l’asile octroyé en invoquant des faits, toujours les mêmes, ! vieux d’un quart de siècle ?"

Lundi 23 février, sa compagne, Mariette Arnaud, a adressé une lettre ouverte aux parlementaires pour que "soit honorée" la promesse de la France, faite en 1985, de ne pas extrader les anciens activistes italiens ayant rompu avec leur passé.

LE MONDE