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Des dettes et des ânes...

Publie le mercredi 8 septembre 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

Comprendre la crise

Des dettes et des ânes (Insurgente)

Une histoire aussi vraie que la vie elle-même

Un jour, on demanda à un éminent expert en Finances d’expliquer cette crise économique d’une façon simple pour que Monsieur Tout-le-Monde puisse en comprendre les causes.

Voici son explication.

Un individu se présenta un beau jour dans un village où il n’avait jamais mis les pieds auparavant et il offrit, à tous ses habitants, 100 € pour chaque âne que ceux-ci voudraient bien lui vendre.

Une bonne partie des habitants lui vendirent aussitôt leurs ânes.

Il revint le lendemain dans ce même village et offrit un prix encore plus élevé, soit 150 €, pour chaque âne, et une fois encore une grande partie des habitants lui vendirent leur âne.

Les jours suivants, il offrit 300 € et les habitants qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers ânes existants.

Constatant qu’il ne restait plus un seul âne dans le village, il offrit 500 € par tête en faisant savoir qu’il passerait les acheter dans huit jours et il quitta le village.

Mais le lendemain, il envoya sur place son associé avec les ânes qu’il avait achetés dans ce même village et avec ordre de les proposer à 400 € l’unité.

Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante, tous les villageois achetèrent ses ânes à 400 € par tête et celui qui n’avait pas assez d’argent en emprunta. Au bout du compte, les habitants du village achetèrent tous les ânes du canton.

Comme il fallait s’y attendre, cet associé disparut tout comme avait disparu son collègue et plus jamais on ne les revit.

Résultat : le village se retrouva plein d’ânes et endetté jusqu’au cou.

Telle est l’histoire que raconta cet expert en Finances.

Observons la suite des évènements.

Ceux qui avaient emprunté de l’argent ne pouvant plus revendre leurs ânes furent dans l’incapacité de rembourser leur emprunt. Et ceux qui avaient prêté l’argent vinrent se plaindre auprès de la Municipalité en expliquant que s’ils ne rentraient pas dans leurs fonds, ils seraient ruinés et que, comme ils ne pourraient plus continuer à prêter de l’argent, c’est tout le village qui connaîtrait la ruine.

Pour que les prêteurs ne se retrouvent pas en banqueroute, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour payer leurs dettes, le donna aux prêteurs. Mais ces derniers, même après avoir retrouvé une grande partie de leurs fonds, ne firent pas un trait sur les dettes des habitants du village lequel continua à être tout aussi endetté qu’avant. Le Maire dilapida le budget de la commune laquelle se retrouva également endettée. Alors il se tourna vers les autres communes et leur demanda de l’argent, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient pas l’aider parce que puisqu’elle était ruinée, elles n’étaient pas sûres de pouvoir récupérer les sommes qu’elles lui prêteraient.

Résultat :

 Les petits malins du début de l’histoire sont pleins aux as.

 Les prêteurs ont vu leurs gains assurés et, désormais, un tas de gens leur verseront les remboursements d’emprunts avec les intérêts et ces prêteurs auront, en outre, un titre de propriété sur des ânes désormais dévalués avec lesquels jamais les habitants du village ne parviendront à éponger la totalité de leurs dettes.

 Beaucoup de gens sont ruinés et ont définitivement perdu leur âne.

 La Mairie est également ruinée.

Résultat, mais est-ce le dernier ?

Pour résoudre tout ça et sauver le village, la Mairie baissa le salaire de ses fonctionnaires.

(pas de nom d’auteur)

Texte espagnol :
http://www.insurgente.org/index.php...

traduction M. Colinas

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Des-det...


Je pense qu’on devrait aussi comptabiliser les habitants des villages dans le nombre d’équidés. (- :

Ainsi que tous ceux qui continuent de penser qu’on peut "organiser" le capitalisme avec un visage humain ou qu’un capitaliste peut être honnête et rester capitaliste.

G.L.

Messages

  • wouaw, je dis chapeau l’artiste, la métaphore est tellement belle.
    Et maintenant dans le village, le maire veut donner l’école, l’hopital, la voirie , les services sociaux et plein d’autre chose pour que les préteurs puissent préter a ceux qui sont endettés.
    Bon ben rendez vous dans deux ans pour la suite de l’histoire ^^.

  • Excellent ! Très pédagogique, il faire tourner cette démonstration.

  • belle métaphore !

    Sauf que les libéraux ont amélioré encore le système en annulant l’incertitude liée aux choix des villageois.
    Aujourd’hui, la mairie organiserait elle-même la vente, au nom de la libre concurrence, en accordant, sur demande d’ Eric W., conseiller chargé des finances, les clefs de la ville au marchand.

  • « Je pense qu’on devrait aussi comptabiliser les habitants des villages dans le nombre d’équidés. (- :»

    Un peu de respect pour les ânes, animaux intelligents, affectueux et fidèles !

  • Cette fable "des dettes et des ânes "aurait pu être écrite par notre cher fabuliste La Fontaine.
    C’est une merveile d’humour et de pédagogie.

    Je me souviens qu’avant son élection Obama et les démocrates parlaient d’aider les emprunteurs endettés par l’acquisition de leur maison
    Un instant j’y ai cru et des Américains aussi
    En fait comme d’habitude ce sont les banques qu’ils ont aidées.

    Aux dernières nouvelles les Américains des classe moyennes qui avaient emprunté pour leur maison sont également touchés.

    A qui le tour ?

  • Eh oui, bien vu ! Effectivement, comme disait La Fontaine, les plus "ânes" ne sont pas ceux qu’on pense... ces animaux intelligents et pacifiques ne s’embarrassant guère de ce genre de vain problème...
    Cette histoire fait également penser à une aventure d’Astérix, "Obélix et Compagnie", où il se passe la même chose avec des menhirs (plus encombrant encore !) ; Uderzo et Goscinny avaient déjà repéré le scénario !