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Des multinationales comme Procter reçoivent de l’argent public sans même le réclamer !
Publie le samedi 20 décembre 2008 par Open-PublishingPoint 35 de l’ordre du jour du 15 décembre 2008 – Amiens. Procter & Gamble. Aide à la recherche et au développement. Convention quadripartite.

Nous sommes face à une intéressante étude de cas comme on dit en géographie. Elle nécessite de raisonner à différentes échelles, une décision prise au niveau mondial a des conséquences sur la géographie locale
Je rappellerai quelques faits.
Procter & Gamble est une entreprise multinationale qui a un chiffre d’affaires qui approche les 80 milliards de dollars et qui a triplé ses profits depuis l’an 2000 en les portant à 15 milliards de dollars.
Procter & Gamble contrôle 23 marques qui font chacune plus d’1 milliard de dollars de chiffres d’affaires. Parmi ces marques on trouve 7 marques de lessive différentes qui se font concurrence entre elles sur le territoire français, il s’agit de : Ariel, Axion, Bonux, Dash, Gama, Monsieur Propre, et Vizir.
Une des raisons de la grave crise économique actuelle est là : de grands groupes à échelle mondiale dépensent sans compter pour racheter leurs concurrents, du coup leurs différentes marques se chevauchent sur une même activité et rivalisent les unes avec les autres inutilement (on a l’exemple à Amiens de la rivalité entretenue par leur maison mère entre Goodyear et Dunlop). Cela occasionne des gâchis financiers énormes.
En outre ces rachats de concurrents de plus en plus nombreux et de plus en plus onéreux grèvent les budgets de ces grands groupes. Par conséquent ils ont tendance à abandonner des activités fondamentales comme la recherche et l’innovation car cela coûte cher et les résultats sont aléatoires... Ils font donc appel à des fonds publics pour remplir une mission qui est strictement la leur. La collectivité n’a pas à prendre en charge sur des fonds publics une activité qui peut leur permettre de générer des profits considérables.
Procter & Gamble est tellement riche et puissante qu’elle n’a pas besoin des 275 000 euros que nous lui offrons. En faisant cela nous l’encourageons au contraire à continuer à racheter d’autres entreprises comme Gillette en 2005 et à faire financer en partie la recherche par les collectivités.
Le PDG du groupe Procter & Gamble, Monsieur Alan G. Lafley, qui, au passage, gagne sur une année 67 fois plus qu’un président d’université, fait le constat suivant dans les Échos du 10 juin 2008 :
« Quand vous êtes à la tête d’une entreprise de 80 milliards de dollars et que vous vous êtes fixé comme objectif de croître deux fois plus vite que votre industrie, soit entre 4 et 6 % par an, vous devez générer près de 4 milliards de dollars de plus de chiffre d’affaires par an. Et pour cela, il n’y a qu’une solution. Il faut rendre beaucoup plus fiable le processus d’innovation »,
Par cette déclaration, il tente de masquer la réalité de sa stratégie véritable, celle du rachat de ses concurrents. Seulement il fait le constat de la nécessité de la recherche pour cacher aux yeux de l’opinion publique sa stratégie mais, néanmoins, il se rend compte aussi du besoin de dynamiser son entreprise par l’innovation. Par exemple, il est avéré que Procter & Gamble cherche à produire des lessives plus concentrées...
Je pense qu’il faut responsabiliser les grandes entreprises. L’effort de modernisation doit reposer sur leurs propres moyens. Á Amiens, Procter & Gamble a affirmé que l’agrandissement de leurs locaux, pour lequel j’ai voté favorablement, était nécessaire pour étendre une activité de recherche dont ils ont besoin et qu’ils auraient financée eux-mêmes de toute manière.
Quel sens y a-t-il à donner 275 000 euros sur un projet représentant un investissement total de 27,9 millions d’euros ? Quel sens y a-t-il à aider un groupe colossal qui n’a pas besoin de l’argent d’Amiens-Métropole pour se développer ?
Pour lutter contre la crise actuelle, nous devons mettre les dirigeants des grandes entreprises devant leurs responsabilités. L’innovation, qui entraîne la création de nouvelles richesses, est de la responsabilité de leurs industries.
Les 275 000 euros que nous allons leur donner pourraient servir à autre chose, à aider des associations, à faire baisser des tarifs pour l’accès au sport ou à la culture. Cette somme nous est bien plus nécessaire qu’à Procter & Gamble, surtout que l’on nous annonce un budget serré...
Pour toutes ces raisons, je voterai contre cette délibération.
Cédric Maisse
conseiller municipal communiste,
délégué à Amiens-Métropole
2 votes contre.
Devinette : tous les élus communistes d’Amiens-Métrople ont-ils voté contre ? Se sont-ils même abstenus ?