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Des nouvelles d’Houreye et Mathilda renvoyées au mali !
Publie le dimanche 1er octobre 2006 par Open-PublishingAccueil > RESF - Collectifs locaux > 60-Oise > Communication
Des nouvelles d’Houreye et Mathilda
Chers Amis, Chers Camarades, Nous avons décidé de vous donner des nouvelles régulières d’Houreye et sa petite fille, Mathilda (4 ans 1/2), expulsées mardi 26, en quelques heures, vers Bamako (Mali) :
Pour faire vivre une solidarité concrète et travailler à leur retour en France dès que possible. Mais aussi afin que toutes et tous puissent concrètement mesurer l’horreur d’une expulsion ! Ces nouvelles seront également transmises à la presse et au Préfet de l’Oise que nous tenons personnellement responsable des éventuels soucis de santé frappant nos deux Amies.
1- Mercredi 27, première conversation avec Houreye, retranscrite par Le Courrier Picard :
C’est la voix empreinte d’émotion que s’exprimait hier, par téléphone, Houreye SACKO, depuis Bamako, la capitale du Mali. Recueillie dans l’urgence chez un ami de son cousin, cette jeune Malienne de 29 ans peine à réaliser ce qui lui arrive depuis son interpellation, lundi 25 à Compiègne, puis son expulsion mardi, en compagnie de sa petite fille Mathilda.
“Je suis perdue, sans famille, ma vie est en France, lance-t-elle, dépitée. Je m’inquiète pour Mathilda. Elle a 4 ans et ne comprend pas. Elle me demande où on est. Je lui répète :“Nous sommes en Afrique Mathilda...” Elle ne connaît que la France, alors elle s’étonne en voyant tant de moustiques. Elle pleure depuis lundi. Elle n’a pas été vaccinée et j’ai peur qu’elle tombe malade. Je n’ai même pas eu le temps de prendre son carnet de santé.”
Enceinte de trois mois, son propre état de santé la préoccupe également. “Cela fait deux jours que je n’ai pas dormi. Je n’ai presque pas mangé non plus. J’ai des maux de ventre. On m’a emmenée à l’hôpital lundi soir à Rouen, où je suis restée trois heures. On m’a donné des médicaments, puis une ordonnance pour un traitement de trois semaines. Et hier (mardi), au centre de rétention, les infirmières ne m’ont apporté des comprimés que pour une seule journée et je n’ai pas un centime pour en acheter ici.”
Houreye SACKO a en effet tout perdu, elle qui était si fière d’avoir réussi à construire sa vie à Goussainville dans le Val d’Oise entre 2001 et 2005, puis à Compiègne. “Je faisais des ménages, je travaillais en intérim... J’arrivais à payer un loyer, du gaz, de l’électricité... J’ai voulu faire les choses bien en cherchant à ma régulariser auprès de la Préfecture. C’est comme ça qu’ils nous ont trouvées. Si j’avais su, j’aurais continuer comme avant...” Mais la jeune malienne avait “confiance en la France.” Certes, il y a quinze jours, le Tribunal Administratif d’Amiens avait débouté son recours contre l’arrêté de reconduite à la frontière, reçu quelques jours plus tôt. “Je pensais avoir deux mois pour faire appel.”
Seulement voilà, cet appel n’est pas protecteur, d’où son incompréhension lors de la venue de policiers lundi matin à son domicile. Sous le choc, elle répète en guise de conclusion : “Je n’ai plus rien, je ne sais pas ce que nous allons devenir.”
Témoignage retranscrit par Le Courrier Picard - CT - 28/ 09/ 2006
2- Vendredi soir, nous faisons parvenir à Houreye la somme de 275 euros (merci à tous les donateurs). Lors d’un nouveau contact, elle nous fait part d’une autre menace : d’ores et déjà, elle subit des pressions très fortes pour que sa petite fille soit excisée. Elle est farouchement décidée à s’y opposer mais nullement certaine de pouvoir empêcher cette mutilation. Le lendemain, nous prenons contact avec une Association malienne s’occupant de l’accueil des expulsés et avec Aminata TRAORE (ex. Ministre de la Culture du Mali et militante “pour un autre monde...”) et ses amis. Dès samedi, ces Camarades ont pris contact avec Houreye. Voici ce que nous écrit le Président de l’Association d’entraide : "Ousmane DIARRA à J.M. Bavard Solidarité Migrants Oise,
Bamako, Mali,
Cher camarade,
Depuis avant-hier nous sommes en contact avec la dame SACKO Elle se trouve actuellement dans une famille d’accueil ici à Bamako. L’AME a eu des échanges avec elle et nous sommes en ce moment en train de voir ensemble ce qui peut etre fait dans l’immédiat.
Elle n’a pas de famille à Bamako ; donc il faudra voir comment l’aider à rejoindre sa famille ou des gens qui la connaisse bien et partant, lui assurer toute l’assistance nécessaire à son cas.
Nous vous tiendrons au courant des détails de ce qui va être fait pour elle. Le problème sérieux c’est pour sa fille qui aura du mal à s’adapter aux situations d’ici.
Salutations militantes."
3- Dimanche 1er octobre, Houreye a bien reçu la somme d’argent. Elle est très touchée ! Le moral est un peu meilleur mais elle est inquiète : Mathilda a commencé à tousser et vomir. Elle la conduira à l’hôpital lundi et pourra heureusement acheter les médicaments grâce à la somme que nous lui avons envoyée (la consultation à l’hôpital est gratuite mais l’achat des traitements entièrement à la charge des patients). Quoiqu’une enquête récente a révélé qu’en Afrique pratiquement un médicament sur deux était une contre-façon totalement identique, dans son aspect, à l’original, souvent en provenance du Nigéria... Cela dans les pharmacies mêmes. Seule une analyse chimique permet de découvrir la réalité. Houreye me confirme enfin que Mathilda ne sera plus scolarisée. Au Mali, les écoles maternelles sont très rares et très chères !
Courage et fraternité. Tos ensemble, n’oublions pas Mathilda et sa Maman ! En pièce jointe, la photo d’Houreye et Mathilda, comme un cadeau fraternel ! Contactez-nous pour tout soutien.
C/o Jean-Michel BAVARD 11, rue Mathéas 60000 Beauvais Tel. : 03 44 45 25 88/ 06 71 93 15 19 Mel : jmbavard@club-internet.fr
ou Francis DESCROIZETTE 13 rue de La Poste 60155 RAINVILLERS Tel. : 03 44 84 40 48/ 06 71 43 23 76 Mel : francis.descroizette@wanadoo.fr