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Des nouvelles du front de Guadeloupe LES 200 EUROS ARRACHES, 1ère GRANDE VICTOIRE ! (video)

Publie le vendredi 27 février 2009 par Open-Publishing
15 commentaires

38ème jour de grève générale : LES 200 EUROS ARRACHES, 1ère GRANDE VICTOIRE !

de Frédéric Gircour

1° Rectification

Dans un article publié hier, je m’attardais sur l’état des négociations en Guadeloupe. Sur un certain nombre de points, notamment la suppression de la CSG et de la CRDS, il s’avère que mes interlocuteurs exprimaient plus ce que souhaite la tendance qu’ils représentent au sein du collectif, que la position assumée collectivement par le LKP. J’ai donc retiré l’article en question (reprenant certains passages pertinents tout de même) et je reviens sur cette question des 200 euros qui vient juste de faire l’objet d’un accord signé.

2° Modalités de l’accord

Le LKP et les représentants du patronat présents aujourd’hui autour de la table des négociations, avec la médiation des représentants de l’Etat, viennent de signer un accord sur la question des 200 euros d’augmentation des bas-salaires : pendant un an, les collectivités territoriales vont donner 50 euros par salarié. L’Etat de son côté versera 100 euros pendant 3 ans. La première année, le patronat n’aura donc que 50 euros supplémentaires à payer à ses employés, puis 100 euros après le désengagement des collectivités territoriales avant de prendre en charge intégralement les 200 euros dans 3 ans. Précisons que ces 200 euros ne seront assujettis ni aux charges salariales ni aux patronales.

3° 1,4 fois ou 1,6 fois le SMIC

Hier, un accord avait failli être trouvé au port autonome, mais la question de la proportion des travailleurs qui en bénéficierait posait encore problème. Le MEDEF voulant se limiter à ceux qui gagnent jusqu’à 1,4 fois le SMIC ; le LKP demandant qu’on aille jusqu’à 1,6 fois. Le MEDEF étant très isolé sur cette question, chacun sentait l’issue proche et inéluctablement en faveur des travailleurs guadeloupéens.

4° Communiqué du MEDEF

Cet après-midi, consternation au moment de reprendre les négociations : le MEDEF et la CGPME étaient purement et simplement absents. Lors d’une conférence de presse donnée au WTC de Jarry, ils ont fait la lecture d’un communiqué de presse signalant que la sécurité de leur représentant, Willy Angèle, n’était pas assurée et prétendant même qu’il « avait été victime d’une nouvelle agression [sans préciser en quoi ont consisté les précédentes !] d’Elie Domota ». Le communiqué parlait de climat d’insultes et de violence qui ne permettrait pas le dialogue social et dénonçait la surenchère dans lequel s’enfermerait un LKP qui ne se satisfait pas des 1,4 fois le SMIC et exige 1,6 fois.

5° Domota a enjambé sa table

Il y a bien eu un incident hier : environ à la moitié de la séance, les esprits se sont échauffés entre Domota et Angèle. Le MEDEF prétendait écarter les secteurs du tourisme, du gardiennage, du nettoyage, etc., des accords sur les 200 euros. Le ton est monté et Elie Domota aurait effectivement enjambé sa table alors que Willy Angèle se trouvait à plus de 10 mètres. Aussitôt des membres du LKP se sont interposés. L’incident, pour inacceptable qu’il est, n’a pas été plus loin qu’un de ces coups de poings qu’on donne sur la table ou même une chaise qu’on renverse pour marquer son exaspération dans des négociations très vives.

A aucun moment Willy Angèle n’a été approché à moins de dix mètres par Domota et d’ailleurs, les négociations avaient repris normalement par la suite.

6° Une pétition restée lettre morte, hélas !

LKP ou patronat, qui dit vrai ? Si l’immense élan populaire suscité par la pétition lancée par Chien Créole pour la diffusion des négociations en direct avec été repris par les différents acteurs, patronat comme LKP d’ailleurs, nous ne serions pas en train d’épiloguer pour se demander si untel exagère, s’il y a eu ou non agression. Pour sa part, le préfet a fait savoir que la personne de Willy Angèle n’avait à aucun moment été mise en danger ! Que je sache, on peut reprocher un certain nombre de chose à ce préfet, mais pas celui d’être un allié malhonnête du LKP contre le grand patronat ! On voit bien que le MEDEF cherchait un prétexte pour échapper aux responsabilités qui sont les siennes devant les travailleurs guadeloupéens et devant l’histoire.

7° Signé !!!

L’annonce de cette reculade a été très mal prise par les manifestants groupés en bas du lieu des négociations et on a pu craindre un instant des actes désespérés. Tout le monde veut trouver des solutions sérieuses et durables et le fait de faire traîner les choses en longueur pousse à bout des gens qui en sont à leur 38ème jour de grève générale ! Heureusement, le préfet est revenu sur sa décision et a accepté de négocier avec ceux qui étaient présents. A 0h30 dans la nuit du jeudi au vendredi, Elie Domota vient d’annoncer la signature d’un accord interprofessionnel sur la question des 200 euros sur la base que j’énonçais plus haut. En l’absence de Willy Angèle, les autres organisations patronales (UPEG, UCEG, UPA, etc.) ont signé l’accord qui engage de fait les patrons du MEDEF.

8° Poursuivre la lutte

Cette première victoire constitue un exemple formidable pour les travailleurs du monde entier, mais elle n’est pas sans risque : il ne faudrait pas que sur cette base, on oublie les autres points, et surtout la poignée de ceux qui doivent être traités prioritairement : quid de la question des retraites et des minimas sociaux par exemple ? Si nous n’avions fait tout ça que pour retourner aussitôt dépenser les 200 euros si durement acquis, chez Carrefour, pour acheter je ne sais quelle connerie, nous foulerions aux pieds toutes les valeurs qui nous ont portés pendant ces longues semaines de sacrifice. Le LKP a fait émerger une nouvelle conscience vis-à-vis de notre environnement, de la vision collective qui doit dépasser notre individualisme et consumérisme quotidien, il a entraîné dans son sillon des dizaines de milliers de citoyens engagés pour une cause juste et a commencé la construction d’une nouvelle identité guadeloupéenne sur des bases plus saines. La grève ne saurait s’arrêter juste pour 200 euros, parce qu’un premier accord a été trouvé. A priori et de l’avis de tous, les quelques points urgents restant peuvent trouver une solution rapide ; d’autant plus rapide que nous saurons maintenir le rapport de force qui joue en notre faveur. Et puis il faut bien dire que cet accord est imparfait et porte en lui les germes de révoltes pour demain : ceux gagnant jusqu’à présent 1,7 fois le SMIC, qui vont être dépassés par ceux qui gagnaient auparavant 1,6 fois le SMIC, vont-ils rester les bras croisés ?

9° Sprint final

Notre patience et notre résistance ont inspiré le respect et l’intérêt du monde entier, nous arrivons au moment du sprint final et la ligne d’arrivée est clairement en vue. Devons-nous nous arrêter et commencer à sauter de joie en proclamant notre victoire dans l’espoir que les autres derrière, écoeurés par notre démonstration, s’arrêteront et s’avoueront vaincus ou devons-nous au contraire poursuivre avec ce même moral, cette même force que nous ne soupçonnions pas mais qui va nous permettre de remporter la course ? Soyons encore plus nombreux à répondre aux appels à la mobilisation du LKP et montrons à tous ceux qui ont de tous temps parié sur nos faiblesses, nos divisions, nos lâchetés, notre lassitude, que ce temps-là est révolu et qu’en Guadeloupe, on reste doubout, et qu’on est fier d’ouvrir la voie pour les travailleurs du monde entier. Kenbé rèd !

http://chien-creole.blogspot.com/


GWADLOUPÉYEN ! DOUBOUT KONT PWOFITASYON ! KIMAFOUTIÉSA !

Wi, si nou bésé bwa konyéla, nou pé’y jan pé fè nonm é fanm an ti péyi la sa ankô !!!

http://ugtg.org/IMG/flv/Video-Meeting-LKP-le-240209.flv


Meeting du LKP
Le : 24.02.2009
Durée : 40 min
Taille : 85Mo

http://lkp.e3b.org/dotclear/index.php

http://ugtg.org/?lang=cpf_gp

Messages

  • quel exemple ça c’est de la lutte, j’espère qu’ici en métropole, tous les syndicats réunis en prendrons de la graine !!!!!

    elle

    • cf libre belgique

      Guadeloupe : un premier pas
      AP

      Mis en ligne le 27/02/2009

      « On a rendez-vous avec le préfet à 15h00 (locales) sur notamment les produits de première nécessité, la baisse du prix de l’eau, du pain, des choses comme ça. Logiquement, cela devrait aller vite puisqu’ils ont eu le temps de travailler », a encore dit le leader du LKP.
      Un accord a été signé dans la nuit de jeudi à vendredi pour une augmentation des bas salaries en Guadeloupe mais ne concerne que 15.000 des 80.000 salariés du privé du département d’outre-mer en raison de l’absence dans ces négociations du MEDEF (Mouvement des entreprises de France) qui représente 80% des patrons de l’île.

      S’exprimant devant la presse à l’issue des négociations, le préfet de Guadeloupe Nicolas Desforges a précisé que « toutes les organisations patronales n’ont pas signé » : « cet accord a encore une base étroite et il faut l’élargir, puisque aussi bien pour le moment il ne concerne qu’environ 15 à 17.000 salariés sur 85.000 salariés ».

      « Cet accord c’est une avancée, mais sa base mérite d’être élargie, et c’est ce à quoi vont s’attacher les médiateurs. Il s’agit d’intégrer ou de réintégrer à la table de négociations un certain nombre d’organisations patronales qui n’étaient pas présentes aujourd’hui », a encore dit le préfet de Guadeloupe.

      Le président du groupement des hôteliers guadeloupéens Nicolas Vion faisait partie des patrons qui ont quitté ces discussions, dénonçant un climat d’intimidation. « Pendant ces 38 jours, nous avons essayé de sauver notre économie, nos entreprises et nos emplois, nous nous faisons menacer. Nous vivons sous les quolibets permanents d’un groupuscule qui veut nous empêcher de nous exprimer, qui opère de véritables diktats », a souligné M. Vion sur RTL.

      « Hier, M. Domota (Elie, le leader du LKP (Liyannaj kont pwofitasyon, Ensemble contre la surexploitation, NDLR) a sauté sur la table pour venir molester et s’en prendre physiquement au président du MEDEF et il a fallu que des gens du GIGN qui étaient présents dans la salle pour protéger le préfet s’interposent. Eh bien, nous nous disons, maintenant ça suffit ! ». De son côté, Elie Domota a déclaré à l’issue de ces négociations que son organisation allait s’attacher « dans les prochains jours à demander l’extension de cet accord-là à l’ensemble des salariés et des entreprises de Guadeloupe, de façon à cet accord-là concerne les 80.000 salariés du privé ».

      « On a rendez-vous avec le préfet à 15h00 (locales) sur notamment les produits de première nécessité, la baisse du prix de l’eau, du pain, des choses comme ça. Logiquement, cela devrait aller vite puisqu’ils ont eu le temps de travailler », a encore dit le leader du LKP.

    • Le préfet a clairement confirmé que le "patron" du Medef n’avait jamais été en danger contrairement à ce que ce monsieur a essayé de faire croire.

  • Bien, mais dans 3 ans à combien seront :

    La baguette de pain ou le litre de lait ?

    • justement, il serait bien de mettre le holà à l’augmentation du pain, du lait, des pates, etc...

      Pour le combat du LKP, qui a toute notre admiration, c’est véritablement un exemple, dont nous ferions bien de nous inspirer ici en métropole, afin de gagner nous aussi sur la question des revendications salariales et sociales. C’est largement faisable parce qu’il est prouvé que l’union fait la force.

      Il faut arrêter de croire que les caisses de l’Etat sont vides, pour la simple raison que :

       Sarko mène grand train de vie à l’Elysée, (réceptions somptuaires, nombreux voyages en avion avec une nombreuse cour, etc...)

       ses ministres s’accrochent de toutes leurs griffes (ou ventouses) à leurs postes juteux avec carnets d’adresses remplis qui les mettent à l’abri de la famine,

       les banques sont renflouées par nos caisses justement, ainsi que les concessionnaires automobiles,

       que le paquet fiscal toujours d’actualité a fait beaucoup de mal à notre Trésor et à nos acquis sociaux, donc à nous les "vaches à lait",

       et parce qu’il y a du monde qui vit le cul assis sur un matelas financier au vu de la vente exceptionnelle des oeuvres d’art de Bergé et YSL.

       etc, et avec tout ce qu’il nous reste à découvrir dans les jours, semaines, mois à venir...

  • Le résultat d’une lutte magnifique, et de l’alliance de 49 collectifs syndicats et associations

    Il serait temps qu’en métropole nous ayons autant de détermination !

    Il a fallu aux Guadeloupéens 5 semaines de lutte pour commencer à faire plier les patrons.

    Le 19 mars ne suffira pas, à l’évidence

    • Si les Français comprennent l’intérêt du 19 mars d’être massivement dans la rue, et pourquoi pas le quart de la population de la métropole, je ne sais pas si Sarko va attendre la suite pour entamer de vraies négociations que les bases syndicales et autres réclament depuis un bon moment déjà.

      C’est dans l’intérêt de tout le monde salarial, principalement ouvrier,y compris chômeurs, retraités, étudiants, profs, petits artisans, pêcheurs, paysans, etc... de se manifester ce jour-là, si nous voulons que l’Etat nous prenne au sérieux. Le LKP a réussi un miracle de taille, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas en faire de même. Il s’agit juste d’un peu de volonté et d’optimisme pour montrer à ce pouvoir et aux nantis du Merdef qu’ils doivent compter avec nous, et pas dans notre dos.

      Déjà le 29 janvier, c’était un beau premier pas, maintenant il faut en faire un dont tout le monde se souviendra pour l’avenir. En mai 68, combien y avait-il de citoyens dans la rue ? Au moins 10 millions sur une population bien moindre qu’aujourd’hui. Les Français l’ont déjà fait, ils avaient réussi à arracher une augmentation de salaire de 30 %, ce qui est très fort, alors pourquoi pas le 19 mars ? Perso je ne crois pas du tout que les caisses de l’Etat soient vides, tous les jours Sarko nous apporte confirmation. Alors ?

  • Le LKP a gagné (en partie) et c’est tant mieux. Toutefois, faire payer une partie des augmentations de salaire aux collectivité territoriales et à l’État, c’est pas ce que les guadeloupéens étaient en droit d’attendre.

    C’est aux patrons à payer, c’est le MEDEF qui doit mettre la main à la poche. Depuis des années, les patrons, on les subventionne à coup de baisse de charges, soit disant au nom de la création d’emplois. Ils se gavent sur notre dos, ils boursicotent avec notre fric et en plus on leur en file pour les renflouer quand ça va pas !!! Et là bang !! nouveaux cadeaux, pendant 3 ans c’est pas eux qui vont payer.

  • Les 200 euros de plus pour les bas salaires, je suis d’accord evidemment ; ce qui me plait moins, c’est que les patrons ne paieront quasi rien par contre les contribuables paiyeront quasi tout ;
    Enfin, les sans-emplois de Guadeloupe, plus de 30%, ne sont pas concernés et personne n’en parle .
    Enfin, que la république fasse son travail et donne 200 euros de plus à tous les salariés Français, oû qu’ils habitent ;En métropole, la cherté de toutes les denrées de première nécéssité a augmenté de façon calamiteuse et au même niveau qu’en Guadeloupe .
    Appliquons les lois de la république stictement partout et les départements d’outre-mer, vous le verrez , auront les mêmes problèmes que nous avons ici.
    Ce qui nous manque, je vous l’accorde, c’est l’UGTG !

    • Super victoire qui va permettre de casser un peu plus la protection sociale , les "charges sociales" c’est de la sémantique patronale, les cotisations sociales sont des salaires socialisés !

      Comment payer les retraites , la maladie , les allocations familliales, etc... avec les fonds de pensions , bonjour l’avenir pour nos enfants ?

      Nous sommes dans le degré O de la pensée révolutionnaire !

    • Nous sommes dans le degré O de la pensée révolutionnaire !

      a oui !!! et que propose tu ?????

    • Les travailleurs antillais n’ont pas tant demandé des cadeaux de l’état, mais voulu être payés + et voulu que les patrons antillais partagent un peu plus.

      Les patrons antillais pouvaient payer, ils ont eu renfort de l’état pour payer à leur place et on ne peut reprocher aux travailleurs antillais d’avoir accepter la satisfaction de leurs revendications de cette façon (qui est prévue comme étant remplacée progressivement par les patrons).

      Pour ce qui est de la république de Dunkerque à Tamanrasset le formalisme républicain n’a pas empêché la république d’être cette brute coloniale qui a avilie hommes et femmes au cours de plusieurs centaines d’années, celle qui fit crier Monsieur Thiers "qu’on les fusille !", qui, à de nombreuses reprises fit des boucheries coloniales, des fusillades et des coupe-gorges.

      Et les Antilles en cela, comme d’autres colonies, subirent plus l’arrogance de la classe maitresse de la république.

      La république n’empêcha pas les extravagances violentes et racistes des couches coloniales dominantes dans les "îles".

      Elle n’a pas empêché, sous son formalisme bourgeois et néo-colonial, la prorogation d’inégalités terrifiantes, construites dans la chair même de l’esclavage, pour aboutir à de formidables inégalités de fait , un patronat essentiellement blanc dans son écrasante majorité, une classe dirigeante des entreprises puisée dans la métropole, et l’immense majorité de peau noire ou métis, écartée de la richesse, écartée du pouvoir, écartée de fait de la république.

      Le formalisme républicain, tel que pratiqué, n’a rien réparé d’une façon décisive. Comme en France, mais bien pire qu’en France.

      Maintenir des lois qui instaurent une égalité formelle c’est ne pas réparer les conséquences du passé.

      Non les Antilles ne sont pas comme la France.

      Et un effort particulier doit y être fait pour établir des conditions d’égalité de tous et toutes.

      Le mouvement de lutte des travailleurs guadeloupéens montre une unité jamais connue dans le peuple, majoritairen permettant d’augurer de meilleures conditions pour l’égalité même si des lois de la république y sont ébréchées.

  • Il semble que le Medef et d’autres associations patronales représentant les plus grosses entreprises refusent de signer l’accord ?