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Des roms à Montreuil (suite de septembre)
Publie le lundi 27 septembre 2010 par Open-Publishing2 commentaires

Armand Gatti (extrait de l’émission dédiée dans la série Un siècle d’écrivains, réalisée par S. Gatti, FR3, 1997 ; archives de la BPI du Centre Pompidou)
Hors-les-rails
(des Rroms à Montreuil, l’automne 2010)
par Stéphane Gatti
http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1748
La revue des ressources / Champ critique / Interventions
A la fin du mois d’Août, des élus de la Mairie de Montreuil ont
contacté La Parole errante et son administrateur Jean-Jacques Hocquard
pour demander si nous voulions et pouvions faire partie d’une chaîne de
solidarité pour accueillir 40 Rroms pendant 15 jours dans nos locaux.
C’était la latence de la rentrée. Il faisait encore beau. Nous
connaissions l’errance de ces familles à travers la ville depuis un an.
Nous pensions que cette initiative de la ville était une reconnaissance
de la nécessité et de l’urgence de trouver une solution digne. Pendant
cette période, le hasard a voulu que nous accueillions une journée de
réflexion sur les Rroms en France et en Europe .
La ville a amené ces familles chez nous dans un grand déploiement de
moyens avec camions et personnels. Nous avons vu là les oracles d’une
solidarité effective.
Plus de quinze jours sont passés. L’enchaînement des solidarités tarde
à se mettre en place. Il semble qu’il n’y ait pas vraiment de chaîne.
La ville se retourne aujourd’hui vers les associations en leur demandant de prendre leur responsabilité, qu’elle ne peut assumer tous
les malheureux de la terre.
Pour la Parole errante, la question devient difficile à gérer.
L’accueil de dépannage devient un accueil maltraitant. Il commence à
faire froid la nuit, les conditions sanitaires ne sont pas vraiment
réunies pour accueillir ces familles. La moitié des locaux de La Parole
errante sont bloqués et les ateliers prévus ne peuvent avoir lieu.
La question se pose avec acuité de savoir comment s’articulent les
pétitions de principe solidaire et les réponses concrètes à apporter
sur le terrain.
A la Parole Errante, c’est la Parole du poète qui prévaut. Elle a pris
la forme d’une pièce de théâtre, Les 7 possibilités du train 713 en
partance d’Auschwitz [1], qui rappelle que déjà en 1945, il n’y avait pas de solution pour les rescapés des camps d’extermination. De ce train parti d’Auschwitz peu avant la fin de la guerre et dans lequel se sont entassés des rescapés des camps de la mort, on sait seulement qu’il commença à circuler à travers l’Europe en quête d’une ville d’accueil,
qu’il fut reconduit sur Vienne, tourna plusieurs fois autour de la ville qui n’en voulait pas, puis disparut on ne sait où ni comment. Dans ce train, il y avait notamment des tziganes. « Où vont les trains hors-les-rails ? » se demandent les personnages de Armand Gatti [2] C’est dans cet « hors-les-rails » (hors-l’histoire, hors-le-progrès, hors-l’abondance-enfin-promise) que s’avance le train 713. L’histoire dit qu’il s’est perdu. Qu’il est devenu silence — et donc impossible héritage. C’est à ce silence que la pièce donne voix.

Aujourd’hui, le silence fait du bruit. Quand nous avons ouvert le lieu, nous avons mis au coeur de notre réflexion la question : Qu’est ce qu’un lieu culturel qui se pose la question de l’accueil ? Cette question est ouverte...
Notre lieu est propriété du Conseil général de la Seine-Saint-Denis qui
pense que la réponse positive d’accueil de Jean-Jacques Hocquard est
inadéquate. La ville n’a pas de solution. De réunions en réunions, il
semble que le train des déportés ne trouve toujours pas de point d’accroche.
Stéphane Gatti pour La Parole errante
Un siècle d’écrivains : Armand Gatti, réalisation Stéphane Gatti (filmographie de la BPI du Centre Pompidou) ; FR3, 1997.
Retour de déportés et de prisonniers (01/01/1945), une évocation des trains revenus en France.
Les trains de la misère, article paru dans le journal Le monde du 30 octobre 1945 ; source ENA.lu, European Navigator, La première bibliothèque numérique sur l’histoire de l’Europe.
Libération et retour à la maison, chronologie d’un retour au long de plusieurs mois de l’année 1945, par un descendant du protagoniste.
* Pour mémoire de la Journée journée de réflexion sur les roms en France et en Europe voir l’article du 12 septembre 2010 dans La revue des ressources Les roms, Jacques Rancière, La bande passante et La parole errante en commentaire duquel se trouve intégralement cité le texte de Jacques Rancière, et d’autre part l’édito estival du 2 au 14 août Dosta !.
[1] Armand Gatti, Two Plays : The Seven Possibilities for the train 713 ( Les 7 possibilités du train 713 en partance d’Auschwitz) et Public song before two electric chairs (Chant public devant deux chaises électriques) traduits par Teresa Meadows Jillson et Emmanuel Deleage, Ed. Green Integer 51, Los Angeles, 2002.
[2] Bibliographie des oeuvres d’Armand Gatti dans son site et dans celui des éditions Verdier.
Messages
1. Des roms à Montreuil (suite de septembre), 28 septembre 2010, 11:56
Ne pas oublier l’oeuvre du poète tsigane Jean-Louis Bauer, rescapé des camps de la mort nazis, l’enfant qui dormait à même le ciment du camp de rétention avec les familles tsiganes et juives de la région, un rescapé des camps de la mort nazis .
Son témoignage, en tant que représentant de l’association des familles tsiganes de France victimes des basses oeuvres du zélé préfet Papon, fut refusé, au procès de Papon, par l’avocat Arno Klarsfeld qui ne jugeait recevables que les témoignages des familles juives victimes des mêmes convois de la mort .
Evidemment, les Tsiganes n’ont que peu ou pas de représentants dans les médias pour rappeler qu’ils furent les victimes du même génocide nazi .
Une pensée pour Jean-Louis Bauer, aujourd’hui décédé .
1. Des roms à Montreuil (suite de septembre), 28 septembre 2010, 17:06, par Orphée
Merci pour votre rappel
http://balval.pagesperso-orange.fr/Poulouche/Poulouche.html