Deutsche Bahn : débrayage de 62 heures, le plus important dans l’histoire du pays

de Sylvia Westall et Dave Graham

Des millions d’usagers allemands ont été affectés jeudi par l’élargissement de la grève des conducteurs de train qui, des convois de marchandises, s’est étendue au transport de voyageurs.

Ce débrayage de 62 heures, le plus important du secteur ferroviaire dans l’histoire du pays, dure jusqu’à samedi et fait craindre un impact marqué sur la première économie européenne.

A l’appui de ses revendications salariales adressées à la Deutsche Bahn, le syndicat des conducteurs (GDL) avait déclenché une grève du transport de fret mercredi en milieu de journée. La grève des trains de voyageurs a débuté jeudi à 01h00 GMT. Les deux mouvements se poursuivent jusqu’à samedi à 01h00 GMT.

Tandis que les quais de gare étaient désertés, on signalait des embouteillages monstres dans les villes et leurs environs. La Deutsche Bahn a organisé des services de bus de substitution.

"Ces grèves sont un cauchemar absolu, mais je comprends pourquoi les conducteurs font ça - ils veulent plus d’argent", déclare Michel Frieske, jeune cuisinier à l’Ostbahnof de Berlin.

Des signes indiquent toutefois que la sympathie du public envers le syndicat diminue. Selon un sondage Forsa pour le journal Bild, seules 45% des personnes interrogées approuvent la position du GDL.

"Les conducteurs de train sont allés aussi loin qu’ils le pouvaient dans leurs revendications - il faut que cela prenne fin peu à peu", affirme Katrin Hor, une usagère de 29 ans, à la gare principale de Berlin.

Les plus lourds effets de la grève se font sentir en Allemagne orientale, où seuls 10% des trains régionaux roulaient. Sur le plan national, les deux tiers des liaisons longue distance à grande vitesse étaient assurées, a fait savoir la Deutsche Bahn.

LE TON MONTE

Selon les économistes, la seule grève du fret coûte 50 millions d’euros par jour à l’économie allemande et ce coût pourrait atteindre 500 millions d’euros si le mouvement se prolongeait au-delà d’une semaine.

Les arrêts de travail frappent déjà certaines entreprises, notamment celles qui dépendent de livraisons à heures précises. Le constructeur automobile Audi a annulé une vacation dans une de ses usines pour cause de pénurie de pièces.

Le conflit ne paraît pas en voie de règlement et les propos échangés deviennent acrimonieux. Le GDL a accusé l’opérateur ferroviaire de "violer" l’Allemagne.

"Je ne comprends pas que le pays puisse être violé, comme il l’est maintenant depuis des mois, du seul fait que la direction de la Deutsche Bahn refuse d’engager des négociations", a affirmé Manfred Schell, patron du GDL, à la chaîne publique ARD.

Une trentaine de délégués du GDL ont proféré des invectives à l’aide de mégaphones devant le siège de la Deutsche Bahn.

Le GDL affirme que les cheminots allemands sont sous-payés par rapport à leurs collègues européens et exige une nouvelle offre d’augmentation salariale de la part de la Deutsche Bahn.

Mais la compagnie exclut de présenter une nouvelle offre.

"Si nous cédons maintenant, le préjudice causé à l’économie sera en fin de compte beaucoup plus grand", a dit un cadre de la Deutsche Bahn, Karl-Friedrich Rausch, à la télévision. "Ils essaient de nous forcer à jeter l’éponge sans conditions. Ca n’arrivera pas."

Le conseil de surveillance de la compagnie a apporté son soutien total au refus opposé par la direction aux exigences du GDL après une réunion jeudi.

Le GDL réclame un accord salarial spécifique pour ses 34.000 conducteurs, indépendamment du relèvement de salaires de 4,5% accepté par d’autres employés du rail en juillet. Il réclamait initialement une hausse de 31% des salaires. (Reuters)

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