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Document de l’assemblée des mouvements pour la fermeture des Centres de permanence temporaire (Centres de rétention, NdT)
Publie le lundi 18 juillet 2005 par Open-Publishing
Bari traduit de l’italien par karl&rosa
Les mouvements pour la liberté de circulation et pour la fermeture des centres de détention pour les migrants accueillent positivement l’initiative des présidents de région et revendiquent le parcours de mouvement qui l’a rendue possible.
Le Forum d’aujourd’hui démontre qu’un profond conflit institutionnel s’est ouvert.
La loi Bossi-Fini et le ministre de l’Intérieur Pisanu ont transformé le problème politique de l’immigration en guerre permanente contre tous les migrants, en amplifiant les aspects négatifs de la loi Turco-Napolitano, que, n’importe comment, nous refusons. A une semaine des attentats de Londres, il devient prioritaire de refuser toute mesure antiterrorisme d’urgence, pénale ou administrative, qui fait des migrants les premières victimes et les boucs émissaires d’une criminalisation préventive.
En effet, la politique actuelle sur l’immigration est basée sur une rationalité de l’urgence et de la sécurité. La fermeture des frontières, la restriction des canaux d’entrée légale, le rétrécissement des possibilités de regroupement familial, l’exaspération de la précarité de la condition des migrants en raison d’une connexion rigide entre la durée (et le renouvellement) du permis de séjour et le rapport de travail, la négation du droit d’asile sont en train de produire de la clandestinité, des risques de chantage, de l’irrégularité.
Les mesures limitant la libre circulation et l’utilisation médiatique de l’association continuelle clandestin/criminel, ont amené progressivement les migrants à une condition de clandestins et transformé de facto le clandestin en criminel sui generis, un criminel d’exception qui ne peut pas être simplement arrêté, mais qui doit être interné tout en n’ayant commis aucun délit. Tout cela est en train de continuer à alimenter une fausse alerte, pour induire et amplifier une demande sociale d’exclusion, de rétrécissement des droits de citoyenneté qui concernent toutes et tous.
Le traitement du migrant est devenu le prototype du contrôle social et de la précarisation du travail et de la vie de tous, institutionnalisé aussi par la loi 30. L’intrication perverse du contrat de séjour et de la précarisation du travail met les migrants dans une condition de continuel risque de clandestinité augmentant pour tous les risques de chantage
Les politiques de répression ont servi à expérimenter un droit spécial et séparé par catégories de personnes (migrants, toxicomanes, prostituées, militants). Depuis 1998 - l’année où la loi Turco-Napolitano a institué les centres de permanence temporaire - un ample réseau de militants a mis en œuvre une critique pratique de la détention/déportation. Le fonctionnement normal de ces galères ethniques a été mis en discussion et a été refusé aussi bien de l’extérieur que par les migrants qui y sont détenus.
La désobéissance légitime à une loi injuste a été pratiquée sous des formes diversifiées, réaffirmant l’opposition à la détention ethnique et administrative, à la distinction entre personnes légales et personnes illégales, régularisables et non régularisables, et en dénonçant l’impossibilité d’une réforme humanitaire des CPT. C’est pourquoi nous considérons et demandons que soient déclarés illégitimes les procédures judiciaires encore en cours à charge de quelques centaines de migrants et de militants qui, ces dernières années, de l’intérieur et de l’extérieur des centres, ont mis radicalement en discussion la détention administrative.
Les CPT de même que les CDI (Centres d’Identification pour les Demandeurs d’asile) sont des institutions européennes et on assiste à leur prolifération à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. Fermer tous les camps de détention pour les migrants veut dire s’opposer en Italie, en Europe et hors de l’espace Schengen à tout dispositif qui rend clandestins les mouvements de population, s’opposer aux déportations, aux rapatriements, aux refoulements, aux délocalisations des politiques de contrôle des flux, à l’installation des camps à l’extérieur de l’UE. Cela signifie abolir l’institut de la détention administrative et toute forme de droit différentiel. Cela veut dire repenser radicalement et complètement les migrations parce que l’unique forme d’opposition aux centres de détention est la liberté de circulation.
Nous demandons :
– La fermeture de tous les centres de détention à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe. La non ouverture de ceux qui sont en construction.
– L’amnistie et la dépénalisation de tous les délits sociaux.
– L’abrogation de tous les délits liés aux conditions d’irrégularité des migrants sur le territoire.
– Nous relançons la reprise des initiatives pour la fermeture des centres de détention avec deux manifestations nationales et le redémarrage des campagnes contre les institutions qui gèrent les centres.
– Nous demandons aux présidents de région réunis dans ce Forum des initiatives de boycott gestionnaire des structures de détention.
– Nous relançons la reprise des initiatives pour l’abrogation de la loi Bossi-Fini et le non retour à la Turco-Napolitano, la révocation des décrets d’application, l’élaboration d’une loi organique sur l’asile.
Nous proposons à tous :
– à la fin juillet, un camp à Licata, en Sicile, organisé par le réseau antiraciste sicilien ;
– en septembre, une journée de mobilisation et des actions articulées dans les territoires ;
– en octobre, deux manifestations pour la non ouverture des CPT à Gradisca d’Isonzo et à Bari S. Paolo ;
– en novembre, une manifestation pour l’abrogation de la loi Bossi-Fini.
Les mouvements pour la liberté de circulation et pour la fermeture des centres de détention pour migrants