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Dominer le Moyen Orient pour contrer le développement de l’inde et de la Chine

Publie le jeudi 25 janvier 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

DOMINER LE MOYEN-ORIENT POUR CONTRER LE DÉVELOPPEMENT DE L’INDE ET DE LA CHINE

Les plans de guerre de Washington
Publié dans l’édition de Temoignages du jeudi 25 janvier 2007 (pages 10 & 11)

Lucio Manisco est Député européen, élu au Partito dei comunisti italiani, membre du groupe GUE/NGL. Dans un article publié le 21 janvier dans le quotidien italien "Il Manifesto", il expose la méthode choisie par le gouvernement américain pour faire plier l’Iran, un pays qui l’empêche de faire main basse sur les réserves pétrolières du Moyen-Orient. Faire tomber l’Iran signifie pour Washington freiner le développement de l’Inde et de la Chine, même si le prix à payer est le déclenchement d’une guerre qui concernera l’océan Indien.

MOYEN-ORIENT

L’option d’une attaque aérienne contre les implantations économiques et militaires de l’Iran, qui est à l’étude chez les stratèges du Pentagone depuis plus de 2 ans, est entrée en phase d’actualisation en novembre dernier après la défaite républicaine aux élections du Congrès et les revers de plus en plus catastrophiques des opérations militaires et politiques états-uniennes en Irak.
L’hypothèse selon laquelle les dernières décisions du Vice-président Cheney et des néo-conservateurs, annoncées par le Président George Bush, auraient uniquement pour objectif de trouver des solutions postiches comme “l’irakisation” du conflit, retarder le moment de la défaite et laisser, en 2008, à une administration démocrate le devoir d’évacuer les derniers fonctionnaires états-uniens des toits de l’ambassade à Bagdad, se révèle optimiste et a été démentie par les faits : seule une grande guerre moyen-orientale avec la participation d’Israël et de l’OTAN, selon les plans de personnages comme Douglas Feith, David Wurmser, Michael Ledeen et les autres de l’American enterprise institute arrivés pour combler les vides des derniers remaniements, pourra changer la carte du Moyen-Orient, rétablir une hégémonie indiscutée militaire et économique de la superpuissance dans ce secteur stratégique, arrêter, freiner ou conditionner l’ascension de pays comme la Chine et l’Inde, redimensionner les desseins ambitieux de la Russie de Poutine et, last but not least, maintenir au pouvoir dans 2 ans les néo-conservateurs et les théo-conservateurs, et les sauver des galères de leur propre patrie.

Choix de l’escalade en Irak

Ce sont les faits, et non les interprétations ou les premiers commentaires alarmés du "New York Times" et du "Washington Post", qui indiquent que des plans aussi fous sont en phase d’activation avancée. Jeté aux orties le plan Baker-Hamilton pour la réduction et la re-délocalisation du dispositif militaire USA en Irak et surtout pour un engagement diplomatique et politique de la Syrie et de l’Iran dans la stabilisation du pays ; l’administration Bush a choisi l’option diamétralement opposée d’envoyer 21.500 soldats à Bagdad et dans la province d’Anbar, et de recruter 90.000 autres soldats et marines comme prélude à un inévitable retour à la conscription obligatoire. Si 21.500 militaires de plus sur le théâtre des opérations représente une escalade, il s’agit d’une escalade singulière alors qu’à l’époque de Rumsfeld, les critiques de l’opération “shock and awe” soutenaient que 200.000 autres soldats n’auraient pas été suffisants pour dompter l’insurrection et les nettoyages ethniques déchaînés par les autorités états-uniennes, et qui ont ensuite échappé à leur contrôle.
Les caractéristiques et les spécialisations des 7 ou 8 nouvelles brigades qui sont en train d’affluer en Irak indiquent au contraire qu’une grande part d’entre elles sera affectée à des tâches de défense des lignes de communication et à installer des centaines de batteries anti-missiles “Patriot-II” contre des mesures de rétorsions extérieures dans la perspective passée sous silence d’un conflit élargi à d’autres pays. Quelques centaines d’officiers et sous officiers états-uniens seront intégrés dans des services irakiens à majorité chiite pour éviter que ceux-ci ne se consacrent exclusivement à égorger les civils sunnites au lieu de tenter de rétablir l’ordre à Bagdad.

Déploiement de forces dans notre région

Stupéfiant, à ce sujet, l’envoi de milices kurdes dans la capitale, décision comparable à celle d’envoyer des troupes autrichiennes en Sicile pour combattre la mafia. Comme il a été par ailleurs attesté par le Président Bush, ce sont les limites imposées jusqu’à ces derniers jours à l’utilisation de moyens militaires états-uniens qui ont empêché les tentatives de reprendre le contrôle de la capitale : voilà pourquoi depuis 10 jours, les quartiers rebelles sont pilonnés par les hélicoptères Apache, les bombardiers C-10 et les “F-16” de l’aviation états-unienne, avec un résultat du style : « le calme règne à Varsovie ».
Bien plus importante et menaçante dans le cadre de la grande guerre moyen-orientale projetée, est la mobilisation de la puissance aéronavale US dans le Golfe persique et dans l’océan Indien : à la Cinquième flotte, basée au Bahrayn avec 1 porte-avions et 20 grands navires, viendra s’ajouter un escadron naval complet du Pacifique, fort d’un ou peut-être 2 porte-avions et 25 unités parmi lesquelles croiseurs, sous-marins nucléaires, unités lance-missiles et navires de soutien.
Au total, 2 des porte-avions pourront garder opérationnels dans l’espace aérien, 24h/24, 185 avions bombardiers de chasse, à quoi s’ajouteront les bombardiers B-52 de la base de Diego Garcia et les "Stealth" invisibles aux radars, venant de Aviano, Vicenza (2 bases états-uniennes au Nord-Est de l’Italie - NDLR), Stanheim et East Anglia. Et, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le commandement opérationnel des forces armées de terre, mer et air, “Centcom”, a été confié non pas à un général de l’armée, mais à un amiral, William J. Fallon, transféré depuis l’échiquier stratégique du Pacifique.

Rôle essentiel d’Israël

De tout premier plan dans ce scénario guerrier est le rôle d’Israël : l’échec de l’attaque dévastatrice contre le Liban est probablement dû non seulement à la résistance du Hezbollah mais aussi au fait que les hauts commandements militaires en Israël étaient occupés à d’autres travaux. Par exemple, les exercices avec la nouvelle flottille de sous-marins allemands Dolphin, équipés de missiles Tomahawk-Cruise, déjà répartis dans l’océan Indien, et avec d’autres chasseurs bombardiers F-16 de nouvelle génération, fournis par les Etats-Unis et armé de bombes à "haute pénétration".
Nombre de ces équipements aériens ont été utilisés l’année dernière dans des incursions nocturnes sur une cible qui simulait le site nucléaire iranien de Natanz et dans des vols à longue portée depuis 2 bases israéliennes sur Gibraltar. Si une première attaque sur l’Iran devait partir d’Israël, provoquant des ripostes, l’appui des Etats-Unis non seulement serait massif mais balaierait toute opposition du Congrès et d’une grande partie de l’opinion publique états-unienne.
Pendant ce temps, la campagne de propagande de l’administration Bush contre l’Iran continue à un rythme de plus en plus fébrile (...). Le nouveau Secrétaire à la défense Robert M. Gates, en mission à Kaboul et au commandement de l’OTAN à Bruxelles, revenait ce 16 janvier sur le même thème en affirmant que l’Iran « se comportait de façon extrêmement négative au Moyen-Orient » et que les Etats-Unis, avec la mobilisation de leur dispositif naval dans ce secteur, entendaient montrer leur détermination de maintenir leur présence dans le Golfe persique. En ce qui concerne l’Afghanistan, ce même Gates s’est trouvé d’accord avec le super faucon et Secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, sur la prévision d’une insurrection générale des Talibans au printemps prochain et sur la nécessité que les pays européens renforcent leur présence militaire dans ce pays pour « mettre en déroute l’ennemi ».
Enfin, il y a eu le voyage de la Secrétaire d’État Condoleeza Rice au Moyen-Orient, destiné officiellement à faire redémarrer les négociations de la feuille de route entre Israël et la Palestine. En réalité - a écrit l’ex-assistant Secrétaire d’État James Dobbins sur le "New York Times" -, le véritable objectif de cette mission a été de lancer une coalition anti-iranienne parmi les gouvernements arabes les plus conservateurs, et de contribuer au financement et à l’armement de milices anti-Hezbollah et anti-Hamas au Liban et en Palestine.
En dehors d’une opposition verbeuse qui devrait trouver son expression dans une résolution du Congrès contre l’escalade en cours, le nouveau Congrès à majorité démocrate n’entend pas du tout défaire cet effrayant scénario de guerre par les pouvoirs législatifs dont il dispose : lancer la procédure d’impeachment, c’est-à-dire de destitution du chef de l’exécutif pour avoir menti sur les raisons de la guerre et sur la gestion qu’il en fait depuis plus de 3 ans.

Messages

  • Et bien si les US attaquent l’Iran c’es t qu’ils sont vraiment devenus tous DINGUES !!!!!!!

    Attaquer un pays comme l’Iran c’est juste du pur suicide, non ?! L’Iran, ce n’est pas l’Irak...et ils ont déjà du mal à se sortir de là, alors s’en prendre à un pays qui comporte 70 millions d’habitants dont l’âge moyen est de 24 ans, 50 % a moins de 18 ans, pas si fanatisé ni "anti-us primaire" qu’on veut bien le dire mais en tout cas farouchement indépendant et nationaliste (la devise est : "Esteghlāl, Āzādi, Jomhuri-e Eslāmi" soit, « Indépendance, Liberté, République islamique »), qui a bien conscience de la force que représentent ses réserves gazières et oléifères, pour qui la politique est un sport national au même titre que les échecs ou le "tarteh" ou la lutte , qui risquerait de former une alliance encore plus forte avec les chiites irakiens, qui possède probablement l’arme atomique ou au moins des armes de destruction massive, et dont le pays est couvert de montagnes (Zagros, Alborz), le tout alors qu’une énorme partie du contingent US est coincé en Irak, il faudrait VRAIMENT ETRE DINGUE ou avoir fédéré une sacrée coallition occidentale pour aller leur chercher des noises, soutien d’Israél ou pas... !

    Moi j’ai du mal à y croire --- On en parle avec des amis iraniens, et on se dit que c’est plutôt un coup de "pression" pour faire remonter le prix du pétrole....
    Dans le cas contraire , ce serait plus que grave, ce serait dramatique...

    Osémy

  • je mettrais comme titre de l’article : Dominer le Moyen Orient pour bien tenir l’Europe en bloquant son esssor et en même temps, contrer le développement de l’Inde et de la Chine.

    hm

  • VOILA QUI CONFIRME...

    ... ce que nous avons dit il y a 10-15 jours déjà et qui valide la démarche de soutien aux pacifistes américains le 27 janvier 2007 !
    La folie destructrice est consubstancielle du capitalisme et son absence totale d’humanisme n’est plus à prouver...
    Il vaut mieux trop de précautions que pas suffisamment !
    Tous mobilisés le 27 janvier 2007 pour la Paix !

    NOSE DE CHAMPAGNE