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Double non : à Bush et aux seigneurs de la terreur

Publie le lundi 15 mars 2004 par Open-Publishing



"Le 11 septembre de l’Europe", "Terreur et barbarie", "La guerre chez nous", "L’horreur
terroriste" : les titres des journaux du monde se ressemblent tous. Les explosions
qui ont éventré les modernes gares madrilènes, avec les corps déchiquetés, les
pauvres objets éparpillés tout autour, le sang , les hurlements et les blessés
rendent muets devant l’écran des vieux Européens comme moi qui, bien avant le
11 septembre, ont vu d’autres gares éventrées, d’autres corps déchiquetés, d’autre
sang, d’autres cris, d’autre horreur, à commencer par il y a désormais soixante
ans.
Ils rendent aussi muets les jeunes, eux qui n’ont pas vécu la deuxième guerre
mondiale, mais auxquels n’a pas été épargné pour autant le supplice des bombes à Milan
comme à Bologne, Brescia ou Rome. Si muets et glacés qu’ils n’ont pas même pas
voulu changer de chaîne pour voir jouer l’équipe préférée. Mais les images de
l’horreur arrivent aussi à Bagdad, à Jérusalem, à Gaza, en Somalie et dans d’autres
millions de foyers, où des vieux et des jeunes n’ont pas besoin de puiser dans
la mémoire parce que l’horreur, pour eux, est une chose présente et quotidienne.

Des politiques, des journalistes de renom, des correspondants de guerre, des
experts militaires, des connaisseurs de l’Islam et de l’indépendantisme basque
se pressent sur les plateaux de télé et donnent leur version. Se croisent et
dans quelques cas s’affrontent, les hypothèses des spécialistes de l’un ou de
l’autre échiquier stratégique, de l’un ou de l’autre terrorisme. Une confrontation
souvent très intéressante et sophistiquée, mais peut-être aussi un peu insensée.
Justement dans les pages de ce journal - depuis longtemps et sans attendre le
massacre du 11 septembre - nous avons soutenu, souvent sans trouver le consensus
des tous nos lecteurs et de tous nos camarades, que la spirale violence/guerre/terrorisme,
activée de n’importe quel côté et pour n’importe quel intérêt ou motivation,
ne pouvait que reproposer dans le monde globalisé du troisième millénaire la
barbarie déjà décrite depuis la Bible.

Nous sommes atterrés par la cécité des partisans de la guerre qui se disputent
pour établir si le terrorisme qu’ils disent vouloir combattre est chrétien ou
musulman, si il faut d’autres bombes et dans quel pays. Ils n’arrivent pas à voir
ce qui semble clair à des millions et des millions de personnes : la guerre entraîne
le terrorisme et celui-ci entraîne la guerre et ainsi de suite, parmi les deuils,
les ruines et la haine, dans une spirale sans issue.

C’est pourquoi nous devons insister, nous répéter, donner plus de force de persuasion à nos
requêtes pour faire en sorte, oui, que le peuple de la paix demande, exactement
au milieu du fracas des bombes, une politique de désarmement et d’abandon de
la guerre. C’est la seule espérance pour l’humanité.

C’est pourquoi, dans ces moments aussi, nous devons travailler à Rome, à New
York, à Paris, dans Madrid même pour que tous sachent que le 20 mars nous serons
dans les rues de tant de villes pour proclamer à nouveau notre refus de la guerre
et du terrorisme. Dans les assemblées, dans les grandes et petites réunions,
dans les rencontres syndicales, dans les réunions d’immeubles qui préparent la
participation italienne à cet évènement extraordinaire, nous de Refondation,
qui ne sommes pas la plus petite partie du peuple de la paix, devons porter aussi
les thèmes et la passion de nos discussions, de notre tentative de donner une
réponse politique à ce qui se passe.

Oui, parce que pour convaincre les indifférents, les apeurés, il ne suffit pas
de pleurer et même pas de hurler, il faut raisonner, en parcourant aussi de nouveau,
de manière critique, notre histoire. Pour arriver au cœur du problème : la guerre,
n’importe quelle guerre, et le terrorisme, quel que soit son drapeau, sont destinés
dans le monde d’aujourd’hui à générer des monstres toujours nouveaux de violence
et de répression, qui empirent les conditions des opprimés et des pauvres, tandis
que les riches et les puissants deviennent de plus en plus avides et autoritaires.

Les paladins de la guerre "officielle" et infinie de Bush, qui occupent militairement
des pays définis au coup par coup "canaille" selon l’intérêt du moment, et les
seigneurs de la terreur qui osent parfois couvrir leurs massacres en rendant
infâmes des mots comme résistance ou rébellion, sont donc deux côtés de la même
médaille. Et tous les deux sont au même titre des ennemis du peuple de la paix.

Le 20 mars, à vous qui, très nombreux j’espère, viendrez à Rome pour manifester
contre l’occupation militaire de l’Iraq, pour la paix et contre tous les terrorismes,
je me permets d’adresser une invitation : tenons nous tous par la main, afin que
nos mains désarmées puissent être plus puissantes que les chars et les bombes
qui massacrent.

Liberazione
traduit de l’italien par Karl et Rosa

15.03.2004
Collectif Bellaciao