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« Drucker recevant Carla Bruni, c’était dans l’ordre des choses »

Publie le mardi 9 septembre 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Novice. Selon vous, pourquoi Jean-Michel Aphatie ne pose pas les questions qui peuvent fâcher ?
Daniel Schneidermann. Dans ce cas précis (l’interview de Bernard Tapie ce matin sur RTL, NDLR), je n’en sais rien. C’est plutôt un interlocuteur pugnace, peut-être tout simplement, n’avait-il pas eu le temps de préparer.

Jérémie T. J’aurais voulu savoir si Daniel Schneidermann avait exactement les mêmes opinions que ses amis d’enfance et que son patron au Monde (comme monsieur Péchenard a les mêmes opinions que Sarkozy car.... ce sont des amis d’enfance) ?
J’avoue humblement que je n’étais pas dans le bac à sable avec eux, et que je ne les ai rencontrés ni l’un ni l’autre, ni ensemble, ni séparément. Peut-être en effet, les aléas de la vie les ont-ils séparés. Peut-être en effet, le directeur général de la police nationale était-il un anti-sarkozyste forcené. Vous avez raison. Il faut prendre cette hypothèse en considération.

Alain. Apathie est un interlocuteur pugnace sur des points secondaires, rarement sur les points réellement gênants... ça lui permet de se faire une image sans porter à conséquence. Une technique assez éprouvée, non ? L’illusion de l’audace ?
Peut-être. J’avoue humblement qu’en tant qu’auditeur et téléspectateur, j’aimerais que davantage de journalistes me donnent cette illusion de l’audace, comme vous dites.

Alain. Moi aussi j’aimerais plus "d’illusion de l’audace" mais j’aimerais surtout plus d’audace. Par exemple, Apathie ne supporte pas la question de l’indépendance des médias. Il l’interdit à ses invités, c’est assez symptomatique chez lui. C’est ça quand on est habitué à de mauvais médias : on s’en remet à des illusions d’audace, c’est tout ce qu’il reste ?
Vous avez raison dans la mesure où, en effet, à chaque fois que le sujet est abordé il explique toujours que les médias sont parfaitement libres. Et les plus libres d’entre les plus libres, selon lui, sont les médias privés, à commencer par RTL. C’est évidemment un point sur lequel nous sommes en total désaccord. Mais je ne vous ai pas dit que j’étais d’accord avec lui sur tout, je vous ai seulement dit que j’estimais qu’il était un bon interviewer.

Boum. A quoi avez-vous pensé lors de l’annonce de la venue de Carla Bruni chez Drucker ? Coup média ou politique ?
Je n’ai rien pensé, c’était dans l’ordre des choses. Drucker recevant Carla Bruni, c’était une rencontre fatale. Elle était physiquement inscrite. C’était aussi évident que de savoir qu’une rotation de la Terre dure 24 heures. C’est terrible comme certains événements peuvent être parfaitement conformes à l’idée que l’on s’en fait, a priori. Par exemple, j’étais certain qu’il ne l’interrogerait pas sur le nombre de disques qu’elle a vraiment vendus. Vous savez que des chiffres gonflés ont circulé au début de l’été, y compris dans Libération, puisque l’on avait parlé de 300 000 exemplaires. Or, il s’agissait du nombre de CD commandés par les disquaires. Le nombre de disques vendus n’est que de 80 000. Donc, j’étais sûr que la question ne serait pas posée à Bruni par Drucker. En effet, elle ne l’a pas été.

Jérémie T. Avez-vous déjà embauché des anti-Schneidermann forcenés ?
Certains le sont devenus en travaillant avec moi. Non, je plaisante, bien entendu...

Mollows. Quelle était l’utilité, pour Libé (et d’autres), de relayer l’épisode de la distribution de CD aux ministres avant les vacances ?
Il faudrait le demander à ceux qui ont fait les articles. Je sais que sur le site d’Arrêt sur images, nous avons montré cette image de Darcos ou de Morano arborant fièrement le CD de Carla Bruni, à la sortie du conseil des ministres. C’était évidemment pour dénoncer la privatisation de la fonction présidentielle, au profit de madame Sarkozy. Mais il est vrai que ce faisant, même indirectement, nous avons participé à la promotion du CD en question. Sans beaucoup de succès, rappelons-le, si on en juge par les faibles résultats des ventes.

Fifi. La une de Libé sur "le renvoi du procès pour cause de ramadan" qui fait dans l’approximation et, on peut le dire, crie au sabordage de la République, et les articles à l’intérieur qui nuancent profondément, c’est quoi au juste ? La preuve d’une bataille idéologique interne au journal entre Joffrin et sa rédaction ? Joffrin et les chefs de service contre la rédaction ?
J’espère que Libé trouvera bien le moyen d’expliquer à ses lecteurs, d’une manière ou d’une autre, cette contradiction en effet inexplicable, entre un titre qui affirmait catégoriquement que ce procès avait été renvoyé pour cause de ramadan, et des articles (y compris à la une) qui expliquaient que la chose était beaucoup plus embrouillée. Le principe d’un titre est évidemment de synthétiser, de résumer. Mais ce n’est pas de déformer le contenu des articles.

Alain. Avez- vous entendu cette phrase de Fillon sur Europe 1 qui explique que la guerre en Afghanistan, c’est le monde musulman contre le reste du monde... (j’ai vu ça sur le site de Bellaciao) J’ai trouvé que ça avait un air "néocons" très fort comme un incroyable aveu. comme si c’était Huntington qui parlait. Je m’étonne que ça ait fait si peu de bruit (en dehors des sites "gauchistes" donc)
Je ne l’ai pas entendu dans son contexte. Aussi j’attendrai de le faire avant de me prononcer.

Fifi. A ma connaissance, l’affaire Bigard n’a pas été évoquée par les deux grands journaux télévisés. Comme vous dites, sous Sarkozy, tout se fait au grand jour.
Sans doute les deux JT ont-il considéré que cette épisode n’était pas un élément fondamental du Sarkozysme.Sur ce point, je ne leur donne pas tort.

Fifi. Dans son chapeau de une, Libé disait "Le soupçon d’un renvoi de procès pour ramadan...". Sur RTL, Nicolas Poincaré demandait à ses invités : "Et si c’était vraiment pour le ramadan, quelle serait votre réaction ?" Les grand médias seraient-il xénophobes ?
Je ne sais pas si on peut le dire d’une manière aussi tranchée, mais l’emballement suscité par cette affaire et qui rappelle celui du mariage annulé de Lille montre bien que c’est une question à vif dans les médias français.

http://www.liberation.fr/actualite/ecrans/351001.FR.php

Messages

  • Je ne l’ai pas entendu dans son contexte. Aussi j’attendrai de le faire avant de me prononcer.

    Un doute ??? Et oui on est "apparentement" un site "gauchiste" comme le site de Europe1... que écrit la même chose... ;-)

    Dr Furioso

    Ps : pas mal... même dans Libe on parle des info de notre site... Grazie


    Intervention de F. FILLON sur Europe 1.

    Fillon : pas de réforme de l’ISF à l’ordre du jour

    Le Premier ministre faisait lundi matin sa rentrée sur Europe 1. François Fillon a espéré au micro de Jean-Pierre Elkabbach que la croissance de l’économie française en 2008 serait d’"un peu plus de 1%". Il a assuré qu’une nouvelle réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) n’était "pas à l’ordre du jour". Il est aussi revenu sur ses relations avec le chef de l’Etat.

    François Fillon a choisi Europe 1 pour faire sa rentrée. Il était lundi matin l’invité de Jean-Pierre Elkabbach. Le Premier ministre a dit espérer que la croissance de l’économie française en 2008 soit d’"un peu plus de 1%". Le gouvernement escomptait jusqu’à présent une croissance comprise entre 1,7 et 2% en 2008. Le budget 2008 avait été bâti sur une hypothèse de croissance de 2,25%. "Nous sommes frappés par une décélération de l’économie mondiale qui est très, très sérieuse", a justifié le chef du gouvernement.

    Le Premier ministre a aussi affirmé qu’une réforme de l’ISF n’était "pas à l’ordre du jour".

    "Nous avons fait une réforme de l’ISF qui est une réussite", a déclaré François Fillon, citant notamment le "bouclier fiscal à 50%". "Le président de la République a souhaité que ce bouclier fiscal soit renforcé en utilisant le mode déclaratif (qui permettrait aux contribuables de déduire directement de leurs impôts le montant devant leur être remboursé à ce titre), on n’ira pas plus loin", a tranché le chef du gouvernement. Dans une interview à La Tribune, Christine Lagarde a annoncé qu’elle proposerait un allègement de l’imposition sur le patrimoine qui pourrait également porter, selon elle, sur l’’impôt de solidarité sur la fortune.

    L’UE doit privilégier le dialogue avec la Russie pour résoudre la crise géorgienne, a réaffirmé François Fillon sur Europe 1, soulignant que "le mot de ’sanctions’ n’est pas à l’ordre du jour".

    "Il y a un dialogue à engager avec la Russie sur toutes les questions liées aux nationalités", a dit le Premier ministre français au micro de Jean-Pierre Elkabbach, alors qu’un Conseil européen extraordinaire se tient lundi à Bruxelles sur le conflit entre Moscou et Tbilissi. "La Russie est sur le chemin de la modernisation, de la démocratie", a-t-il estimé. "La Russie est un grand pays qui compte (...) et qui a été d’une certaine façon humilié pendant les vingt dernières années", a insisté le chef du gouvernement. "Le message le plus fort que l’Union européenne puisse envoyer, c’est un message d’unité", a-t-il dit. "Nous nous attachons à faire en sorte que l’Europe réponde d’une seule voix".

    A propos de l’Afghanistan, François Fillon a annoncé une réunion dans les prochains jours pour décider de "moyens supplémentaires".

    "Le conflit va durer, parce que les causes de ce conflit sont très profondes (...) C’est l’opposition entre le monde musulman et une grande partie du reste de la planète, c’est le conflit israélo-palestinien, c’est les déséquilibres économiques et sociaux qui règnent dans le monde. Ce ne sont pas des sujets qui vont être effacés comme cela d’un coup de baguette magique", a expliqué le Premier ministre.

    Commentant les universités d’été du PS, le Premier ministre a déploré que pendant "trois jours de débats", les socialistes n’aient pas fait "une seule proposition".

    "J’ai écouté avec attention ce que disaient les socialistes pendant trois jours, j’espérais y trouver des propositions, des réponses, des jugements sur la situation internationale, je n’ai entendu que des débats personnels", a-t-il déclaré. "Je ne porterai pas de jugement sur le fonctionnement du Parti socialiste, j’ai assez à faire avec les difficultés qui sont celles de l’Etat, mais je trouve navrant que les socialistes ne consacrent pas un peu plus d’énergie à faire des propositions et à adapter leur mode de pensée à la société d’aujourd’hui", a ajouté le chef du gouvernement.

    A propos de ses relations avec le chef de l’Etat, François Fillon a été clair...

    "Il ne peut pas y avoir de divergences entre le président et le Premier ministre. S’il y a des divergences entre le président et le Premier ministre, le Premier ministre s’en va", a-t-il répété. Si divergences il y a, "nous nous organisons pour les aplanir", a-t-il affirmé. "On a des conversations franches, qui nous permettent de trancher les questions qui nous sont soumises." Le Premier ministre a cependant demandé aux ministres réunis régulièrement à l’Elysée par le président de la République d’éviter "de donner une trop grande publicité" à ces rencontres car ce "n’est pas sain pour le gouvernement". "Le président de la République reçoit qui il veut, le Premier ministre reçoit qui il veut, ce que je conseille simplement à ceux qui se rendent à ces rendez-vous, c’est d’éviter de leur donner une trop grande publicité parce que ce n’est pas sain pour le fonctionnement du gouvernement", a déclaré François Fillon sur Europe 1. Nicolas Sarkozy réunissait ce lundi matin à l’Elysée la même équipe des sept ministres qu’il a déjà réunie à quatre reprises au cours des derniers mois, en l’absence de son Premier ministre.

    Etienne Guffroy

    http://www.europe1.fr/Info/Actualit...