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Du droit commun et de sa couverture médiatique
Publie le dimanche 30 novembre 2008 par Open-Publishing2 commentaires
L’interpellation "musclée" de l’ex directeur de publication, pour le moins inhabituelle, dans une affaire de délit de presse, mais courante pour des délits même mineurs, devrait nous interpeller ailleurs que sur le terrain de la liberté de la presse.
Et si finalement ce qui comptait dans cette affaire soit la leçon que peuvent en tirer les journalistes quand au sort commun réservé à leurs concitoyens qui n’ont généralement pas la possibilité de faire entendre leur voix ?
Car, et même si on considère le fondement de l’affaire comme disproportionné par rapport à son traitement policier, M De Filippis n’a eu à subir que ce que subissent - avec la pression mise sur les policiers pour faire du résultat - la plupart des interpellés qui doivent répondre à un mandat d’amener. Bien sur, il semble que selon ce que décrit le journaliste, les flics aient été un peu loin dans leur volonté de lui faire sentir la situation. Je veux dire que tous les gardés à vue ne subissent pas de fouille "intime".
Mais tous les enfants du prolétariat qui ont eu un jour à faire avec la police (et les motifs se multiplient) peuvent témoigner de la dureté et de l’absence de respect qui leur est régulièrement appliqué.
Je pense qu’il ne faut pas japper avec les chiens, en l’occurrence, croire qu’il s’agit ici d’une affaire ayant trait à la "liberté de la presse". A moins, évidemment de revenir sur la loi du 29 juillet 1881, et les lois scélérates des années 1890 (dont une seule a été abrogée en 1892 !), mais il s’agit là d’un vrai débat politique et encore aujourd’hui je n’ai entendu aucun journaliste remettre en question des lois qui pourtant menacent tout simplement la liberté d’expression depuis plus d’un siècle.
L’invention du délit de presse a permis cette curieuse domestication des médias au fil du temps, dont on s’étonne aujourd’hui. Mais c’est souvent parce qu’on ne s’intéresse pas assez à l’histoire. Ainsi, ce n’est pas la première fois qu’un directeur de publication est emprisonné pour des écrits : Zo d’Axa avait même été emprisonné en son temps pour avoir appelé à la solidarité matérielle avec des enfants d’anarchistes emprisonnés... un terroriste, sans doute.
Pour moi, le plus grave reste que souvent, par omission ou par refus de faire vraiment leur travail, les journalistes sont des complices objectifs de lois liberticides dont ils ne condamnent pas la teneur, tout en se félicitant parfois du tour de vis mis par l’Etat pour venir à bout de l’insécurité. Il faut que l’un d’entre eux soit victime de l’arbitraire quotidien des plus faibles politiquement pour que tout à coup cela fasse scandale...
Mais alors, pourquoi ne pas en profiter pour s’interroger sur la réalité subie par tous ceux qui ne peuvent se défendre et démasquer alors l’Etat d’un système judiciaire ou l’arbitraire a encore toute sa place ? A vos enquêtes, chers confrères !!!
Joseph S, journaliste pour la liberté d’expression
Messages
1. du droit commun et de sa couverture médiatique, 30 novembre 2008, 19:45, par Mengneau Michel
Effectivement cela ressemble à l’état d’exprit qui anime la police actuellement, donc on ne peut imputer cette arrestation musclée qu’au seul fait de la défense de la liberté de la presse. Ce sont les droits de tous le citoyens qui sont de plus bafoués par une police pensant avoir toute liberté d’action. A la limite que se soit un journaliste qui soit malmené cela va enfin mettre en exerbe sur le devant de la scéne médiatique ce qui est malheureusement le lot commun de beaucoup de gens...
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2. du droit commun et de sa couverture médiatique, 30 novembre 2008, 21:48
Qu’attendons-nous pour boycoter les médias,ils ont besoin de nous lecteurs-auditeurs ! Mais votre point de vue ne fait aucun doute,il s’agit bien d’une tentative d’intimidation,c’est gros comme un nez au milieu de la figure ;s’il était arrivé un accident aux enfants laissés seuls pendant l’arrestation du père,qui aurait été responsable ?