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Durban II : Les Etats-Unis sur le point de participer
Publie le jeudi 16 avril 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Durban 2 : les Etats-Unis sur le point de participer…
Par René Fredon
C’est ce que laisse entendre le Département d’Etat Américain qui parle de « progrès » concernant le projet de document final… » pour permettre aux Etats-Unis de se réengager dans le processus de la conférence avec l’espoir d’arriver à un document que nous pouvons soutenir » selon les termes du communiqué de l’AFP.
La veille, la Haut Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, madame Navanethem Pillay, avait exhorté les Etats « à transcender leurs différences et à travailler à un consensus » à quelques jours de l’ouverture du sommet sur le racisme, les discriminations et l’intolérance, qui se tient à Genève du 20 avril au 24 avril.
Il est clair que huit ans après le sommet de Durban 1, en Afrique du Sud, qui avait donné lieu à des propos antisémites inadmissibles de quelques ONG en marge du sommet des Etats, le suivi attendu, lors de ce second sommet, quant aux promesses et aux engagements de lutte anti-raciste, pouvait légitimement inquiéter, vu les conditions mises par les Etats occidentaux, moins nombreux, dont on ne sait toujours pas par qui ils seront représentés et combien le seront !
Les Etats-Unis avaient été parmi les premiers Etats, avec le Canada, l’Italie et Israël à annoncer leur non participation. Les pays européens, dont la France restent toujours dans une prudente expectative. D’autant qu’ils sont soumis au forcing du CRIF (comité représentatif des institutions juives de France), des inconditionnels de la politique d’Israël comme de ceux qui pensent que l’Islam n’est pas soluble dans la démocratie, d’un certain nombre d’associations (SOS-Racisme, Ni Putes, ni Soumises, la LICRA, le Grand Orient et la Grande Loge de France, une association citoyenne laïque et républicaine…) fortement mobilisées depuis des mois pour obtenir que la France boycotte le sommet de Genève, « Durban II » tel qu’ils le disaient parti.
Le texte de la pré déclaration finale qui circulait était jugé « anti-occidental », attentatoire à la liberté d’expression, notamment en introduisant la notion de « diffamation des religions », trop critique à l’égard de nos sociétés libérales, stigmatisant un seul Etat : Israël, faisant l’impasse sur les pratiques et discriminations sexistes visant les femmes…De quoi, effectivement, rendre difficile un dialogue ouvert avec l’ensemble des Etats. Et se demander si certains détracteurs ne souhaitaient pas entretenir « la guerre des civilisations » à laquelle se référait G. Bush ?
Peu de voix, il y a encore quelques jours, se déclaraient favorables à la participation de la France et du maximum d’Etats à cette seconde initiative sous l’égide de l’ONU qui sera ouverte par son secrétaire général : Ban Ki-moon.
Rama Yade, tout récemment, estimait timidement que la France ne ferme pas la porte à sa participation, mais la concertation au sein de l’UE n’est pas chose facile : l’Italie de Berlusconi avait déjà annoncé qu’elle n’irait pas. Kouchner marchait sur des œufs « en souhaitant que les 27 pèsent de tout leur poids pour apprécier les améliorations (du contenu du texte) au cours des prochaines semaines et prendre d’un commun accord une décision sur la participation ou le retrait… »
Telle est l’image que donnent celles et ceux qui incarnent la « démocratie » qu’ils brandissent comme « le » modèle universel aux 85% de la population de la planète qui vivent selon d’autres coutumes, d’autres cultures, d’autres traditions, d’autres religions que les trois monothéistes et surtout dans des conditions économiques et sociales souvent épouvantables dont il ne faudrait pas chercher les causes historiques et, éventuellement les responsabilités !
Veut-on, oui ou non, débattre, c’est-à-dire confronter les idées et les pratiques des peuples, dans le respect de leur identité et de leur souveraineté, non pas pour qu’ils nous copient, nous les « riches », « les civilisés », attitude qu’ils ne peuvent pas accepter parce qu’elle est humiliante, ou veut-on fermer la porte à tout dialogue et continuer à imposer la force dans les relations internationales : celles des armes, celle de la richesse qu’une infime minorité de très puissants possédants ne veut pas partager, pour que continue le règne de la loi du plus fort et de l’exploitation ?
Cela ne veut pas dire céder sur toutes les valeurs qui nous sont chères : celles de croire ou non, celles de nous exprimer librement et de le revendiquer pour tous, celle de promouvoir la dignité humaine, d’assurer l’égalité véritable des hommes et des femmes sur toute la planète (même si ça prendra du temps), de donner à tous les mêmes chances d’épanouissement (on en est si loin) et d’abord d’assurer à tous le droit à une existence digne, à l’alimentation, à la santé, au logement, à l’éducation…On aurait aimé qu’il soit question de cela au G20 : comment faire reculer les inégalités monstrueuses découlant d’un système économique obsolète préoccupé de sa seule survie.
Car depuis Durban 1, il s’est passé pas mal de choses, de nature à ébranler quelques certitudes, ne serait-ce que l’ampleur de la crise et ses conséquences encore plus dures pour les pays les plus fragiles. Nous n’allons pas les énumérer.
Les Etats-Unis ont élu Obama –fait historique de taille- qui ne change pas le fond du système américain, fer de lance du capitalisme mondial et qui veut le rester mais qui doit redorer un blason sérieusement terni. Il s’est imposé au G20 comme le leader du bloc occidental, concrétisé par une unanimité de façade sur des objectifs très limités et, dans la foulée, par le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, dont la Turquie fait aussi partie. Obama s’est prononcé pour l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne (puisqu’elle est dans l’Otan et proche de l’Irak dont les E-U ne sont pas encore partis.)
Il a renoué des relations avec l’Iran (gros marché) et considère, quelle que soit son opinion sur le régime politique, que les E-U ne peuvent ignorer un tel débouché plutôt que de se lancer des anathèmes. Amadinejhad sera présent à Durban 2. Y aurait-il un rapport ? La coexistence pacifique ne serait-elle pas préférable à la guerre des religions ?
Et Israël dans tout ça : craint-il l’isolement ? L’allié américain est toujours fidèle mais il devient difficile à défendre au Moyen-Orient, au cœur du monde arabe, en particulier.
« Israël ne coopérera pas avec l’ONU », vient de faire savoir Ygal Palmer, porte-parole du ministre des Affaires étrangères (AFP-Le Figaro 15/4/09), à propos de l’enquête ouverte par la commission des Droits de l’Homme présidée par l’ex-procureur du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie et le Rwanda, Richard Goldstone.
« Israël y voit une volonté de nuire à sa réputation « ! Les bombardements de populations civiles à Gaza, les occupations de territoires, le blocus, le fait colonial ? Cela ne regarde pas l’ONU ? Les résolutions, le droit international, les droits de l’Homme...c’est bon pour les autres. Un peu difficile à tenir, d’où la déferlante qui s’est abattue ces dernières semaines pour que Durban 2 ne puisse se tenir ou soit un nouvel échec, au moins dans la fréquentation des Etats. Et voilà qu’Obama pourrait casser la baraque ?
Tout semble avoir été prévu. Le 20 avril, jour de l’ouverture du sommet, sur la place des Nations à Genève aura lieu la célébration de la Shoah (Yom Hashoah) en présence de nombreuses personnalités politiques et religieuses. Un contre sommet se tiendra les jours suivants. Simple coïncidence.
Pourquoi mêler, comme s’il fallait les opposer, deux évènements qui se prolongent et d’une grande portée symbolique : l’Holocauste qui ne doit pas sortir de nos mémoires et une assemblée mondiale de l’ONU dédiée à la lutte contre tous les racismes, toutes les discriminations, contre l’intolérance, pour la paix par le dialogue.
R.F
Messages
1. Durban II : Les Etats-Unis sur le point de participer, 18 avril 2009, 10:21, par Gérard
Il est pitoyable d’utiliser la symbolique de la shoa comme cache sex honorable aux agissements cruels et criminels d’israel.
ceux qui ont le plus participer à la banalisation du souvenir de la shoa sont très souvent ceux qui s’en réclament le plus !
cette évènement tragique ressemble de plus en plus à une relique usée d’être exhibé par tout les temps, pour se confondre au visage de sang et de haine d’israel.
cette mascarade ressemble à la dernière cartouche tiré par un déséquilibré préférant une ultime fois viser la foule, car trop peureux pour se la garder pour lui !