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Durban II, quand les "nouveaux philosophes" ont peur de l’antiracisme
Publie le dimanche 15 mars 2009 par Open-Publishing2 commentaires
Signe d’une époque à la dérive ou, bien plutôt, de la ligne des « nouveaux philosophes » qui elle ne dérive pas d’un iota, rarement une conférence des Nations Unies n’aura autant été le signe de mensonges, d’amalgames et de calomnies, que la prochaine conférence de Genève sur le racisme.
De Bernard–Henri Lévy (”Refusons la mascarade de Durban II ", paru dans Le Point), à Caroline Fourest (”Le cauchemar annoncé de Durban II", paru dans Le Monde), la conférence de Genève (baptisée en chœur Durban II par ses détracteurs) est tour à tour qualifiée de « mascarade », de ne « parler que d’Israël », de « mensonges », de « pratiquer l’amalgame », de « limiter le droit des femmes », d’être pris en otage par les « croisés de l’altermondialisme qui avaient fait main basse sur la conférence », voir même platement, d’ « antisémite », et comme si ça ne suffisait pas de « festival de haine antisémite ». Le tour est joué.
Pourtant, sorti de ces flots incessants d’insultes et de calomnies, comme seul un Bernard-Henri Lévy saurait en produire, on serait bien incapable de lire chez toutes ces bonnes âmes un seul extrait de la première conférence de Durban sur laquelle ils jettent si ouvertement l’opprobre.
Où est-il donc ce texte odieux qui vous menace tous ?
Celui qui devrait vous faire trembler, oui vous, mais contre lequel vos valeureux chevaliers de la laïcité, de la vrai lutte de vrai de vrai bien chez nous (euh, je ceux dire :"eux") contre le racisme ?
Et bien, tout simplement sur le site des Nations Unis (ici). Et, oh stupeur, où trouve t-on donc Israel mentionné dans ce texte ? Et bien à deux petits articles, d’un atisémitisme rare, qui sont ceux là :
– 63. Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous l’occupation étrangère. Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les États de la région, y compris Israël, et engageons tous les États à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement
– 51. Concernant la situation au Moyen-Orient,appelle à l’arrêt des violences et la reprise immédiate des négociations, au respect des droits humains internationaux, au respect du principe de l’auto-détermination et à la fin de toutes les souffrances, permettant ainsi à Israel et aux Palestiniens à reprendre le processus de paix, et à se développer et à prospérer dans la sécurité et la liberté ; »
On comprend mieux, c’est limite si on ne déverouillait pas des barils de Zyklon B à Durban.
Quand au droit des femmes on pourra se reporter aux articles 69, 70, 71 et 109 reconnaissant entre autre :
« qu’il convient d’intégrer à la lutte contre les formes multiples de la discrimination, la notion d’équité entre les sexes au niveau des politiques, des stratégies et des programmes de lutte contre le racisme » (article 69)
Articles d’une rare Misogynie comme on peut s’en rendre compte par soi même (ou bien est-ce le numéro de l’article qui pose là problème…)
L’UJFP l’avait très bien rappelé dans un de ses récents articles :
« Dans le forum des ONG parallèle à ce conseil de représentants des Etats, des propos antisémites avaient été tenus. Et l’amalgame avait été fait par Israël entre ce qui avait circulé du fait de certaines ONG, et les recommandations officielles du Conseil des droits de l’homme, afin de les couvrir d’opprobre. Car ces recommandations parfaitement honorables avaient, très timidement, remarqué que la situation des Palestiniens des Territoires Occupés méritait l’attention, tout en prenant soin de rappeler la nécessaire garantie de Sécurité pour Israël. Mais en 2001 c’ était déjà trop pour Israël, et la campagne anti Durban a servi à baîllonner toutes les critiques sur l’occupation et la colonisation et leur illégalité, sur les assassinats ciblés, les meurtres de civils, les emprisonnements sans jugement ... la liste serait trop longue.
Ainsi, il faut donc se débarrasser de cette conférence : une véritable conquête pour les peuples, une organisation de l’ONU qui repère sur tous les continents les violations des droits humains et le racisme, qui fait des recommandations à chaque Etat, et qui mesure de session en session l’avancement des situations. »
Je relais dans ce sens ici, une traduction partielle, de l’appel lancé par Independent Jewish Voices du Canada, contre ce genre d’amalgames, par une personne ayant elle-même participé à la commission préparatoire de la prochaine conférence, et non pas d’un de nos nième numéro nationaux, spécialiste auto-déclaré sur tout et n’importe quoi (et d’ailleurs surtout n’importe quoi).
Aucun antisémitisme à Durban II : Le Canada devrait mettre fin à son boycott
Par Diana Ralph, Ph.D., Coordonnateur, voix juives indépendantes
P.O. Boîte 23088 Ottawa,
Ontario K2A 4E2
ijv@magma.ca,
www.independentjewishvoices.ca,
613-321-2765
En octobre dernier, j’ai assisté à la seconde session des Nations Unies du Comité préparatoire au bilan de la conférence de Durban, un Comité préparatoire à la revue de la conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme (WCAR), populairement appelée « Durban II », qui se tiendra en avril 2009 à Genève.
En tant que juif, je m’y suis rendu afin d’évaluer la validité des charges portées par le gouvernement canadien envers la conférence de Durban II la qualifiant d’antisémite. Ce que j’ai trouvé c’est qu’elle ne l’était pas.
Au lieu de cela, j’ai été témoin de délégués des nations du monde entier résolus à lancer un appel inspirateur pour en finir avec le racisme à travers le monde et mettre en application les accords de Durban.
La conférence de 2001 à Durban Afrique du Sud, fut un événement fondateur qui a rassemblé plus de 150 pays (Canada y compris) et des milliers d’O.N.G.s, pour finir le racisme « sous toutes ses formes. » Pour les victimes du racisme à travers le monde, il a suscité un espoir sans précédent que les gouvernements du monde s’impliqueraient enfin à en finir avec leur oppression. Les seuls états qui ont quitté la conférence, pour leur propre honte, étaient Israël et les Etats-Unis.
La déclaration de Durban et son programme d’action (DDPA) se sont penchés sur le sort des descendants africains, des peuples indigènes, des Dalit (« intouchables "), des roms, des migrants, des réfugiés, des demandeurs d’asile, et de beaucoup d’autre. Condamnant l’esclavage et le trafic d’êtres humain, il en a réclamé des réparations. Il a exigé la mises e place d’actions afin de lutter contre les causes premières du racisme : pauvreté, guerre, et inégalité à travers le monde.
Parmi de nombreuses situations, il a également condamné la discrimination envers les personnes palestiniennes vivant sous l’occupation israélienne. Au forum des O.N.G. de 2001, quelques participants ont distribué du matériel antisémite blessant, mais de façon écrasante les autres O.N.G.s en ont rejeté leur message. Il n’y a certainement rien antisémite dans le programme d’action de la Conférence de Durban. Sur ses 180 pages, seuls 250 mots concernent Israël ou la Palestine, chacun d’entre eux respectant scrupuleusement les juifs et Israël.
Dans les jours qui ont suivi la conférence de Durban, des groupes de lobbying israéliens se sont rapidement mobilisés afin de discréditer et faire dérailler la conférence prochaine tirant le bilan de Durban. Ces groupes incluent le centre de Simon Wiesenthal, UN Watch, la fondation ICARE-Magenta, le Comité Juif Américain et les corps diplomatiques juifs du monde du congrès des juif mondial. Ils considèrent la conférence comme un « festival de haine antisémite » et désignent toute attention portée au sort des Palestiniens comme « antisémites ». Ils défendent les pratiques discriminatoires israéliennes, et condamnent l’ « utilisation de la langue de droits de l’homme afin de critiquer un état » (c.-à-d. l’Israël). Ils plaident pour la « liberté d’expression, » c’est-à-dire, la « liberté » des médias d’attaquer les musulmans et l’islam. Ils s’opposent au terme « islamophobie, » puisque que, disent-ils, les religions n’ont pas à être protégés, ce qui ne les empêche pas de penser que s’attaquer à un musulman pour le fait d’être musulman est moins blessant que d’attaquer à un juif pour le fait qu’il soit juif. Et ils soutiennent des postures raciales anti-arabes au nom du combat contre le « terrorisme ».
Les groupes de lobbying israéliens ont participés aux conférences africaine et latine américaine afin d‘empêcher qu’ils n’alimenter tout sujet lié aux Palestiniens, aux droits des réfugiés, au profilage racial, et à l’islamophobie. Le congrès des juifs mondial et ses antiennes nationales ont fait pression sur les pays occidentaux afin de boycotter Durban II.
(…)
Je n’ai trouvé aucune trace d’allégation d’antisémitisme à la conférence mondiale de Genève. Independent Jewish Voices invite d’urgence conservateurs, libéraux et NDP à rejoinder la conférence de revue de Durban, dans la lutte contre le racisme.
Dr. Ralph est coordonnateur de Voix Juives Indépendantes (Canada) et professeur agrégé de travail social à l’Université de Carleton.
Source : Independent Jewish Voices (Canada)
Le fond de l’histoire étant entendu depuis bien longtemps : puisque la voix de Fanon sur les damnés de la Terre, ou ceux de Sartre sur le colonialisme sont toujours difficiles à entendre pour ces gens là, calomnions, salissons, il en restera bien quelque chose. Que faire d’autre quand on a à ce sujet comme eux la peur au ventre à ce point. Comment penser que ces gens là soit prêts à accepter le Tiers-Monde comme un interlocuteur valable pour quelques sujets que ce soit ? Pire qu’ils soient même porteur de valeurs, comme celle de la lutte contre le racisme : une évidence. Noam Chomsky le rappelait très bien dans cette interview « C’est impensable en Occident. L’idée que le Tiers Monde soit clairement plus civilisé que nous, nous est inconcevable. »
Ah, nous sommes tellement bien au F.M.I. et à la Banque mondiale, toutes ces chères institutions financières qui n’ont absolument rien de démocratique (et dans la direction s’échange entre l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis), aux règles de votes parfaitement iniques. Vous pensez que ça les dérange, vous, ces bonnes âmes démocrates, que l’économie mondiale soit décidé au nom du « un dollar, une voie », (Chiche, on tente pour les prochaines présidentielles ?), pas le moins du monde. Rien à redire. Nada. Jamais. Mais les peuples du Tiers-onde qui l’ouvre, dans la seule institution mondiale qui bénéficie d’un début de démocratie, c’en est trop ! Honteux !
Jean-Paul Sartre, n’avait-il pas prévenu : « Qu’est-ce donc que vous espériez, quand vous ôtiez le bâillon qui fermait ces bouches noires ? Qu’elles allaient entonner vos louanges ? »
Ce même Sartre qui me permet de clôre ce petit article sur une note plus réjouissante, reprenant sa préface à Fanon :
« Guérirons-nous ? Oui. La violence, comme la lance d’Achille, peut cicatriser les blessures qu’elle a faites. Aujourd’hui, nous sommes enchaînés, humiliés, malades de peur : au plus bas. Heureusement cela ne suffit pas encore à l’aristocratie colonialiste : elle ne peut accomplir sa mission retardatrice en Algérie qu’elle n’ait achevé d’abord de coloniser les Français. Nous reculons chaque jour devant la bagarre mais soyez sûrs que nous ne l’éviterons pas : ils en ont besoin, les tueurs ; ils vont nous voler dans les plumes et taper dans le tas. Ainsi finira le temps des sorciers et des fétiches : il faudra vous battre ou pourrir dans les camps. C’est le dernier moment de la dialectique : vous condamnez cette guerre mais n’osez pas encore vous déclarer solidaires des combattants algériens ; n’ayez crainte, comptez sur les colons et sur les mercenaires : ils vous feront sauter le pas. Peut-être, alors, le dos au mur, débriderez-vous enfin cette violence nouvelle que suscitent en vous de vieux forfaits recuits. Mais ceci, comme on dit, est une autre histoire. Celle de l’homme. Le temps s’approche, j’en suis sûr, où nous nous joindrons à ceux qui la font.
---Jean-Paul Sartre septembre 1961, Extraits de la Préface au
Damnés de la terre, de Frantz Fanon (1961)
Messages
1. Durban II, quand les "nouveaux philosophes" ont peur de l’antiracisme, 16 mars 2009, 16:55, par A.M.
Tres interressant cet article mais ou peut on trouver le rapport final pour DURBAN II ? Car celui que vous donnez est le rapport de DURBAN I. Il y a eu des rajouts depuis. Merci pour l’info ? A.M.
1. Durban II, quand les "nouveaux philosophes" ont peur de l’antiracisme, 16 mars 2009, 18:32, par Weatherboy
Bonjour,
Vous ne trouverez pas à ce jour le texte de la prochaine conférence d’examen de Durban qui se tiendra à Genève, pour la simple raison qu’elle aura lieu du 20 au 24 avril prochain, et que je pense que c’est à cette occasion qu’un consensus qui tirera un bilan représentatif de cette conférence sera figé.
Je pense qu’on peut trouver tout au plus des versions brouillons, non finies, mais étant donné le nombre d’amalgames, de calomnies qui ont circulés au sujet de la première conférence - dont la déclaration (disponible dans l’article) est tout à fait respectable-, j’attendrai pour ma part qu’un texte définitif en sorte avant de fournir le moindre début d’opinion à ce sujet. A vrai dire, étant donné l’appel de IJV donné dans l’article, et le texte de la première, je suis pour le moment à vrai dire plutot confiant à ce sujet.
J’admire au passage l’honnêteté de nos faiseurs d’opinions qui ont à ce sujet une opinion sur tout, et même... sur tout ce qui n’existe pas.