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EDF : 30 milliards de dette & des cessions à perte en vue !
Publie le vendredi 12 juin 2009 par Open-PublishingTitre original les Echos (pas très original en réalité, ni très juste)
L’électricien français peaufine son programme de cessions
[ 12/06/09 ]
Le réseau de distribution britannique et le gestionnaire de transport RTE figurent en tête de liste des cessions envisagées. Des discussions ont lieu, mais la décision finale n’est pas prise.
Après les acquisitions de British Energy et des actifs nucléaires de l’américain Constellation, pour un total dépassant 18 milliards d’euros, EDF cherche à réduire son endettement d’au moins 5 milliards d’euros. Deux actifs figurent en tête de la liste de cessions possibles : le réseau de transport d’électricité RTE et le réseau de distribution basse tension d’EDF au Royaume-Uni. Le groupe présidé par Pierre Gadonneix est en train de peaufiner son programme et se donne jusqu’à la fin 2010 pour réaliser ces opérations.
La cession totale ou partielle du réseau de distribution britannique apparaît comme la solution la plus facile politiquement. Financièrement, ces actifs régulés sont évalués à environ 3 milliards de livres (3,5 milliards d’euros). Seul problème, ils génèrent les deux tiers du résultat opérationnel la filiale britannique, EDF Energy, et son patron Vincent de Rivaz, n’est pas favorable à une vente. Sur ce dossier, EDF est conseillé notamment par Deutsche Bank. Tout en travaillant sur ce scénario, l’électricien français étudie sérieusement une vente partielle de RTE. Le gestionnaire du réseau de haute et très haute tension est évalué autour de 12 milliards d’euros, dette comprise. Hors de question de céder la totalité du capital, la société devant rester publique. Mais EDF pourrait vendre un tiers des titres. L’idée est de créer une société holding qui coifferait RTE et serait détenue à 66 % par EDF et 33 % par un tour de table autour de la Caisse des Dépôts. La banque publique, conseillée par HSBC, a mené des contacts exploratoires avec d’autres parties. AXA Private Equity en ferait partie. Mais si la CDC se considère comme un « partenaire naturel » de RTE, les fonds d’investissement devraient se montrer regardants sur la gouvernance et s’assurer qu’ils auront leur mot à dire sur la gestion de la société.
Arbitrage politique
Le schéma semble assez abouti, mais on attend l’arbitrage politique. C’est ici que le bât blesse. Les syndicats défendent ardemment le principe d’un groupe EDF intégré, propriétaire de ses réseaux. Ils sont soutenus par le ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Jean-Louis Borloo, qui a obtenu que l’Europe accepte un tel modèle. Et dans un contexte social déjà tendu chez EDF, l’Elysée n’est pas forcément prêt à passer en force.
De son côté, la direction de RTE n’est pas réfractaire à une ouverture du capital, mais souhaite qu’elle s’effectue dans le cadre d’un projet industriel, au-delà du désendettement de sa maison mère. Il pourrait s’agir de rapprocher RTE d’un autre gestionnaire de réseau européen (des liens l’unissent déjà au belge Elia et au britannique National Grid) ou de favoriser son entrée dans de nouvelles technologies.
Un autre élément entre en ligne de compte, et non des moindres : le prix. « Une bonne transaction devrait présenter une prime de 10 % à 15 % », espère une source proche de l’électricien .
« Il faut plutôt s’attendre à une décote de 10 à 15 % »,
estime un analyste.
En pleine crise financière, les acheteurs vont en effet négocier ferme. D’autant que de très nombreux actifs sont déjà à vendre dans le secteur. Le mois dernier, l’allemand E.ON a ainsi annoncé qu’il pourrait abandonner ou repousser son programme de cession de 10 milliards d’euros d’ici à fin 2010 s’il recevait des offres trop basses.
Et la semaine dernière, le néerlandais Essent a annulé la vente de sa filiale de gestion de déchets, Essent Milieu, faute d’un prix suffisant. Pour EDF, le risque est élevé. Son endettement est passé de 16 à 24,5 milliards d’euros entre 2007 et 2008. Suite aux émissions obligataires réalisées depuis janvier, la dette va aujourd’hui vers les 30 milliards.
En janvier, Standard & Poors a abaissé la note de l’électricien public à A+, assortie d’une perspective négative. Selon l’agence, « la réussite des programmes de cession est un facteur clef de la notation » des groupes d’énergie européens.
THIBAUT MADELIN AVEC ELSA CONESA ET GUILLAUME MAUJEAN,
Les Echos