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ENTREVUE DE 3 MEMBRES DE LA POLICE DE L’ÉTAT DU MEXIQUE.

Publie le mercredi 24 mai 2006 par Open-Publishing

3 policiers évoquent la répression à laquelle ils ont participé, le 3 et 4 Mai dernier, entre San Salvador Atenco et Texcoco, Mexique.

Entrevue réalisée par le centre de droits humains Miguel Augustin Pro Juarez.
([ www.centroprodh.org.mx , pour la version originale])

Note : Chaque fois qu’il est fait référence à la police de l’Etat du Mexique, il s’agit de la police d’un des Etats de la République fédérative de Mexique et non de la police de l’Etat mexicain.

  « Vous pourriez nous parler un peu des informations que vous furent données avant que ne commence l’opération à San Salvador Atenco ».

  « Bon, le commandant nous retire des services que nous étions entrain de couvrir. Il nous dit que nous devions aider les collègues qui se trouvaient en service, là-bas ... nous attendions les ordres pour voir si on rentrait l’après-midi ou la nuit.

  « Combien d’éléments, approximativement, de l’Etat furent convoqués dans cet zone ? »

  « Je le calcule, plus ou moins ... approximativement à quelques 500 qui arrivèrent ici, plus le groupe de granaderos qui se trouvaient déjà là-bas et disaient qu’ils étaient 300 (du personnel des granaderos du groupe de choc). Nous, on était de différents (regroupements) du secteur.

  « Cela, ce n’était rien de plus que celle (la police) de l’Etat ? »

  « Oui de ceux de l’Etat. »

  « A part il y a avait d’autres groupes de la ... »

  « Arrivèrent ceux de la (Police) Préventive Fédéral. »

  « Ils arrivèrent ? »

  « Eux étaient à part. »

  « Et quelle fut l’instruction pour avancer vers San Salvador Atenco ? »

  « Jusqu’à ce moment, les chefs ne nous pas donnés l’information, il ne nous disait pas quel problème il y avait, en quoi cela consistait, rien, ils nous faisaient juste bouger-dormir, ce fut seulement dans la nuit qu’ils nous mirent au courant, que c’était pour quelques commerçants de Chapingo, mais cela passa bien après. »

  « Nous étions 3 mille 500 policiers de l’Etat, sans compter la PFP (Police Fédéral Préventive), pour l’opération. Le commandant David Pintado Espinoza, ayant pour nom de code Zafiro, était au commandement de notre groupe. »

  « Comment vous avez été mis au courant ? »

  « Par des commentaires des collègues. »

  « Et quelques commandants ? »

  « Oui. »

  « Et quel était le rôle de la Police Fédéral Préventive. »

  « Nous apportions un appui parce qu’ils disaient que c’était un problème de l’Etat du Mexique que l’Etat devait résoudre, la fédéral n’était là qu’en appui. »

  « Qui commandait les forces de police, le commandant, le directeur, ou qui ? »

  « Là-bas, était présent le commandant David Pintado Espinoza, qui coordonnait le personnel, qui est le coordinateur des sous-directeurs. Son nom de code est Zafiro.

  « On peut dire commandant Zafiro. »

  « Oui ... oui. »

  « Et quand vous avancez, quand vous vous préparer pour commencer l’opération, qu’est ce qu’ils vous disent ? Quel est l’ordre qu’ils vous donnent et la formation donné pour cette opération ? »

  « Ce qui se passe, c’est que l’ordre on ne ... rien de plus, ils nous sortirent de la ... de la ... ils nous amenèrent à un autre point. De là ils nous retirèrent parce que l’on n’était trop en vue, ce que disait le commandant « ce qui se passe ce que nous sommes trop en vue, nous allons nous retirer et nous cacher », et ils nous amenèrent à un autre lieu et nous ne savons pas ... »

  « Il a quitté la route pour aller à quelques 10 minutes, pas loin de la région de Texcoco, plus loin que le Limon. Là, toutes le personnel se réunit et nous attendîmes que vinrent plus de personnel de Toluca et d’autres sous-directeurs. »

  « Et ils vous amenèrent tous, y compris ce groupe de 300 qui était ... ? »

  « Oui ils nous amenèrent tous par là-bas, là-bas ils allaient se réunir à ... (inaudible). »

  « Le commandant Zafiro était toujours le chef ? »

  « Lui venait et donnait les ordres aux commandants, eux se communiquaient entre eux avec Nextel, ainsi ... ce qui se passe c’est qu’au personnel, on leur dit rien, rien qu’aux commandants « Tu sais quoi ? Amène le personnel à tel endroit ! » et eux voilà, (ils disent) : « monte, montez trois, pas plus dans la ... et monte » et ils te transfèrent au point de réunion. »

  « Et quels commandants il y avait à ce moment là ? »

  Hummm ... Tous les sous-directeurs qu’il y a dans zone, les commandants des régions, sous-directeurs, commandants de regroupements, il y avait là le sous-directeur de Tlalnepantla, d’Ecatepec, de Nezahualcóyotl, de Chalco, d’Amecameca, de Nezahuacoyotl, toutes les régions, tous les secteurs qui dérivent des régions, tous les commandants. »

  « A quel moment vous décidez d’avancer vers San Salvador Atenco ? »

  « Nous allions rentrer à l’aube, quand tout le personnel arriva, celui de Toluca. Il arriva avec nombres de camions et d’unités mais comme il faisait déjà nuit et qu’il commençait à pleuvoir, ils suspendirent l’opération pour rentrer dans la matinée. L’ordre était d’entrer à 6 heures moins le quart, mais le temps que le personnel se rassembla et que l’on commença à se réunir, nous rentrâmes à 6 heures. »

  « Ceux de Toluca étaient donc arrivés ? »

  « Oui, dans la matinée ils arrivèrent. »

  « Et là combien vous étiez, plus ou moins, combien d’éléments de la police pour commencer l’opération ? »

  « Plus ou moins deux ... trois ... trois milles cinq cents. »

  « Rien que la police de l’Etat. »

  « Sans compter la (Police) Fédéral. »

  « Avec l’appui, à part de la Police Fédéral ? »

  « Oui, à part la ... tous ... Police Fédéral. »

  « Et combien d’éléments ? De la Fédéral ? »

  « Non, je ne saurai pas te dire, comment ... non. »

  « Mais quelle était la plus représentée, la fédéral ou celle de l’Etat ? »

  « Celle de l’Etat, celle de l’Etat, oui elle était majoritaire. »

  « Les conflits et les affrontements qu’il y a sur la route, c’était à quel moment ? »

  « Premièrement ce fut l’affrontement avec les collègues granaderos, qui furent les premiers à entrer car quelques collègues qu’ils transféraient de Texcoco se traînaient. Et quand les autres arrivèrent, ce fut quand commença à se rejoindre le personnel. Il y avait beaucoup de personnel qui arrivait bien fatigué, ils avaient déjà ... une demi-journée je crois ...ils étaient arrivés le jour d’avant dans la nuit, quand arriva la matinée des huit, je crois que huit vendeurs ambulants (les fleuristes de Texcoco) qui ne voulaient pas se déplacer. »

  « Il y eut changement de personnel ? »

  « Non, tout le personnel resta, beaucoup d’entre eux étaient déjà très fatigués. »

  « Et là quel fut la formation et l’instruction donné pour commencer l’opération à 6 moins le quart ? »

  « L’ordre était d’entrer, tous les groupes de choques devant, dans le groupe des secteurs. Nous allions entrer derrière eux parce que nous, les groupes de control, nous ne contons pas avec l’équipement, du coup eux rentraient en premier. Et non, il n’y a pas eu de formation, on nous informa juste de frapper quand les médias n’étaient pas là, de manière discrète quoi ... tu ne peux pas les frapper de manière effronté parce que, justement, il y a des caméras et peuvent te remarquer. »

« L’ordre est toujours catégorique quand on va à ce type de service. C’est toujours catégorique : frapper les gens quand les médias ne sont pas là. Dans ce cas-là, c’était à tout ce qui bougeait ... c’est pour cela que eux ... »

  « Il y avait des policiers de l’Etat qui venaient armés, quel type d’armes aviez-vous ? »

  « En fait, quand on va en service, on a jamais le temps de se désarmer : c’est juste « dépêchez-vous, on va en service » et on arrive armé et l’arme, on l’a cache dans le pantalon et le T-shirt, pour que les gens ne se rendent pas compte qu’on vient armés. On porte des armes de type R-15, fusils et 38. C’est l’armement classique, mais il y a aussi des 9mm, peu mais si il y en a. Euhhh, dès fois il passe des fonctionnaires publiques mais ils regardent peu de policier, et ils ne nous regardent pas à l’intérieur des gilets pare-balle où on les cache (les armes), mais oui, on les emmène toujours avec nous, pas tous, mais oui, quelques uns amènent leurs armes, et on ne nous les quittent pas. »

  « Et dans ce cas, oui, il y avait des armes, oui il y en avait ... »

  « Les commandants racontent tout le temps que nous ne venons jamais armés, tout le temps, mais eux aussi portent des armes. Eux, les amènent dans leurs véhicules, leurs fusils ils les cachent toujours. Dès fois, les collègues, des collègues femmes les portent pour pas que les gens se rendent compte que eux portent des armes. »

  « Quand vous, le groupe de choc, entrez à Atenco, quels sont les instructions ? Pour qui venez-vous ? Pourquoi ? Comment ça se passe ? »

  « Premièrement c’était dissoudre la résistance pour faire rentrer tout le personnel jusqu’à la place centrale. (L’ordre) c’était dissoudre. Les maisons c’est venue après, après les affrontements, cela vient ... (inaudible) ... du gouvernement, des commandants, qui fallaient rentrer dans les maisons. L’instruction pour nous, c’était entrer et disperser les gens. »

  « A ceux qui se rencontraient sur la place centrale ? »

  « Et aux entrés. »

  « Oui, mais il n’existe jamais de control sur ce qui se fait dans les domiciles. Dès fois, dans les expulsions, tout le personnel en vient à piller, cherche et trouve de l’argent, un bijoux, tout ce qui se peut se mettre dans le pantalon et qui ne se voit pas.
Dans ce cas-là, la police fédérale entra, pareil, et commença à piller, tout comme la police de l’Etat. »

  « Qui entraient pour effectuer les perquisitions ? »

  « La police de l’Etat. »

  « Comment vous saviez à quels maisons aller ? »

  « Des habitants du village allaient en signalant les domiciles qu’ils avaient repérés parce qu’ils y avaient vue des étudiants ou des gens du village s’y introduire, et ils signalèrent aussi les maisons des leaders, quand ils les connaissaient. Cela, c’était quand les personnes du groupe étaient signalés, et les hélicoptères nous aider à savoir où se cachait, plus ou moins, les gens. »

  « L’instruction, c’était arrêter à tous les gens qui avaient participé avec les leaders ? »

  « Non, non. C’était arrêter à tout ce qui bougeait, tout ceux qui étaient là, parce que, il s’est même arrêté des gens qui n’avaient rien à voir avec cela. Certains allaient travailler, d’autres étaient sur leurs vélos, entrain de regarder ce qui se passé ; ils ont été embarqués aussi. A tout ceux qui se trouvaient dans la rue et à ceux qui furent extraits de leurs maisons ».

  « Après être entrer, vous prenez le control de la place centrale et vous commencez à aller chercher des personnes dans les domiciles. Quel est le rôle du groupe de choc, qu’est ce qu’il fait ? »

  « Le groupe de choc fait toujours replier les gens, c’est ce qu’il fait tout le temps : A Atenco, la consigne était d’entrer dans les domiciles et faire sortir les gens.

  « Il nous est même arrivé d’expulser des gens qui dormaient ; des jeunes qui étaient entrain de dormir, on les prenait, les sortait, des personnes, des dames. Ca c’était l’ordre, sortir tout type de personne et les maîtriser en les attachant. Ca n’était plus le but de savoir si c’était des leaders ou si ils avaient participé aux manifestations. Ils ne cherchaient plus à savoir qui avait participé, mais qui allait payer. En fait, même nous, nous ne connaissions pas les leaders ... et je crois que c’est pour cela qu’il y eut tant de personnes prises, et que quelque unes ne sont pas ... parce que la police ne sait pas qui sont les leaders. Car la police, en fait, elle vient de différents endroits. Les seuls qui pourraient savoir, sont ceux de Texcoco. Ils peuvent reconnaître les leaders après toutes ces manifestations mais tous les autres qui viennent d’ailleurs, ils ne connaissent pas les gens du village et, du coup, ce qui s’est fait, c’est que toutes les personnes qu’on rencontrait en chemin, on les amenait. »

  « Mais, comment arriviez-vous à maîtriser ces personnes ? Comment meniez-vous à bout les perquisitions ? »

  « Ben, en cassant les serrures, en les forçant, et quand les personnes du domicile étaient là, on les prenait, les frappait à coups de matraques, à coups de pieds, on les maîtrisait et ensuite, on les mettait dans le pick-up. »

  « Hommes et femmes ? »

  « Hommes et femmes. Ca, ce fut terrible, hommes et femmes, sans les enfants. »

  « En faite, je t’explique, dans l’après-midi du jour du conflit (le 3 Mai), il n’y avait pas d’équipement. Ils envoyaient chercher de tout parce qu’il manquait des bombes (lacrymogène), et ... bref, tout l’équipement pour entrer manquait. Nous espérions leur arrivée pour rentrer. Dans la nuit tout arriva, les bombes et tout ; et tout cela était de l’Etat, et c’est pour cela qu’on n’est pas entrés dans la nuit, parce qu’on avait pas l’équipement. »

  « Dans quelques maisons, on visait les gens avec les armes pour qu’ils ne bougent pas. Les femmes cherchaient le plus souvent à défendre leurs maris et leurs enfants, et oui, dans quelques maisons, il y eut des coups de feu. »

  « Quand vous rentrez dans les domiciles, la police fédéral et celle de l’Etat participent toutes les deux ? »

  « Oui, les deux corps de police entrèrent ... (inaudible) .... Ils arrivaient dans des camionnettes blanches et eux, arrivaient bien armés. »

  « A ce moment là, qui commandait l’opération, qui est la tête pensant qui donne les renseignements aux commandants pour que eux la relayent ? Qui est la tête pensante ? »

  « Euhhh, le cerveau de l’opération, c’était Wilfrido Madrid. Lui, avant, c’était le directeur, maintenant c’est le chargé de l’Agence de Sécurité de l’Etat. Tout était sous son contrôle. »

  « C’est-à-dire qu’on vous donna l’autorisation d’utiliser les armes à feu ? »

  « Euhh, réellement, non, mais on nous les laissait, et si notre vie était en danger, on pouvait les utiliser. »

  « En dans ce cas-là, c’était pour faire peur aux gens qui ne voulaient pas qu’on prenne des membres de sa famille. Mais ces gens là n’étaient pas armés, mais nous, on entrait avec nos armes, ainsi s’est effectué l’opération. »

  « Et les camions où allaient-ils ? »

  « Nous ne savions plus où ils allaient car nous, on rester à surveiller le village. L’ordre était de les sortir de leurs maisons, de les amener et de les faire monter dans les pick-up, et les pick-up les transféraient par là-bas, et nous, on retournait à surveillaient le village. »

  « Combien de temps vous êtes rester à garder le village ? »

  « Jusqu’à vers 15 heures et demi, 16 heures, quelques chose comme ça ... »

  « Et vous avaient expulsé des gens tout le temps ? »

  « Oui, parce que soi-disant, ils restaient quelques policiers retenues dans des maisons. »

  « Mais il avait déjà été trouvait bien avant. »

  « Alors c’était faux que vos collègues ... »

  « Le truc, c’était de continuer à sortir les gens. »

  « Et donc, arrive 16 heures, quel est l’ordre ? Se retirer ? Quelques uns restent ? Quel est l’ordre qu’on vous donna après de cette opération ? »

  « Ce qui se passe, c’est que l’ordre de se retirer, ils ne le nous donnent pas. Des commandants concentrèrent leurs troupes. Le premier qui partit, c’était celui qui était là depuis plus longtemps que les autres, celui qui avait le plus de jours. Après, petit à petit, ils les sortirent, mais beaucoup rester encore pour garder le village. La relève venait d’arrivée, dans l’après-midi. »

  « Quels étaient les groupes de police de l’Etat qui participèrent à l’opération ? »

  « Les secteurs du FAR, Saetas, Caninos, Ases, groupe spécial ; ce sont eux que nous avons vue rentrer dans les domiciles pointant les gens, parce que eux, si, ils portaient des armes. Eux vont toujours avec des armes, ils portent des grenades ».

  « Ases ? »

  « Ases »

  « Qui sont les groupes de choque ? »

  « C’est un groupe spécial, avec leur propre direction. Ce sont eux qui sont, soi-disant, chargés de désactiver les bombes. »

  « Le FAR, les regroupements ... »

  « Et quel est le groupe de choc ? »

  « ... Un regroupement de transition. Quel est l’autre groupe de cette division ? ... Saetas, ceux qui utilisent les bicyclettes, qu’ils amenèrent d’ailleurs. »

  « Qu’est ce qui s’est passé avec les blessés ? »

  « Euhhh, il parait qu’ils ont été amenés aussi à la prison, tous entassés, direction Santiguito (village ou se situe la prison d’Amaloyita où arrivèrent la plupart des 207 personnes détenues le 3 Mai et 4 Mai). »

  « Vous, vous avez observez combien de blessés ? »

  « La majorité partait couvert de sang parce qu’il avait été frappés à la tête avec les matraques. »

  « Et l’enfant qui est mort (l’adolescent de 14 ans, Francisco Javier Cortes) ? »

  « Ce fut par un calibre 38 spécial. »

  « Et cette arme, qui l’utilise ?

  « Nous, la police de l’Etat, et c’est un camarade qui a tiré. »

  « Il a tiré sous la pression ou de sang froid ? »

  « De sang froid, car l’enfant était entrain de découvrir où il s’était caché et il était entrain de passer l’information qu’il y avait un policier de l’Etat, alors il sortit son arme et tira. »

  « Qu’est ce que vous pensez, vous, de tout cela ? »

  « Le gouvernement nous utilise toujours, on est toujours les mauvais pour la société, la société nous critique tout le temps et nous méprise, mais, en réalité, ce sont les ordres que nous recevons du gouvernement -toujours réprimer- de nos commandants. »

  « Combien vous gagnez ? »

  « Un salaire approximatif de 3000 pesos, toutes les deux semaines. »

  « Et quel est la formation que vous recevez pour faire face à ce type de situation ? »

  Euhhh, ceux du groupe de choc arrive à en recevoir une, mais les autres, aucune. Non, n’avons aucune formation pour une expulsion de ce type, ni pour disperser une manifestation, et, en plus, nous n’avons même pas l’équipement. »

  « Quel équipement ? Qu’est ce qu’il vous manque ? »

  « Euhhh, de tout. Il nous manque l’équipement, les armes et les unités pour rentrer et expulser, ... (inaudible) il nous manque même les uniformes qu’ils ne fournissent pas. Maintenant, les armes qu’on a, elles sont en mauvais état, il n’y a pas de gilets pare-balle. Chacun doit s’acheter son équipement pour sa propre sécurité. »

  « Et donc, vous vous achetés vos gilets pare-balle ? »

  Des uniformes, ils ne nous fournissent pas les gilets pare-balle et, ... jusqu’aux balles. »

  « Si vous pouvez aller un jour à un commissariat et réviser tout le personnel, (vous verrai) qu’ils son tous des chaussures différentes euhhh ... les pantalons sont faits de différentes toiles, les chemises de différentes toiles ... Dans des quelques secteurs, on peut voir que les uniformes ont été raccommodés, qu’ils ont des pièces. Pourquoi ? Parce que chacun se fait faire son uniforme et les commandants disent que, ainsi, c’est chacun comme on veut. Voilà comment on s’achète les uniformes. »

  « Oui, et tout ça fait que quand la police sort dans la rue, elle doit pratique á des extorsions. Quand il arrive qu’un collègue tombe dans une opération, les commandants disent toujours, « quel abruti, il est mort parce qu’il était abruti », ce tout ce qu’ils disent, eux. Le gouvernement, ça ne l’intéresse pas un policier, on ne l’intéresse parce que le jour où on tombe il ne veule même pas nous donner toutes nos indemnités d’assurance. C’est pour cela que nous on doit s’acheter des assurances, vous pouvez vérifier, ils nous décomptent les assurances. On n’en a trois qu’on doit payer, plus notre matériel qu’on doit réparer, les uniformes à acheter, l’essence, les cartouches. Dans l’Etat ... ils nous font payer tous les services et du coup on ne peut pas joindre les deux bouts, alors que les commandants, eux, ont leurs rentes. »

  « Leurs rentes ? »

  « Ben, ils prêtent leurs services à des entreprises privés, font payer pour ces services, et nous envoient quand on est dehors pour, normalement, assurer la sécurité des citoyens. »

  « Quel type de formation vous recevez pour devenir policier ? pour utiliser une arme ? Quelle formation il vous donne ? Et tout les combien ? »

  « La formation n’existe pas réellement. La formation actuelle, celle qui donne encore, est presque inutile car elle est très vieille. C’est la même qu’ont suivis les vieux commandants et elle continue toujours ... humm, tactiques de tire, jamais, ils n’envoient pas l’équipement, les cartouches, il n’y a pas de pratique. Et la formation, non, en vrai, ils ne la nous donnent pas au collège. »

  « Qu’est ce qu’ils vous donnent au collège ? Quelles classes ? Quelles sont les matières ? »

  « Ils donnent tire, tactiques et techniques, droits humains, premiers secours, lois et règlements. »

  « Mais tout ça, c’est que sur le papier ? »

  « Oui tout est sur ... dans la pratique, jamais. »

  « Combien de temps dure cette « formation » ? »

  « Avant, 6 mois, maintenant elle se fait en un an. »

  « Qu’est ce que vous voudriez leurs dire, à ceux qui écoutent cela ? »

  « En vrai, tout cela m’indigne, me fait honte, tout ce qui s’est passé ... et, en regardant tout, à la télévision, c’est sur que c’est indignant, ce que j’ai vue, ce qui s’est fait à ce village, car on reste des êtres humains. »

  « Oui, mais il y a eut beaucoup d’excès qui étaient jamais due se produire. »

  « Ca serait bien que les gens se rendent compte que ce sont des ordres des chefs, de ceux d’en haut. Non, c’est pas dans la loi, mais si, ils nous obligent à le faire, ce type de service ».

  « Qu’est ce que vous voudriez lui dire au gouvernement ? »

  « Au gouvernement, avant tout, que c’est plus une façon de gouverner, de réprimer les gens. Et puis, après, qu’ils nous donnent une vrai formation, professionnelle. »

  « Au peuple d’Atenco, qu’est ce que vous lui voulez lui dire ? »

  « Ben, que nous regrettons tout ce qu’a fait la police, au nom de la police. La vérité c’est que il y a eut des excès comme disait le collègue. Excusez-nous, les ordres sont les ordres, si on ne les exécute pas, il y a des représailles contre nous. »

« Malheureusement, nous qui sommes ici, on a une famille à maintenir, et après, quand on perd son travail, c’est pas facile d’en trouver un autre. »

« On ne peut pas le dire publiquement tout cela, parce que, après, on peut perdre notre travail, c’est pour cela qu’on le dit pas publiquement. »

  « A Wilfrido, qu’est ce que vous lui voulez lui dire ? »

  « On le voyait pas comme cela avant, quand il venait comme chargé de la PFP (Police Fédéral Préventive). Mais, depuis qu’il est arrivé, il n’a rien fait pour la police de l’Etat. Les mêmes commandants continuent à s’enrichir, et ce depuis des années, et ça continue. Rien n’a changé en rien, la corporation, putain, les mêmes continuent ... »

  « Et il veut des résultats ce type, sans nous donner les moyens ... Et aussi pour combattre la délinquance ... La délinquance, on la connaît bien déjà parce que c’est pas qu’on sait pas, mais c’est qu’on peut pas agir car beaucoup ont des liens avec les commandants, avec des gens de la fédéral. Ils sont même des municipes (équivalent de la commune) connues et sont bien liés à des députés. »

  « Et, pour finir, vous voulez ajouter quelque chose sur les évènements d’Atenco ? Vous voulez ajouter quelque chose ? »

  « En fait, la vérité c’est qu’on a abusé. Il y avait plein de gens qui n’auraient pas due être détenues. Des gens entrain de dormir, ils ont été expulsés »

  « Il y a des personnes qui ne sont pas coupables, ils ne sont pas coupables de ces manifestations qui se faisaient. La seule chose qu’on peut leur dire, c’est qu’ils réfléchissent et fassent ce qu’ils pensent être juste. »

  « Que si il y a des coupables, que cela en reste aux coupables, mais, il y a beaucoup qui sont innocents. On peut voir sur des vidéos des puissants, des députés, volés et voilà, la loi n’est pas juste. »