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Education : des milliers d’enseignants à Paris contre la politique du gouvernement
Publie le dimanche 21 janvier 2007 par Open-Publishing"On est dans une démarche de grande braderie. On nous demande toujours plus, en nous retirant toujours plus"
Plusieurs milliers d’enseignants venus de toute la France ont défilé samedi dans les rues de Paris à l’appel de la FSU, pour dénoncer la politique éducative du gouvernement, avec notamment en ligne de mire les quelque 5.000 suppressions de postes prévues à la rentrée 2007, et le projet de décret modifiant le temps de travail et la mission des professeurs du second degré.
La Fédération syndicale unitaire (FSU), première fédération de l’Education, avait tablé sur 20.000 participants pour pouvoir parler de succès. L’organisation syndicale en a compté 25.000 à 30.000, et la police 13.500.
Cette manifestation nationale, entre la place Denfert-Rochereau et celle de la Bastille, a eu lieu alors que le journal "Le Monde", dans son édition datée de dimanche/lundi, publiait l’étude de trois économistes montrant que le pouvoir d’achat dans le second degré a baissé de 20% entre 1981 et 2004, sans que les syndicats aient axé leurs mobilisations ces dernières années sur ce thème.
De fait, dans le cortège, samedi après-midi -surplombé de ballons, et au sein duquel circulaient deux échassiers grimés et vêtus de noir, avec un grand "Non" en lettres blanches dans le dos-, les salaires n’étaient évoqués qu’à la marge.
On brocardait ainsi le ministre délégué au Budget Jean-François Copé qui, le 12 janvier en pleine polémique sur les impôts, avait affirmé qu’un professeur certifié gagnait en fin de carrière 4.000 euros, un chiffre démenti par les syndicats qui parlent d’environ 3.000 euros.
"4.000 euros, chiche !", pouvait-on lire sur plusieurs pancartes dans la manifestation.
Mais la banderole de tête, résumant une plate-forme revendicative très large, se contentait d’un mot d’ordre beaucoup plus général : "Oui à l’école de la réussite de tous. Non aux régressions".
"Ce gouvernement applique une politique qui consiste à dire : ’puisqu’on ne peut pas faire réussir tous les élèves, il faut y mettre moins de moyens, et pour ceux qui n’y arrivent pas, créer des voies de garage comme l’apprentissage à partir de 14 ans’", estimait le secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri. Pour lui, les suppressions prévues pour septembre prochain s’inscrivent dans cette logique.
"D’année en année, ce sont des classes de plus en plus chargées, des remplacements de moins en moins assurés. Si on ne met pas les postes nécessaires, on dégrade les conditions d’enseignement", jugeait Gérard Aschieri.
Dans le cortège, les enseignants exprimaient leur ras-le-bol d’une politique générale qualifiée, selon eux, de "méprisante" et "caporaliste", menée par leur ministre de tutelle Gilles de Robien et consistant à leur demander "toujours plus", à prendre des décisions et à imposer des directives "sans aucune concertation", que ce soit en matière d’enseignement ou de temps de travail.
Les enseignants des collèges et des lycées manifestaient ainsi contre le projet de décret présenté en octobre dernier permettant d’affecter un professeur sur plusieurs matières et sur plusieurs établissements, et contre l’allongement de leur temps de travail via la suppression des heures de décharge qui permettent d’assurer certaines missions sur le temps de cours.
"Le ministre remet en cause notre statut et nous manifeste régulièrement son mépris en laissant entendre qu’on n’en fait jamais assez", a déclaré à l’Associated Press Audrey Segura, professeur de français dans un lycée d’Arles.
"On est dans une démarche de grande braderie. On nous demande toujours plus, en nous retirant toujours plus", a-t-elle ajouté. "Si le décret passe, je vais être contrainte d’effectuer deux heures supplémentaires alors que que je travaille déjà 37 heures par semaine en comptant les cours, leur préparation, la correction des copies".
De nombreuses pancartes distribuées aux manifestants par la FSU résumaient ainsi l’état d’esprit général : "Assez de maux !".