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Emmanuel, l’enfant colombien, ou le karma de l’Union Patriotique, par Numancia Martínez Poggi.

Publie le vendredi 11 janvier 2008 par Open-Publishing

de Numancia Martínez Poggi

Au milieu du XXe siècle Jorge Eliécer Gaitán, défenseur de l’idéal socialiste, avait appelé à la concorde et à la patience avant de tomber sous les balles de la CIA – des centaines de milliers de Colombiens, libéraux ou présumés tels, disparaissent dans la tourmente. Camilo Torres Restrepo, débonnaire curé universitaire, de forte sensibilité sociale, avait au début des années 1960 mobilisé les énergies dans le Front Uni, avant d’être cerné par la répression et de devoir rejoindre les maquis de l’ELN. Mal préparé le novice guérillero meurt le 15 février 1966 ; une croix lumineuse sort de terre et traverse l’Amérique latine pour éclairer les âmes prostrées et les inviter à la lutte.

Au début des années 1980, quand les FARC acceptent de tenter l’expérience d’une réinsertion dans la vie politique non armée, d’aucuns considèrent que le risque est élevé, d’autres plus alarmistes, ou plus lucides, crient folie. L’analyse qui s’impose cependant dans la guérilla est que rien n’est pire que la guerre – elle doit être épargnée au peuple colombien.

L’Union Patriotique (UP) naît donc, il y a une génération – rassemblement politique de gauche impulsé dans l’enthousiasme radieux par les militants communistes et quelques commandants farianos descendus des montagnes.

On croit au miracle, tant bien que mal l’UP s’organise, et la réponse est à la hauteur de la soif de changement. La gauche sort des catacombes : partout où ils se présentent les militants de l’UP emportent l’adhésion populaire, les émouvants meetings catalysent les énergies et les victoires électorales se multiplient. Dangereusement.

Aussitôt c’est l’hécatombe, de rigueur, l’État et son para-État lancent une guerre d’extermination....