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En France aussi, les Italiens votent

Publie le lundi 6 mars 2006 par Open-Publishing

de Gaël De Santis

Pour la première fois cette année, les émigrés italiens pourront avoir leurs propres parlementaires. Mercredi dernier, Refondation communiste, qui participe à la coalition de gauche Unione, a tenu un meeting électoral à Paris.

Didier Bourg, responsable de la section PCF de Rambouillet, a repris sa nationalité italienne il y a quelques mois. De parents italiens, il voulait voter contre Berlusconi lors des prochaines élections législatives, le 9 avril. Le Parti de la refondation communiste (PRC), qui fait partie de la coalition de gauche l’Unione, emmenée par Romano Prodi, organisait mercredi soir un meeting pour présenter ses candidats dans les locaux de la fédération parisienne du PCF.

Grâce à la loi du 27 décembre 2001, pour la première fois l’émigration italienne aura ses propres représentants au Parlement à Rome : 12 à l’Assemblée nationale et 16 au Sénat (1).

"Le gouvernement Berlusconi a été le plus long depuis l’après-guerre, entame la secrétaire fédérale pour le Benelux du PRC, Nora Tagliazucchi. Cinq ans qui ont détruit l’Italie de tous les points de vue." Le ton est donné. Loi Bossi-Fini qui criminalise l’immigration, loi 30 qui multiplie les types de contrats précaires, loi Moratti qui sape l’enseignement public, réforme électorale qui favorise son propre parti, intervention militaire en Irak. Dans la salle parisienne, tout le bilan de Silvio Berlusconi est passé en revue. "Il existe maintenant en Italie une "crise de la quatrième semaine’’. En fin de mois, les statistiques notent un effondrement des dépenses alimentaires fondamentales", explique le secrétaire international de Refondation Gennaro Migliore.

Et d’en appeler à voter pour les candidats du PRC afin que l’Italie « retire ses troupes du sol irakien » et que « la lumière soit faite sur les exactions de Gênes ». Lors du G8, le 20 juillet 2001, Carlo Giuliani, vingt-trois ans, avait été tué par les carabiniers. Des centaines de personnes sont encore poursuivies par la justice italienne pour « conspiration contre l’ordre économique de l’État », le libéralisme. Même son de cloche pour Fernanda Marrucchielli, Italienne qui a fait le choix de s’engager en France. Elle est la seule conseillère municipale communiste de nationalité étrangère de Paris. « Battre Berlusconi, ce n’est pas seulement pour l’Italie. Cela nous renforcerait contre le gouvernement français, contre toutes les politiques néolibérales et populistes », analyse-t-elle.

Quel rôle pour les candidats issus de l’émigration ? Anna Picardi, candidate au Sénat et résidente en Allemagne, explique que les politiques de droite instrumentalisent les Italiens de l’étranger. Ils les conçoivent comme une communauté soudée au service de la mère patrie, alors que, selon cette enseignante, « il existe des situations diverses, liées au pays d’accueil, à la classe sociale ». Si elle devenait parlementaire, elle aurait « la sensibilité de ceux qui ont vécu la situation » d’émigré.

Le candidat à l’Assemblée nationale Alberto Sipione, infirmier, voit sa candidature comme le moyen de prolonger son activité militante « à la base », lui qui s’est engagé en Sicile contre la Mafia et se bat pour le droit de vote des étrangers en Suisse où il réside. C’est promis, les candidats issus de l’émigration, forts de leur expérience et de leur compréhension, représenteront au Parlement les Italiens de l’étranger, mais aussi les étrangers d’Italie. Et si la gauche est élue, les communistes devront « perturber pour construire », afin que les 280 pages du programme de l’Union ne soient pas oubliées par les éléments modérés de la coalition.

(1) Pour savoir comment voter : http://www.bellaciao.org

http://www.humanite.fr/journal/2006...