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de MARCO GREGORI
Enfin ! Après trois semaines d’obstructionnisme forcené, le premier ministre italien Silvio Berlusconi a quitté Palazzo Chigi et a gravi la colline du Quirinal. Pas (encore ?) pour y occuper le poste de président de la République, mais pour présenter sa démission à Carlo Azeglio Ciampi. Pour la nouvelle majorité de centre-gauche de Romano Prodi appelée à diriger le pays durant les cinq prochaines années, un nouvel obstacle vient de tomber. Car, ce qui, dans beaucoup de démocraties, ressemble à une évidence a pris des proportions démesurées en Italie. Pas tant parce que le pays traîne derrière lui une réputation de potache de la politique, mais bien par la faute d’un homme -et de sa coalition- prêt à tout pour rester au pouvoir ou, du moins, pour en conserver une parcelle.
L’épisode du week-end dernier, avec la candidature de Giulio Andreotti à la présidence du Sénat, a illustré une fois de plus la volonté de Berlusconi et sa clique de plonger l’Italie dans le chaos politique. Les liens entre Giulio Andreotti et les chefs de la mafia ont été reconnus par la justice, quand bien même il a réussi à échapper à la condamnation. Le sénateur, âgé de 87 ans, sept fois premier ministre et à de multiples reprises ministre, a fait partie du premier gouvernement italien issu de la Constitution de 1948. Comme personnalité gage d’un renouveau politique, il y avait effectivement mieux. Que la majorité sortie des urnes le 10 avril ait tenu bon malgré l’apparition de quelques lézardes doit donc être vu comme un signe encourageant.
Durant la campagne, la coalition de centre-gauche a souvent été considérée comme un conglomérat de partis unis dans le seul dessein de faire tomber Berlusconi. Désormais, en attendant l’élection prochaine par les Chambres du nouveau président de la République, elle dispose des clés institutionnelles pour entamer la législature et démentir l’impression qui prévalait avant les élections.
Certes, Romano Prodi a été plutôt avare en promesses pendant la campagne électorale, conscient que la situation de la classe moyenne et de la population la plus défavorisée ne s’améliorera pas d’un coup de baguette magique. Conscient aussi que le trou des finances publiques laissé par le gouvernement sortant ressemble à un abysse.
La voie entre l’orthodoxie budgétaire imposée par l’Union européenne et le désir d’assurer des prestations publiques efficaces est donc étroite. D’autant que les mesures à prendre sont loin de faire l’unanimité au sein de l’équipe prodienne.
Mais il n’est guère nécessaire d’attendre des lustres pour amorcer, même modestement, une rupture avec le gouvernement Berlusconi. En ce sens, Romano Prodi, qui se fait un point d’honneur de renouer avec l’éthique en politique, peut rapidement se mettre à l’oeuvre. En offrant bien davantage que des strapontins aux femmes dans son futur gouvernement, en établissant avec diligence un plan de retrait des troupes italiennes d’Irak et en effaçant toutes les lois ad personam que son prédécesseur avait réussi à faire voter. Les Italiens pourront alors à nouveau considérer la politique comme une affaire d’intérêt général.