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Énorme mobilisation populaire à Lisbonne contre l’austérité
Publie le lundi 31 mai 2010 par Open-PublishingPlus de 300 000 personnes ont manifesté samedi dans les rues de la capitale portugaise à l’appel de la confédération syndicale CGTP contre les mesures de régression sociale du gouvernement socialiste de José -Socrates.
Lisbonne, Portugal, envoyée spéciale.
Ils ont piétiné des heures avant de s’élancer sur l’avenue de la Liberté. Ils ont conspué le premier ministre portugais, José Socrates, et son pacte d’austérité, le PEC, sigle transformé, sous les coups de crayon rageurs, en « pacte d’exploitation capitaliste ». Certains étaient vêtus de noir, en signe de faim et de deuil. Ils ont crié contre « le chômage, une honte nationale », et « la réduction salariale qui remplit les poches du capital ». Ils étaient venus du sud de l’Algarve, mais également de Coimbra, d’Aveiro, de Viana do Castelo, ou encore de Bragança… Retraités, chômeurs, employés des industries de la mer et de la pêche, du secteur gazier, électrique, chimique, du textile, du métal, des céramiques, salariés de la construction, de l’hôtellerie, du tourisme, des assurances, des banques, des transports, mais également policiers, infirmiers, médecins, juristes, fonctionnaires des administrations locales et centrales, ils étaient plus de 300 000 à défiler samedi à Lisbonne « pour l’emploi avec des droits et de meilleurs salaires pour tous ». Une « manifestation grandiose », l’une des plus importantes de ces dernières décennies, répéteront les responsables de la CGTP, la confédération syndicale organisatrice qui a réussi là un sacré tour de force contre la politique de l’exécutif.
« même en travaillant, on vit mal »
« Ce gouvernement s’en prend aux gens qui n’ont rien et, pendant qu’il laisse mourir la pêche et l’agriculture, il continue de donner aux plus riches », déclare Manuel, le visage buriné par le soleil, et des décennies de travail dans les champs de l’Alentejo. Cet ancien ouvrir agricole survit avec 350 euros par mois de retraite mais, dit-il « le pire, c’est qu’aujourd’hui, même en travaillant, on vit mal ». Un constat partagé par tous. « Le gouvernement doit se rendre à l’évidence que les travailleurs ne sont pas des têtes de Turcs », dit Jorge Prata, vice-président du syndicat indépendant des agents de la police. « Ce n’est pas juste que ce soit toujours les mêmes qui payent alors que nos conditions de travail ne cessent de se dégrader », poursuit-il, faisant allusion à la rigueur budgétaire généralisée.
Coupes dans les dépenses publiques, privatisations, gel des salaires et des retraites, surpression des aides aux chômeurs et des défiscalisations des dépenses de santé, d’éducation, de logement, augmentations des impôts sur le revenu, de la TVA, du prix des transports sont quelques-unes des mesures annoncées par le gouvernement. Celles-ci « calment les marchés financiers mais pas les travailleurs, explique Ricardo, électricien à Porto. Au Portugal, les gouvernements du Parti socialiste, du CDS-PP (droite), du PDS (sociaux-démocrates, droite) ont pris l’habitude de considérer les travailleurs et les retraités comme le problème central de l’économie, pendant que les grands groupes financiers sont épargnés ».
« Nous ne payerons pas la crise capitaliste ! »
Samedi, le cortège n’en finissait pas de pointer les responsables de la crise – les spéculateurs et des politiques libérales qui conduisent à l’impasse. Paulo Basilo, salarié de La Poste, que le gouvernement socialiste veut privatiser, en témoigne. « Le gouvernement espère faire des économies mais c’est une vision aveugle : La Poste est une entreprise qui réalise des bénéfices, or, il veut justement vendre les secteurs les plus rentables », pointe le syndicaliste aux côtés de ses collègues massivement mobilisés. « Nous ne payerons pas la crise capitaliste ! » a de nouveau averti Ana Avoila, coordinatrice du front commun de l’administration publique, devant une foule qui n’a cessé de scander : « A luta continua ! »
Cathy Ceïbe
– http://www.humanite.fr/2010-05-31_I...